"Moi, Matthieu, schizo et heureux"
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"Moi, Matthieu, schizo et heureux"
http://www.leparisien.fr/espace-premium/air-du-temps/moi-matthieu-schizo-et-heureux-10-10-2012-2219381.php
A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, notre journal a rencontré un schizophrène. Il parle de ses crises passées et relate comment il surmonte au quotidien sa maladie.
Anne-Cécile Juillet | Publié le 10.10.2012, 07h00
PARIS VIe, LE 3 OCTOBRE. Matthieu de Vilmorin, 52 ans, a compilé les anecdotes truculentes de ses hospitalisations dans un livre.
Avec sa carrure de rugbyman, sa voix de stentor et son côté vieille France, Matthieu de Vilmorin, veste en velours et bonnes manières, ne ressemble en rien au « fou » qu’il avoue être pourtant, dans un éclat de rire sonore. Et s’il ne précisait lui-même que ce petit bouton, accroché au revers de son col, indique qu’il est « le grand maître autoproclamé de l’Ordre du Bouton de nacre », on le prendrait juste pour un doux dingue charmant, fantaisiste et plein d’humour.
Ce qu’il est, aussi. Mais pas uniquement.
Il y a une trentaine d’années, cet homme de 52 ans a été diagnostiqué schizophrène et, depuis, la maladie a colonisé, selon ses propres mots « l’intérieur de [son] pauvre cerveau ». « Je suis un schizo stabilisé », précise-t-il. Sa dernière crise remonte à plusieurs années, et grâce à un traitement à vie, un cocktail de neuroleptiques, « couvercle sur ma propension à l’imaginaire », et d’antidépresseurs, il n’est plus l’objet de bouffées délirantes.
La première fois qu’il s’est pris pour le sauveur de l’humanité, il avait 23 ans, et le décor était tout trouvé : c’était aux pieds de la statue du Christ Rédempteur, à Rio de Janeiro, au Brésil. « Je m’étais accroché à un arbuste, et j’annonçais, en portugais — je ne l’ai jamais aussi bien parlé que dans mon délire schizoïde — que j’étais le nouveau héros des temps modernes. »
Matthieu évoque un délire très mystique, mais une logique implacable. « Je ressentais quasi physiquement que j’étais à la fois l’extraterrestre qui allait sauver le monde, la soucoupe volante dans laquelle il arrivait sur terre et l’enfant à sauver. J’étais tout, je comprenais tout, j’étais dans le cerveau de tout le monde, dans une forme d’omnipotence absolue, assez jouissive du reste. J’étais génial et le monde devait le savoir. Je ne dormais plus, je gambergeais, mon énergie ne connaissait aucune limite. »
Matthieu marque une pause puis relate sa seconde crise, survenue dans une église parisienne. « Je me suis retrouvé nu comme un ver, à hurler le nom de Dieu, accroché à la grille du chœur. Quatre policiers n’ont pas été de trop pour me contenir. J’ai fini dans le pavillon des marginaux, à Sainte-Anne. Mais c’est trop cher payé, de se prendre pour le sauveur du monde. Les crises de déprime qui suivent irrémédiablement ont été horribles. » Après chaque hospitalisation, dont il a gardé des anecdotes truculentes pour nourrir un livre paru récemment*, il a fallu « se retaper », et tenter de coller à une société où l’homme sans travail est vite marginalisé. La maladie n’est pas visible, mais le handicap est lui bien réel. « J’ai fait feu de tout bois et exercé un tas de métiers », poursuit Matthieu avec bonhomie. Coursier, chauffeur de grande remise, apprenti relieur, libraire, puis déclaré travailleur handicapé, il devient homme d’entretien et conseiller formateur.
Aujourd’hui, il bénéficie d’un emploi aidé au sein de l’association Schizo?... Oui! (lire en bas de page). Même des années après sa dernière crise, il ne baisse pas la garde.
« Je veille à ne jamais être en rade de médicaments, je prends soin de ma santé, je bois peu d’alcool, j’ai cessé de fumer. » Il se sait un peu en sursis, et sait qu’il n’est pas le seul dans ce cas. « Ah, des schizos, il y en a plus que l’on croit! On se reconnaît, dans la rue. On a une certaine démarche, un regard un peu ailleurs, une forme de lenteur… » Aujourd’hui, parce qu’il a appris à ne rien lâcher, à être indulgent avec lui-même et grâce à une famille bienveillante, Matthieu affirme vivre heureux. Avec de petits moyens, lui l’héritier désargenté d’une grande famille de grainetiers, mais heureux tout de même. « Je reviens de tellement loin… »
« Fous et Folles », Editions Kirographaires, 13,95 €.
