créativité et cycles

[Polly]

Bonsoir à tous,

je me demandais pour ceux qui sont créatifs, comment ils géraient les différentes phases. C'est à dire, avec des moments sans aucune activités créatives et d'autres au contraire avec une hyperactivité...

Je bricole moi-m^me avec les mots mais je suis parfois plusieurs mois sans rien écrire et cela me frustre. Pour autant, j'ai beau " me forcer", cela ne donne rien de bon. J'ai cru identifier les phases hypomaniaques comme très fertiles et des périodes à peu près stables où, plus laborieusement (mais qd m^me), je parviens à faire des textes corrects.
Cependant, je ne suis pas encore sûre de ce lien entre les cycles et la créativité.

Par exemple, actuellement, je ne sais pas où j'en suis (pas déprimée mais pas terrible qd m^me) et je n'arrive à rien. Tout ce que je fais me parâit nul et dénué d'intérêt pour quiconque. Du coup, je commence à écrire cinq pages, ayant écrit des synopsis avant, pour finalement tout laisser en plan.

Je serai donc curieuse de savoir comment d'autres personnes fonctionnent. Car ce processus est un cercle vicieux: je n'écris pas parce que ce que j'écris me semble nul, mais du coup, je me sens nulle tout court et de fait cela ne relance pas l'envie d'écrire.

J'attends actuellement que l'hiver parte pour voir si l'écriture revient avec le printemps...

bonne soirée à tous

[chispa]

Je te conseille chaudement le livre "La cyclothimie, pour le pire et pour le meilleur" l'étude sur la créativité et les cycles bipolaires de Régis Blain est excellente, c'est beaucoup plus intéressant et encourageant que les parties informatives sur le TB du docteur Hantouche.
J'y ai découvert qu'il semble que les périodes plus dépressives sont utiles pour "mûrir" les multiples idées qui foisonnent pendant les périodes hypomaniaques. Il parle des périodes de "rêve éveillé" (je pense que c'est la traduction de daydreaming) qui sont particulière aux grands créateurs et inventeurs de tempéraments cyclothymiques et même bipolaires. Donc ce serait une question d'accepter de vivre avec ses rythmes, en sachant que chaque phase est utile dans le processus créatif.
Garde les bouts et ficelles que chaque moment t'offre et quand le moment sera venu, la suite, ou la combinaison appropriée et géniale naîtra.

Mon mémoire dont j'ai eu l'idée de base il y a presque quatre ans, est venu comme ça, un long chemin tortueux et montagneux de réflexions. J'ai commençé les chapitres séparement et je les ai rassemblés. Par moment, je suis incapable d'écrire quoique ce soit, mais j'y pense, j'en rêve.. et soudain ops, une action, un chapitre, un lien naît et il avance.

Le premier bipo célèbre dont m'a parlé mon expsy pour m'inspirer à dépasser le choc du diagnostic, et pour m'encourager à écrire a été Hemigway.. il écrivait pas tout le temps, il avait aussi ses moments "down"

[Joha]

Bonsoir Polly

Je ne réfléchi pas à quoi correspondent chaque choses que je fais par-apport à des périodes de bipolarité ou de cycles.
Je fais ce que j'ai à faire quand ça se présente.

Il est des temps où je vais faire certaines choses, et quand celles-ci disparaissent c'est d'autres choses qui vont prendre leur place, c'est comme ça.
Par contre maintenant, à l'inverse d'il y a quelques années, je n'hésite pas, me fout si c'est bien ou pas bien, je fait, je laisse de côté, et ainsi de suite, mais quand je sens que c'est là, je fais plutôt que de me dire plus tard ou on verra si ça reste ...

Je sais que les mots des poèmes ne viennent à fleur de coeur et de bouche, uniquement quand je "ne vais pas bien" (quand j'ai mal), jamais quand je suis heureuse ou que "tout va bien" (quand rien ne me tracasse ou tiraille). Mais rien n'est définitif (déterminé) ... surtout pour un Mixte ... C'est comme un perpétuel évolution, mélange, c'est le propre de l'homme ...

[Jacques]

Bonjour, Polly !

J'aime aussi bricoler avec les mots : c'est un jeu pour moi. Je note dans une base de données personnelle mes trouvailles en attendant de les exploiter/assembler. J'ai déjà le titre et le plan de mon futur bouquin et je continue d'empiler les notes. Sauf pendant mes périodes de down ou le nombre de notes ainsi créées est en très sensible régression !…

Bonne journée. Bises . Jacques

PS Joha, j'adore ton ton «par-apport»

[Polly]

merci pour vos témoignages !!!!

Pour répondre à Chispa, j'ai déjà lu le livre dont tu parles et il est vrai que ces périodes de "gestation" me parlent. Mais il est vrai aussi que parfois, j'ai un sentiment de stagnation, d'inutilité, et d'ennui qui me font perdre de vue que peut-être "malgré moi" je mijote.

Pour répondre à Joha, je ne cherche pas absolument à savoir dans quelle période je suis pour y faire quoi. Mais il m'arrive de paniquer, la peur de ne plus jamais trouver l'intérêt de... ou les idées... ou le bon mot...
Alors, si je me dis que "faut juste attendre", que c'est une sale période, et que ça va revenir, ça me tranquillise en partie.

L'autre technique, c'est j'essaie d'oublier que ma vie a un sens par l'écriture.
J'essaie d'avoir une vie "normale", c'est à dire sans l'écriture, après tout des tas de gens trouvent un sens à leur existence sans ça : pourquoi pas moi ???
Dans ce livre d'Hantouche, un truc m'a frappé : il disait que les cyclo ont tjs besoin d'être différents pour se sentir exister. Sans quoi, ils ne valent pas gd chose. Pour moi, c'est très vrai. Et je relie ça au pb d'estime de soi. Mais de toute façon c'est lié, non ?

Pour répondre à Jacques, je connais bien ces périodes de ralentissement et j'essaie aussi d'emmagasiner des données pour espérer réussir à en faire qq chose ensuite. Par exemple, il y a des thèmes qui reviennent sans cesse m^me si il m'arrive de m'en détourner : il s'agit des prisons et de l'enfermement.
Je rêve d'écrire un roman qui ferait le lien entre la réalité des prisons et l'enfermement psychologique.
Mais pour l'instant, je n'y arrive pas.

Ceci étant, la durée de maturation du mémoire de Chispa me donne espoir
Alors en attendant, je tricote parce que quand même ne rien faire du tout, ce serait trop bête !!!

[chispa]

Un tricot.. c'est de la création, un bon petit plat mijoté aussi, l'aménagement de son jardin, la décoration de son intérieur.. à moins qu'on copie exactement un modèle.. ce que personne ou peu de gens font exactement.. et je me demande si les cyclos ne le font pas encore un peu plus différement que la moyenne
Ce que tu as dit au sujet de la reconnaissance.. c'est un peu commun à tout ceux qui souffrent d'un handicap mental léger, non reconnu.. la même chose existe pour les enfants TDA H.
Je pense que ça vient de se sentiment diffus d'être différent, mais on sait pas trop pourquoi.. on se sent à la limite de se faire exclure pour notre différence, alors être accepté devient essentiel, et vital. comme tu dis, l'estime de soi qui est liée au sentiment d'appartenance à un groupe.

Je me dis que quand tu dis tu veux arrêter d'écrire pour être comme tout le monde et trouver un sens à ta vie, comme ceux qui n'écrivent pas.. c'est peut être aussi ça, la souffrance sous jacente au sentiment d'être différent, et la grande envie de ne pas l'être pour ne pas être exclue du groupe.

La peur de l'aliénation..

C'est pour cela que les soignants et les soignés ont compris l'importance des groupes de paroles, et des endroits comme ce forum.. parce qu'avec un diagnostic, on est officiellement exclu du monde des "normaux" et se trouver accueilli dans un nouveau groupe, ça aide à la reconstruction d'une identité.. si possible positive.. parce que le groupe peut réfléchir ensemble à sa place dans la société plus globale.

[Polly]

merci Chispa : tu me fais réfléchir.

J'ai compris dans tes mots (et dans mes mots, enfin, ce que tu me renvoies mais reformulé par qqn d'autre, cela me permet de poser un autre regard) que oui, il devait bien avoir de ça, de se désir d'être acceptée par le groupe.
Bizarrement, d'un point de vue professionnel, je pense que je suis reconnue et acceptée.
Mais voilà, j'ai tjs eu ce décalage : comme si il y avait ce que je montrais et le reste, le "vrai" moi, qui est souvent en décalage, voire en opposition avec le groupe parce que... tjs cette impression d'être différente.
Je n'avais js compris ce truc là.
ALors quand tu fais le parallèle avec quiconque a un handicap : je comprends et bien que je me sois posée un diagnostic tte seule ( ), oui cela ma paraît tout a fait judicieux d'envisager les choses sous cet angle.

Cela me renvoie aussi au fait que bien qu'ayant construit une famille : je fais tjs en sorte de ne pas construire de relations amicales : je cultive cette forme de solitude. Les relations me fatiguent. Et je voudrais que les personnes autour de moi puissent prendre ce que je peux donner, au moment où je peux le donner : pas facile.

Je me rends compte aussi et seulement maintenant que dès le collège, le lycée, je me suis tjs placée en dehors des groupes et que j'ai commencé à écrire très tôt : kit de survie je pense.
De fait, même si j'essaie parfois de vivre "comme tout le monde", je sais que l'écriture sera tjs là. J'ai besoin d'exprimer les choses d'une manière ou d'une autre.

Quant aux groupes de parole : je suis convaincue en effet de leur intérêt. J'ai pratiqué le clown (comme démarche de développment personnel) pdt plus d'un an et revoir sans cesse les mêmes personnes (avec des problématiques très diverses) dans un cadre serein, cela permet de mettre en scène ses fragilités et d'être accepté tel que l'on est.

Je viens aussi de comprendre, pourquoi j'ai très mal vécu le refus (explicité) d'un éditeur : pour moi, cela allait plus loin qu'un banal rejet de manuscrit (bon il faut dire, il ne m'a pas ménagé) c'était "une preuve" de ma nullité et de mon incapacité à faire quoique ce soit de valable. D'autant plus difficile à accepter que dans l'écriture, c'est le vrai moi qui s'expose et non plus la façade comme au travail.

merci Chispa MERCI

[chispa]

A vrai dire on réfléchit ensemble, toi aussi tu me fais réfléchir et ça m'aide à avancer.. alors merci à toi aussi

[etienne]

Une information pour ceux qui vivent en Belgique ou dans le Nord de la France.

L'association étoile bipolaire de Lille a le plaisir de vous inviter à une conférence qu'anime le Docteur Hantouche sur le thème : bipolarité et créativité.

L'entrée est libre et gratuite.

Lieu : maison des associations, 72 rue royale, Lille, à 18H 30
Date : jeudi 25 avril

Le Docteur Hantouche est psychiatre, et il est l'un des spécialistes des troubles bipolaires en France.

Etienne
Secrétaire de l'association étoile bipolaire

[Polly]

merci Etienne pour l'info : je vais essayer de me libérer pour pouvoir y être !!!

bonne journée !

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