Trouble bipolaire: une maladie "à la mode"? Par Caroline Franc Desages dans l'Express -14/06/13
2 participants
Page 1 sur 1
Trouble bipolaire: une maladie "à la mode"? Par Caroline Franc Desages dans l'Express -14/06/13
Trouble bipolaire: une maladie "à la mode"? |
Par Caroline Franc Desages, publié le 06/06/2013 à 10:31, mis à jour le 14/06/2013 à 18:24
La série Homeland, dont la deuxième saison débute ce jeudi soir sur Canal +, met en scène une héroïne, Carrie Mathison, souffrant de maniaco-dépression. Ultra médiatisée, cette pathologie ne doit pourtant pas être prise à la légère, ni vulgarisée.
Carrie Mathison, agent émérite de la CIA, est persuadée que Nicholas Brody, un Marine américain libéré au terme de huit ans de détention par Al-Qaïda, a été "converti" et représente un risque pour la sécurité nationale des Etats-Unis. Problème: Carrie Mathison cache depuis toujours qu'elle est bipolaire. Un trouble de l'humeur également appelé "psychose maniaco-dépressive", se traduisant par une succession d'états dépressifs ou euphoriques et pouvant sérieusement altérer son jugement.
Si Carrie Mathison, alias Claire Danes, n'est qu'un personnage fictif de la série Homeland qui cartonne depuis deux ans sur les écrans de télévision, sa maladie, elle, concerne un peu plus de 1% de la population française. Une affection particulièrement handicapante pour ceux qui en sont victimes et dont la mise sur le devant de la scène ne doit pas masquer la gravité.
"On a tendance à voir des bipolaires partout"
"On a un peu tendance aujourd'hui à voir des bipolaires partout", confirme Raphaël Giachetti, psychiatre au sein de la clinique d'Aufrery à Toulouse, premier établissement à avoir mis en place un suivi "psycho-éducatif" de ces malades. "Tous les jours ou presque, on m'envoie de supposés maniaco-dépressifs qui n'en sont pas. Pourtant c'est une pathologie qui ne pose aucun doute."
"C'est l'alternance de trois états qui définit cette maladie, explique le psychiatre: la dépression, lourde et caractérisée, l'exaltation, également appelée phase maniaque et la rémission, durant laquelle le malade retrouve un état 'normal'". Autre symptôme, "la rapidité avec laquelle le patient passe d'une phase à une autre. Vous pouvez avoir en face de vous quelqu'un de censé et calme un jour, qui peut subitement changer, être totalement désinhibé, multiplier les projets, déborder d'activité, commettre des actes insensés ou s'enfoncer dans la dépression".
Quant aux causes de cette psychose, elles sont multiples et encore hypothétiques: vulnérabilité biologique, hypersensibilité et traumatisme vécu durant l'enfance. " Les troubles bipolaires n'arrivent pas par hasard, ils surviennent en général de la combinaison de ces trois facteurs".
"Je n'étais pas folle"
Cette maladie, Claire, 40 ans, la connaît bien. Depuis près de 25 ans, elle vit avec, pour le meilleur et pour le pire. Elle en situe les premières manifestations à l'adolescence, "sans que personne ne mette vraiment le doigt dessus": "A 15 ans, avoir des moments de mélancolie ou d'excitation est somme toutes assez courant. Là où les réels problèmes ont commencé, c'est lorsque je me suis mise à travailler et à gagner un peu d'argent. En phase euphorique, je dépense sans compter, ce que je possède et ce que je ne possède pas. Mon plus gros achat? Une voiture neuve, après avoir réussi à contracter quatre crédits auprès de quatre banques en deux jours ".Même sous traitement, la moindre décision est mise en doute.
"Mettre un nom sur ce qui m'arrive"
A la suite d'un énorme épisode dépressif entrainant une hospitalisation, Claire est enfin diagnostiquée, dix ans après les premiers symptômes. "J'ai été soulagée. Je n'étais pas folle, je n'étais pas coupable de tout cela, il y avait une raison à mon comportement", raconte-t-elle. Mais l'officialisation du trouble est à double tranchant: "Certes, je peux désormais mettre un nom sur ce qui m'arrive. Mais l'entourage aussi. Et nombreux sont ceux qui prennent la fuite ou mettent tous mes actes sur le compte de ma maladie. Quand on est bipolaire, même sous traitement, même en phase de rémission, la moindre décision est mise en doute. Récemment, je me suis offert un voyage avec mes enfants. J'en avais les moyens et je ne pense pas être la seule mère décidant de partir une semaine au soleil. Pourtant, tout le monde s'est posé la question: est-ce que je faisais une nouvelle crise?".