Le Parisien
Clémentine
A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, notre journal a rencontré un schizophrène. Il parle de ses crises passées et relate comment il surmonte au quotidien sa maladie.
Anne-Cécile Juillet | Publié le 10.10.2012, 07h00
PARIS VIe, LE 3 OCTOBRE. Matthieu de Vilmorin, 52 ans, a compilé les anecdotes truculentes de ses hospitalisations dans un livre.
Avec sa carrure de rugbyman, sa voix de stentor et son côté vieille France, Matthieu de Vilmorin, veste en velours et bonnes manières, ne ressemble en rien au « fou » qu’il avoue être pourtant, dans un éclat de rire sonore. Et s’il ne précisait lui-même que ce petit bouton, accroché au revers de son col, indique qu’il est « le grand maître autoproclamé de l’Ordre du Bouton de nacre », on le prendrait juste pour un doux dingue charmant, fantaisiste et plein d’humour.
Ce qu’il est, aussi. Mais pas uniquement.
Il y a une trentaine d’années, cet homme de 52 ans a été diagnostiqué schizophrène et, depuis, la maladie a colonisé, selon ses propres mots « l’intérieur de [son] pauvre cerveau ». « Je suis un schizo stabilisé », précise-t-il. Sa dernière crise remonte à plusieurs années, et grâce à un traitement à vie, un cocktail de neuroleptiques, « couvercle sur ma propension à l’imaginaire », et d’antidépresseurs, il n’est plus l’objet de bouffées délirantes.
La première fois qu’il s’est pris pour le sauveur de l’humanité, il avait 23 ans, et le décor était tout trouvé : c’était aux pieds de la statue du Christ Rédempteur, à Rio de Janeiro, au Brésil. « Je m’étais accroché à un arbuste, et j’annonçais, en portugais — je ne l’ai jamais aussi bien parlé que dans mon délire schizoïde — que j’étais le nouveau héros des temps modernes. »
Matthieu évoque un délire très mystique, mais une logique implacable. « Je ressentais quasi physiquement que j’étais à la fois l’extraterrestre qui allait sauver le monde, la soucoupe volante dans laquelle il arrivait sur terre et l’enfant à sauver. J’étais tout, je comprenais tout, j’étais dans le cerveau de tout le monde, dans une forme d’omnipotence absolue, assez jouissive du reste. J’étais génial et le monde devait le savoir. Je ne dormais plus, je gambergeais, mon énergie ne connaissait aucune limite. »
Matthieu marque une pause puis relate sa seconde crise, survenue dans une église parisienne. « Je me suis retrouvé nu comme un ver, à hurler le nom de Dieu, accroché à la grille du chœur. Quatre policiers n’ont pas été de trop pour me contenir. J’ai fini dans le pavillon des marginaux, à Sainte-Anne. Mais c’est trop cher payé, de se prendre pour le sauveur du monde. Les crises de déprime qui suivent irrémédiablement ont été horribles. » Après chaque hospitalisation, dont il a gardé des anecdotes truculentes pour nourrir un livre paru récemment*, il a fallu « se retaper », et tenter de coller à une société où l’homme sans travail est vite marginalisé. La maladie n’est pas visible, mais le handicap est lui bien réel. « J’ai fait feu de tout bois et exercé un tas de métiers », poursuit Matthieu avec bonhomie. Coursier, chauffeur de grande remise, apprenti relieur, libraire, puis déclaré travailleur handicapé, il devient homme d’entretien et conseiller formateur.
Aujourd’hui, il bénéficie d’un emploi aidé au sein de l’association Schizo?... Oui! (lire en bas de page). Même des années après sa dernière crise, il ne baisse pas la garde.
« Je veille à ne jamais être en rade de médicaments, je prends soin de ma santé, je bois peu d’alcool, j’ai cessé de fumer. » Il se sait un peu en sursis, et sait qu’il n’est pas le seul dans ce cas. « Ah, des schizos, il y en a plus que l’on croit! On se reconnaît, dans la rue. On a une certaine démarche, un regard un peu ailleurs, une forme de lenteur… » Aujourd’hui, parce qu’il a appris à ne rien lâcher, à être indulgent avec lui-même et grâce à une famille bienveillante, Matthieu affirme vivre heureux. Avec de petits moyens, lui l’héritier désargenté d’une grande famille de grainetiers, mais heureux tout de même. « Je reviens de tellement loin… »
« Fous et Folles », Editions Kirographaires, 13,95 €.
Le Parisien
Clémentine
Invité- Invité
Re: "Moi, Matthieu, schizo et heureux"
Bonjour Clémentine,
Je suis frappé par le parallélisme entre la maladie bipolaire (BP1) et la schizophrénie de Matthieu.
Ses bouffés délirantes rappellent nos phases up; il connait ensuite la dépression, les anti-dépresseurs, les psychiatres, une vie décousue.
Son message est très positif :
Bises
Etienne
Je suis frappé par le parallélisme entre la maladie bipolaire (BP1) et la schizophrénie de Matthieu.
Ses bouffés délirantes rappellent nos phases up; il connait ensuite la dépression, les anti-dépresseurs, les psychiatres, une vie décousue.
Son message est très positif :
.Avec de petits moyens, lui l’héritier désargenté d’une grande famille de grainetiers, mais heureux tout de même. « Je reviens de tellement loin… »
Bises
Etienne
Re: "Moi, Matthieu, schizo et heureux"
Bonjour Etienne,
Il y a en effet beaucoup de choses transposables. Comme chez nous, souvent une grande sensibilité.
Clémentine
Il y a en effet beaucoup de choses transposables. Comme chez nous, souvent une grande sensibilité.
Clémentine
Invité- Invité
Re: "Moi, Matthieu, schizo et heureux"
Bonjour à tous,
Voici un autre témoignage :
http://www.vivrefm.com/podcasts/fiche/5011
Lundi 29 Avril 2013
Schizophrénie – le témoignage d’un professeur de lycée
Invité : Philippe Cado, professeur de lettres, et Amina Ayouch Boda, psychologue.
Philippe Cado est professeur dans un lycée de province, lorsque s’insinue en lui une idée folle : révolutionner l’Education nationale en prenant modèle sur Stendhal. Peu à peu, échappant à son propre contrôle et à celui de l’administration, Philippe Cado emmène ses élèves dans son délire…
Dans Vivre FM C’est Vous, il fait le récit haletant de ses difficultés, qui le conduiront jusqu’à l’hôpital psychiatrique. Solitude sociale, sentiment de vide, difficultés à trouver le bon traitement… il évoque les symptômes et les contraintes de cette maladie mentale avec laquelle il a appris à vivre.
Séquence « Un autre regard » : Danielle, la maman de Charles, schizophrène, évoque un soir de délire où les urgences psy sont intervenues.
« Le jour où je me suis pris pour Stendhal », de Philippe Cado, aux éditions Eyrolles.
Clémentine
Voici un autre témoignage :
http://www.vivrefm.com/podcasts/fiche/5011
Lundi 29 Avril 2013
Schizophrénie – le témoignage d’un professeur de lycée
Invité : Philippe Cado, professeur de lettres, et Amina Ayouch Boda, psychologue.
Philippe Cado est professeur dans un lycée de province, lorsque s’insinue en lui une idée folle : révolutionner l’Education nationale en prenant modèle sur Stendhal. Peu à peu, échappant à son propre contrôle et à celui de l’administration, Philippe Cado emmène ses élèves dans son délire…
Dans Vivre FM C’est Vous, il fait le récit haletant de ses difficultés, qui le conduiront jusqu’à l’hôpital psychiatrique. Solitude sociale, sentiment de vide, difficultés à trouver le bon traitement… il évoque les symptômes et les contraintes de cette maladie mentale avec laquelle il a appris à vivre.
Séquence « Un autre regard » : Danielle, la maman de Charles, schizophrène, évoque un soir de délire où les urgences psy sont intervenues.
« Le jour où je me suis pris pour Stendhal », de Philippe Cado, aux éditions Eyrolles.
Clémentine
Invité- Invité
Re: "Moi, Matthieu, schizo et heureux"
merci Clem'
je note ces 2 livres que je vais lire d'ici peu !!!!
bisous
mireille
je note ces 2 livres que je vais lire d'ici peu !!!!
bisous
mireille
mireille- Nombre de messages : 9254
Age : 78
Date d'inscription : 02/08/2008
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