Trouver le bon traitement
Dans "Rien ne s'oppose à la nuit", Delphine de Vigan brosse le portrait émouvant de sa mère, atteinte de troubles bipolaires.
Surtout, ajoute Claire, avant de trouver le bon traitement, celui qui "ne vous fait pas prendre 30 kilos ni ne vous transforme en légume", il faut du temps. "Cela m'a pris plusieurs années avant de me sentir enfin mieux".
Un constat que confirme Raphael Giachetti:
"Ce n'est pas comme une infection pour laquelle on dispose de marqueurs biologiques et dont on connait l'antibiotique qui la fera disparaître. En neuro-sciences, on avance pas à pas, sur la base de notre expérience, de notre ressenti et du malade. Parce que cette maladie est singulière, qu'elle n'a pas la même intensité chez chaque patient et qu'elle ne peut être combattue qu'avec la combinaison de traitements médicamenteux et d'un suivi psychologique adapté".
Cela étant dit, affirme-t-il, "beaucoup de personnes atteintes de troubles bipolaires peuvent, à condition d'être suivies, mener une vie normale, travailler, avoir des enfants, etc". "C'est aussi une maladie évolutive, dont le diagnostic ne vaut qu'à l'instant où il est posé. On peut voir une psychose maniaco-dépressive s'atténuer dans le temps ou au contraire passer d'une forme légère à plus sévère. La plasticité du cerveau est sans fin et rien n'est figé".
Pour Claire, la vie a repris des couleurs depuis plus d'un an maintenant. Mais pas question pour l'instant de reprendre une activité professionnelle: "Socialement, cette maladie vous isole. A force d'être hospitalisée lors de mes états dépressifs, j'ai fini par perdre la confiance de mon employeur, mais aussi de mes collègues, et j'ai fini par être mise en incapacité de travail. Mais j'ai des envies et des projets et je me sens à nouveau capable de vivre, à une vitesse raisonnable! "
►http://www.lexpress.frA LIRE: La maladie bipolaire - Expliquée aux souffrants et aux proches, Raphaël Giachetti, Odile Jacob, 2012.
Invité- Invité
Re: Trouble bipolaire: une maladie "à la mode"? Par Caroline Franc Desages dans l'Express -14/06/13
Merci pour cet article intéressant.
Bises.
Bises.
Invité- Invité
Re: Trouble bipolaire: une maladie "à la mode"? Par Caroline Franc Desages dans l'Express -14/06/13
Merci Yoyo, j'ai beaucoup appréciée cet article, encore un témoignage éloquant sur la pathologie.
Tara
Tara
Tara- Nombre de messages : 1799
Age : 61
Type troubles : Bipolaire, petite fille de bipolaire
Emploi / Statut : AAH/ Invalidité/2
Date d'inscription : 25/02/2013
Re: Trouble bipolaire: une maladie "à la mode"? Par Caroline Franc Desages dans l'Express -14/06/13
Yoyo, j'ai pris le temps de lire cet article, et pourtant je suis pas bipolaire. Je trouve intéressant ce résumé de parcours. On voit bien que ça peut poser un gros problème pour la vie professionnel, pareil pour ma pathologie.
bises, domi.
bises, domi.
dominique- Nombre de messages : 14471
Age : 60
Type troubles : épiléptique
Emploi / Statut : problème psy et inapte à toutes activités AAH 95%
Date d'inscription : 23/04/2008
Sujets similaires
» Michel Bourin - "Trouble bipolaire, un effet de mode ou une vraie maladie ?"
» Exotique Bipolaire (progrès sur le marketing) - Europe 1 - maladie à la mode ?
» Le trouble bipolaire, une maladie métabolique ?
» L'histoire des troubles mentaux
» Lundi 17 mars en soirée et le mardi 18 mars 2014 : la maladie bipolaire : mode ou réalité !!!
» Exotique Bipolaire (progrès sur le marketing) - Europe 1 - maladie à la mode ?
» Le trouble bipolaire, une maladie métabolique ?
» L'histoire des troubles mentaux
» Lundi 17 mars en soirée et le mardi 18 mars 2014 : la maladie bipolaire : mode ou réalité !!!
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum