Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
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Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
C. Gay
Clinique de Garches
Difficile d’aborder un sujet aussi vaste en si peu de temps. Nous nous centrerons sur la ou plutôt les classifications actuelles des troubles bipolaires et leur hétérogénéité.
Les troubles bipolaires appartiennent à la catégorie des troubles de l’humeur au même titre que les troubles unipolaires (ou dépressif récurrent), les troubles dysthymiques et cyclothymiques et les troubles de l’adaptation avec humeur dépressive. Certains troubles de la personnalité et tempéraments se situent aux confins des troubles de l’humeur. La définition actuelle des troubles de l’humeur fait référence à deux systèmes de classification (ICD10 et DSM IV) qui sont partiellement superposables. L’élargissement du concept de bipolarité ne peut que contribuer à rendre encore plus hétérogènes ces troubles de l’humeur.
Historique
Les premières descriptions remontent à la médecine grecque, mais l’alternance manie-dépression est rapportée par T. Willis (1622-1675) [9]. Baillarger en 1854 décrit la folie à double forme qui se caractérise par « deux périodes régulières, l’une de dépression et l’autre d’excitation ». Simultanément Falret publie un article consacré à la folie circulaire. Kraepelin distingue 18 types évolutifs de folie maniaco-dépressive, dont les formes unipolaires et bipolaires, sans les opposer pour autant. Ultérieurement, Kleist et Leonard subdivisent les formes unipolaires (maniaques ou dépressives) et formes bipolaires. Cette conception dichotomique du trouble est rejointe par Perris [18], Angst et al . [2 et 3] et Winokur et al. [20]. Les classifications officielles les plus récentes (ICD 10 et DSM IV) maintiennent la distinction unipolaire/bipolaire. Plus récemment on assiste à l’élargissement de ce concept avec l’apparition de la notion de spectre bipolaire.
Classifications
La psychose maniaco-dépressive a longtemps été subdivisée en deux catégories de troubles : unipolaires et bipolaires. Aujourd’hui, cette subdivision reste d’actualité, même si les dénominations sont différentes et le terme de psychose abandonné. L’élargissement du concept de troubles bipolaires aboutit à l’intégration de formes atténues, tant dans leur intensité que leur durée, de tempéraments et troubles de la personnalité.
Selon le DSM IV, ce trouble se subdivise en trouble bipolaire de type I (BPI) de celui de type II (BPII). Le trouble BPI se caractérise par un ou plusieurs épisodes maniaques ou mixtes et des épisodes dépressifs d’intensité variable (le diagnostic peut être posé même en l’absence de trouble dépressif). Une cause organique, iatrogénique ou toxique ne permet pas de retenir ce diagnostic. Le trouble BPII se définit par l’existence d’un ou plusieurs épisodes hypomaniaques et un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs. (Tableau 1).
L’ICD 10 ne distingue qu’une catégorie de trouble bipolaire, avec néanmoins des sous-catégories en fonction de l’intensité des épisodes maniaques et dépressifs et l’existence ou non de troubles psychotiques (Tableau 2).
Tableau 1 - Les troubles de l’humeur de l’adulte (DSM IV)
•Troubles Bipolaires
- Troubles bipolaires de type I
- Troubles bipolaires de type II
- Troubles cyclothymiques
- Troubles bipolaires non spécifiés
•Cycle ultrarapide
•Épisodes hypomaniaques récurrents
•Un épisode surajouté à un trouble psychotique
•Trouble BP dont le caractère primaire n’a pu être établi
•Les autres troubles de l’humeur
- Troubles dûs à une affection médicale
- Troubles induits par une substance (stimulants, stéroïdes, L-Dopa, antidépresseurs, sismothérapie, photothérapie…)
Tableau 2 - Les troubles de l’humeur de l’adulte (ICD 10)
•Troubles Bipolaires
- Troubles bipolaires
- Autres troubles bipolaires (Épisodes maniaques récurrents, troubles bipolaires de type II)
- Troubles bipolaires sans précision
•Les autres troubles de l’humeur
- Troubles de l’humeur persistants (cyclothymie, dysthymie, autres troubles de l’humeur persistants)
- Les autres troubles de l’humeur (épisode mixte, trouble dépressif récurrent bref)
Autres classifications
Klerman [14] en 1981 distingue six catégories de troubles bipolaires : les bipolaires I et II, tels qu’ils sont définis classiquement, les bipolaires III chez lesquels les états maniaques ou hypomaniaques ont été induits par des traitements médicamenteux, les bipolaires IV qui correspondent au trouble cyclothymique, les bipolaires V qui présentent des antécédents familiaux de troubles bipolaires et les bipolaires VI qui se caractérisent par des récurrences maniaques.
20 ans après, Akiskal et Pinto [1] individualisent 8 formes différentes :
Trouble bipolaire 1/2 : trouble schizo-bipolaire
Trouble bipolaire I : maladie maniaco-dépressive
Trouble bipolaire I 1/2 : dépression avec hypomanie prolongée
Trouble bipolaire II : dépression associée à des phases hypomaniaques spontanées discrètes
Trouble bipolaire II 1/2 : dépression sur fond de tempérament cyclothymique
Trouble bipolaire III : dépression avec hypomanie induite par les antidépresseurs ou un autre traitement
Trouble bipolaire III 1/2 : oscillations marquées de l’humeur associées à un contexte addictif ou un abus d’alcool
Trouble bipolaire IV : dépression sur fond de tempérament hyperthymique
La version du DSM V devrait inclure les bipolaires I et II, tels qu’ils sont définis actuellement, les BP II 1/2 qui seraient représentés par les troubles cyclothymiques, les bipolaires III qui intégreraient les états maniaques ou hypomaniaques induits par des traitements et les bipolaires IV qui correspondraient aux hyperthymies.
Ces dernières classifications montrent bien la tendance à l’extension du concept de troubles bipolaires, qui regroupe sous le terme de spectre bipolaire différentes entités: troubles, personnalités et tempéraments.
Hétérogénéité des troubles bipolaires
Les expressions des troubles bipolaires sont multiples et ne figurent pas obligatoirement dans les classifications actuelles.
Variabilité de la symptomatologie
La symptomatologie maniaque est très polymorphe dans son expression et les symptômes les plus fréquents ne sont pas obligatoirement les plus caractéristiques d’un état maniaque. Il existe différentes expressions symptomatiques : aiguës (avec une agitation marquée, des comportements violents, des réactions clastiques), confuses (avec une activité oniriques, des troubles cognitifs marqués, une désorientation dans le temps), hallucinatoires (avec le plus souvent des hallucinations auditives et visuelles), délirantes (où l’on retrouve des thèmes de mégalomanie, persécution, mystiques, politiques, érotiques…). Le plus souvent le contenu du délire est congruent à l’humeur, c’est-à-dire que les thèmes sont en rapport avec les idées de grandeur et l’humeur expansive. Goodwin et Jamison [9] regroupent en quatre catégories les principaux symptômes cliniques en mentionnant leur fréquence:
Symptômes thymiques: Irritabilité 80 %, euphorie 71 %, dépression 72 %, labilité 69 %, expansivité 60 %
Symptômes cognitifs: idées mégalomaniaques 78 %, fuite des idées 71 %, distractibilité, troubles de la concentration 71 %, confusion 25 %
Symptômes psychotiques: idées délirantes 48 % ; idées délirantes de grandeur 47 %, idées de persécution 28 %, syndrome d’influence 15 %, hallucinations 15 %
Comportement et activités: hyperactivité 87 %, réduction du sommeil 81 %, violence-agression 49 %, logorrhée: 98 %, nudité, exhibitionnisme sexuel: 29 %, hypersexualité : 57 %, extravagance: 55 %, préoccupations religieuses : 39 %
L’état hypomaniaque présente les mêmes caractéristiques que l’état maniaque, mais les symptômes sont moins nombreux, moins intenses et moins invalidants. Le diagnostic d’un état hypomaniaque peut se poser lorsque les symptômes persistent au moins quatre jours.
L’état hypomaniaque passe très souvent inaperçu lors de l’interrogatoire du patient sur son histoire et ses antécédents. La réduction du temps de sommeil, la multiplication des projets, l’absence de fatigabilité, une sociabilité inhabituelle avec une plus grande facilité de contact, une augmentation de l’activité, une distractibilité, une surestimation de son image, une surconsommation d’alcool et de tabac constituent des éléments d’orientation diagnostique. L’interrogatoire de l’entourage prend toute son importance. Il permet de retrouver l’existence d’une cassure par rapport à l’état antérieur, de comportements et propos inhabituels, de changements de l’humeur.
L’état mixte se caractérise par l’intrication de symptômes maniaques et dépressifs. Il est difficile à distinguer de l’état maniaque où l’on retrouve une labilité de l’humeur [10 et 16]. La justification de son individualisation repose sur le risque suicidaire élevé et le recours à des mesures thérapeutiques spécifiques. Les états mixtes et états dysphoriques sont observés dans 20 % des troubles bipolaires de Type I. Plus récemment ce concept a été élargi en intégrant dans cette catégorie de troubles les dépressions mixtes, dont la frontière avec les dépressions agitées est loin d’être précise.
Selon l’ICD 10 (10e Classification internationale des maladies), l’état mixte se caractérise par la présence de symptômes hypomaniaques, maniaques ou dépressifs, intriqués ou alternant rapidement sur une durée de deux semaines. La définition donnée par le DSM IV diffère par la durée qui est limitée à une semaine au minimum et la présence simultanée de critères cliniques d’épisodes dépressif et maniaque. Cette hétérogénéité des définitions témoigne de la difficulté à caractériser ce trouble.
Ce trouble appelle certains commentaires.
Il existe une confusion fréquente entre manie mixte, dépression mixte [5], état mixte, manie dysphorique, dysphorie et cycles ultrarapides. Ces états restent encore mal délimités et peu connus. Le diagnostic est difficile car au cours d’un épisode maniaque les éléments dépressifs et l’irritabilité peuvent être plus fréquents que l’euphorie. Il existe un risque suicidaire majeur dans un état mixte et en fin de manie.
Le diagnostic différentiel se discute en cas de trouble borderline dans lequel il existe fréquemment un état de dysphorie. Ce diagnostic est d’autant plus complexe que la comorbidité trouble bipolaire-trouble borderline est fréquente.
Face à un état dépressif, certains éléments peuvent orienter vers le diagnostic de trouble bipolaire. Les principaux indices d’un risque de virage de l’humeur sont les antécédents personnels et familiaux de troubles de l’humeur, la labilité thymique, l’inhibition psychomotrice très marquée, l’existence d’une hyperphagie et d’une hypersomnie, l’âge de début précoce, le début et la résolution aigus des épisodes, le tempérament sous-jacent et le niveau élevé d’énergie [17].
L’existence ou non d’un alcoolisme, de troubles du comportement, d’une originalité, de suicides ou de tentatives de suicides, de troubles anxieux, de troubles des conduites alimentaires, de troubles obsessionnels doivent être recherchées tant en ce qui concerne les antécédents familiaux que personnels.
États subsyndromiques
Les fréquents états subsyndromiques qui persistent entre les épisodes donnent au trouble bipolaire une dimension de chronicité. Angst et Presig [2] constatent que la totalité des épisodes représente 20 % de la vie des patients atteints. Golberg et al . [8] relèvent une évolution non favorable chez 41 % des patients. L’étude de suivi la plus récente apporte des chiffres encore plus impressionnants [12 et 13]. Sur une période de 13 ans de suivi en moyenne, les sujets bipolaires présentent un trouble significatif pendant la moitié du temps avec une prédominance de trouble dépressif.
Formes évolutives
Des critères évolutifs peuvent être utilisés pour caractériser le trouble bipolaire. Ils ont été étudiés principalement dans le cadre de la recherche d’indices prédictifs de réponse au traitement.
• La séquence évolutive Manie-Dépression-Intervalle libre (MDI) correspond à la forme la plus typique du trouble bipolaire et à celle qui répond le mieux aux sels de lithium. En revanche, la séquence Dépression-Manie-Intervalle libre (DMI) présente un taux de résistance plus élevée.
• Il existe des formes évolutives sans intervalle libre (formes circulaires ou rémittentes). Le passage de l’épisode maniaque à l’épisode dépressif, se fait plus ou moins brutalement, sans période inter-critique. Ces formes qui répondent moins bien aux traitements thymorégulateurs s’aggravent au cours du temps avec une accélération des cycles.
• Les cycles rapides se caractérisent par une fréquence d’au moins quatre épisodes par an et classiquement une moins bonne réponse à la lithiothérapie. Elles sont plus fréquentes chez la femme (surtout après la ménopause), en cas d’hypothyroïdie et d’alcoolisme.
• Les formes à évolution indéterminée ne correspondent à aucune périodicité établie. Un épisode d’excitation peut être suivi d’une période d’intervalle libre de plusieurs années et suivi d’un épisode du même type ou de polarité opposée;
• Des formes à évolution saisonnière sont décrites, sans qu’il ne soit possible d’établir une périodicité régulière, à la différence des troubles affectifs saisonniers (SAD) qui se caractérisent par l’apparition du trouble à la fin de l’automne et certaines caractéristiques cliniques telles l’hypersomnie, l’hyperphagie, une fatigabilité, une sensitivité… Il est possible qu’un trouble affectif saisonnier soit associé à un trouble bipolaire.
Multidéterminisme
L’hétérogénéité du trouble bipolaire tient aussi à son pluridéterminisme. Le modèle biopsychosocial s’applique à ce trouble, mettant en avant la notion de vulnérabilité qui s’exprime tant au plan de la génétique qu’à celui de la personnalité, l’environnement jouant le plus souvent un rôle de détonateur. La forme qui apparaît la plus homogène est probablement le type I, considérée par beaucoup de cliniciens comme la maladie maniaco-dépressive caractéristique, et qui fait l’objet de la plupart des recherches du fait de critères cliniques bien établis. Il a pu être individualisé plusieurs sous-groupes en fonction de l’âge de début [4]. L’existence d’une vulnérabilité génétique vis-à-vis du trouble bipolaire est établie depuis longtemps. Le risque de présenter un trouble bipolaire si un des parents de premier degré est atteint est de 10 % par rapport à la prévalence de 1 à 2 % dans la population générale. Le rôle des facteurs psychologiques et environnementaux dans le déclenchement de la maladie et des accès a longtemps été minimisé, cette pathologie étant considérée comme endogène. Les facteurs environnementaux fragilisants sont de mieux en mieux identifiés. Il peut s’agir d’événements précoces de vie, tel le deuil d’un parent, une carence affective ou des agressions sexuelles dans l’enfance.
Au cours de la vie il existe d’autres facteurs précipitants tels que: les événements pénibles de vie (difficultés conjugales, problème professionnel ou financier…) et les stress répétés (surmenage professionnel, manque de sommeil, non-respect des rythmes biologiques propres). Il a également été démontré qu’un niveau d’expression émotionnelle élevé dans les familles (emportements ou cris pour des événements mineurs) était un facteur précipitant de la maladie. L’élément qui paraît le plus déterminant dans le déclenchement du trouble, indépendamment de la réaction émotionnelle, est son impact sur les rythmes sociaux.
Cette influence des événements de vie tendrait à décroître en fonction du nombre de récidives. Les épisodes provoqueraient une sensibilisation (ou kindling), c’est-à-dire une vulnérabilité biologique croissante vis-à-vis des événements déclenchants ou précipitants.
Des causes organiques peuvent être retrouvées. Elles concernent le plus souvent les formes à début tardif, après l’âge de 50 ans.
Fréquence des comorbidités
La fréquence des comorbidités renforce encore plus la dimension d’hétérogénéité. Dans 20 % des cas, le trouble bipolaire peut être associé à un trouble anxieux. Il en est de même avec les conduites addictives, pour lesquels les chiffres sont beaucoup plus élevés (60 %) et les troubles des conduites alimentaires.
En outre les comorbidités pourront aggraver le pronostic en influant directement sur le cours évolutif de la maladie. L’abus d’alcool et de drogues favorise un âge de début plus précoce, une fréquence plus élevée et une durée plus prolongée des épisodes, une majoration des symptômes dépressifs, la persistance de symptômes résiduels entre les épisodes, un retard de la guérison (ou rémission), une évolution chronique plus marquée avec des taux d’handicap et de mortalité plus élevés, une augmentation de la fréquence des cycles rapides, états mixtes et états dysphoriques. En outre, l’abus de substance peut masquer le trouble bipolaire et différer son diagnostic et sa prise en charge.
Une autre comorbidité fréquente est le trouble de la personnalité. Ce trouble existe lorsque les traits de caractère et les attitudes du sujet sont rigides, inadaptés et qu’ils sont responsables d’une altération significative du fonctionnent social et professionnel et d’une souffrance subjective. Il est classique de souligner la fréquence de la comorbidité trouble bipolaire-trouble borderline. Néanmoins le diagnostic du trouble borderline n’est pas simple dans ce contexte car il existe plusieurs caractéristiques cliniques communes aux deux troubles. Il est recommandé de ne poser ce diagnostic qu’après stabilisation de l’état thymique. Le trouble borderline se caractérise par une angoisse constante et diffuse, des symptômes d’allure névrotique multiples et changeants, un état dysphorique (humeur labile avec prédominance d’éléments dépressifs), une impulsivité, une instabilité, des troubles des conduites alimentaires. D’autres éléments cliniques sont relevés: fréquence élevée d’antécédents familiaux de troubles de l’humeur, troubles thymiques pouvant avoir différentes expressions: dysthymie, cyclothymie, troubles bipolaires de type II, états mixtes. L’évolution favorable sous anticonvulsivant et l’aggravation par les antidépresseurs rendent encore plus difficile la distinction de ce trouble d’une bipolarité.
Critériologie
Indépendamment des manifestations propres à la maladie et à la personnalité, les critères cliniques permettant d’établir le diagnostic de trouble bipolaire sont loin d’être homogènes, ce qui permet d’expliquer certains chiffres très élevés de prévalence.
Figure 1 : Spectre des troubles bipolaires.
Le spectre des troubles bipolaires s’est récemment élargi en intégrant les tempéraments cyclothymiques et hyperthymiques, les troubles saisonniers et les formes évolutives brèves. Les différentes catégories de troubles qui appartiennent au spectre bipolaire ne justifient pas les mêmes mesures thérapeutiques et ne présentent pas les mêmes critères de gravité.
Les troubles cyclothymiques (md)
Aux confins des troubles bipolaires se situent les troubles cyclothymiques qui se définissent par une succession sur une durée minimale de 2 ans, de périodes d’hypomanie (m) et de dépressions légères (d). Isolé par Kahlbaum en 1882, le trouble cyclothymique constitue une forme atténuée de trouble bipolaire. Sa prévalence serait de 1 % dans la population générale avec une prédominance féminine. Le début des troubles se manifesterait entre 15 et 25 ans. Il s’agit d’états sub-syndromiques qui ne présentent ni les critères d’un épisode dépressif majeur ni ceux d’un épisode maniaque. Ces états sont le plus souvent subis par le patient qui n’en reconnaît pas le caractère pathologique et qui n’a pas accès aux soins. Le caractère invalidant de ce trouble est néanmoins reconnu en raison de sa chronicité en particulier sur les plans socio-professionnel et familial. Les cyclothymiques, du fait des variations fréquentes et rapides de l’humeur, sont plus sensibles aux situations de stress et présentent des difficultés d’adaptation. L’évolution se fait dans un 1/3 des cas vers un trouble bipolaire de type II.
Tempérament cyclothymique
Le tempérament cyclothymique se distingue théoriquement du trouble cyclothymique par son aspect prémorbide. Il peut être interprété comme un état de vulnérabilité qui précéderait la pathologie de l’humeur. Il pourrait être déterminé génétiquement. Les caractéristiques comportementales décrites par Akiskal: hypersomnie alternant avec un besoin réduit de sommeil, le repli introversif alternant avec une recherche sociale désinhibée, la restriction de la production verbale alternant avec la logorrhée, les pleurs inexpliqués alternant avec des plaisanteries et facéties excessives, l’irrégularité qualitative et quantitative marquée dans la productivité associée à des horaires inhabituellement élevés de travail.
Trois autres tempéraments ont été décrits: hyperthymique, dysthymique sub-affectif et irritable.
Tempérament hyperthymique
Plus fréquemment retrouvé chez les leaders, les chefs d’entreprises, ce tempérament se caractérise par une facilité de contact, des projets multiples, une combativité, une hyperactivité, un sommeil réduit… Il est connu aussi sous la dénomination d’hypomanie constitutionnelle. Les principaux traits de personnalité hypomaniaque décrits par Akiskal sont la gaîté, l’optimisme, l’exubérance, l’impulsivité, la prodigalité, la naïveté, l’excès de confiance, l’avidité de contact, la chaleur, l’extraversion, l’intrusion, la désinhibition, la recherche de sensations…
Le tempérament dysthymique ne devrait figurer dans le spectre des troubles bipolaires du fait de la permanence des éléments dépressifs.
Le tempérament irritable se caractérise par une tendance à ruminer, broyer du noir, une critique excessive et permanente, des plaisanteries négatives, un obstructionnisme, une agitation dysphorique, une impulsivité et surtout une humeur changeante, irritable et colérique.
Les constats
Les premières manifestations cliniques du trouble bipolaire peuvent passer inaperçues. Lorsque la symptomatologie thymique est typique et évocatrice d’une bipolarité, l’accès aux soins, le diagnostic et la prise en charge ne seront pas problématiques. En revanche, le trouble bipolaire peut s’exprimer différemment et ne pas être reconnu d’emblée. Cette situation est malheureusement la plus fréquente. Certaines données épidémiologiques illustrent cette réalité : 9 ans d’évolution avant que le diagnostic n’ait été posé correctement et qu’un traitement spécifique n’ait été mis en place, intervention de 4 à 5 médecins différents [11 et 15]. Il peut s’agir de symptomatologies tronquées, de conduites impulsives, d’alcoolisations périodiques, d’achats compulsifs, d’épisode délirant aigu, d’actes médico-légaux, de comorbidités qui masquent ou modifient la symptomatologie bipolaire. Une bipolarité devrait systématiquement être recherchée en cas d’abus de substances (40 à 60 % des troubles bipolaires), de troubles anxieux (trouble panique, anxiété généralisée, troubles obsessionnels compulsifs…), de troubles des conduites alimentaires, Dans ces différentes situations, l’enquête anamnéstique et l’évaluation clinique permettront de retrouver des indices en faveur d’une bipolarité: réactivité aux antidépresseurs: inefficacité, aggravation paradoxale, apparition de troubles du caractère et du comportement, virage de l’humeur. Outre la recherche de troubles thymiques, l’examen sera complété par la recherche d’antécédents familiaux de troubles thymiques, de suicide, de dépendance à des toxiques, de troubles anxieux, d’antécédents personnels d’hyperactivité avec déficit de l’attention durant l’enfance, de dépression ou psychose du post-partum chez la femme, ainsi que des manifestations dépressives pré-menstruelles.
Au terme de cette évaluation, l’index de bipolarité pourra être calculé (Sachs). Il prend en compte les caractéristiques de l’épisode, l’âge de début, la réponse au traitement, la qualité des intervalles libres et l’évolution ainsi que l’existence ou non de troubles associés et les antécédents familiaux. Le calcul de cet index trouve sa justification à la fois dans la démarche diagnostique et le choix du ou des traitements. Il permet d’évaluer en quelque sorte « la pureté » ou « le poids » de la maladie bipolaire. Un index supérieur à 60 constitue un indice en faveur d’un trouble caractérisé qui justifie un traitement thymorégulateur. Néanmoins un faible index ne peut en aucun cas faire renoncer à cette classe de médicaments qui pourra être prescrite aussi pour ses propriétés symptomatiques anti-agressive et anti-impulsive.
Au terme de cette description soulignant l’importante hétérogénéité du trouble bipolaire, il est possible d’envisager le trouble sous deux angles opposés, le syndrome nucléaire ou le spectre bipolaire élargi [6 et 7].
La conception restrictive du trouble, correspond partiellement à la maladie maniaco-dépressive de Kraepelin. Elle regroupe les troubles bipolaires de type I et II et concerne 1 à 2 % de la population générale. L’index de bipolarité (Sachs) est élevé et l’approche est celle d’une maladie homogène, bien délimitée, accessible à « la recherche ». M-L Bourgeois [6] reprend les propos de Baldessarini « le trouble bipolaire apporte l’espoir de représenter une cible phénotypique cohérente et traitable pour des études génétiques, biologiques et de thérapeutiques expérimentales ».
La conception élargie du trouble est principalement défendue par Klerman 1981, Potter 1998, Akiskal, Hirschfeld. Elle permet d’avoir un autre regard sur les épisodes dépressifs, soulignant le risque de bipolarisation ou de méconnaissance du trouble bipolaire et élargit l’indication des thymorégulateurs aux formes marginales. Elle intègre les différents types de troubles thymiques, les tempéraments, les personnalités… Selon cette conception, 1/3 à 1/2 des dépressions seraient à intégrer dans le cadre évolutif d’un trouble bipolaire et la fréquence se situerait dans une fourchette comprise entre 3 à 6 %, voire beaucoup plus.
L’index de bipolarité dans ce cadre est très variable.
Le trouble bipolaire tel qu’il est défini aujourd’hui n’est pas toujours facile à diagnostiquer du fait de son hétérogénéité clinique et de la fréquence des comorbidités. Face à un trouble aux expressions multiples et à l’élargissement du spectre de la bipolarité, on est en droit de s’interroger sur la validité des guidelines. La majorité sont proposés pour des troubles bipolaires de type I et II qui représentent les formes les plus caractérisées dans une vision restrictive. Ils ne peuvent être appliqués à l’ensemble du spectre des troubles bipolaires. Poser le diagnostic de troubles bipolaires constitue une première étape qui implique ensuite d’identifier le type de trouble, la personnalité sous-jacente, l’existence ou non de comorbidité, les modalités évolutives.
Références
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[20]Winokur G., Coryelle W., Endicott J., et al. Further distinctions between manic-depressive illness (bipolar disorder) and primary depressive disorder (unipolar depression) Am J Psychiatry 1993 ; 150 : 1176-1181
L'Encéphale Volume 34, numéro S4 pages 130-137 (juin 2008)
C. Gay
Clinique de Garches
Difficile d’aborder un sujet aussi vaste en si peu de temps. Nous nous centrerons sur la ou plutôt les classifications actuelles des troubles bipolaires et leur hétérogénéité.
Les troubles bipolaires appartiennent à la catégorie des troubles de l’humeur au même titre que les troubles unipolaires (ou dépressif récurrent), les troubles dysthymiques et cyclothymiques et les troubles de l’adaptation avec humeur dépressive. Certains troubles de la personnalité et tempéraments se situent aux confins des troubles de l’humeur. La définition actuelle des troubles de l’humeur fait référence à deux systèmes de classification (ICD10 et DSM IV) qui sont partiellement superposables. L’élargissement du concept de bipolarité ne peut que contribuer à rendre encore plus hétérogènes ces troubles de l’humeur.
Historique
Les premières descriptions remontent à la médecine grecque, mais l’alternance manie-dépression est rapportée par T. Willis (1622-1675) [9]. Baillarger en 1854 décrit la folie à double forme qui se caractérise par « deux périodes régulières, l’une de dépression et l’autre d’excitation ». Simultanément Falret publie un article consacré à la folie circulaire. Kraepelin distingue 18 types évolutifs de folie maniaco-dépressive, dont les formes unipolaires et bipolaires, sans les opposer pour autant. Ultérieurement, Kleist et Leonard subdivisent les formes unipolaires (maniaques ou dépressives) et formes bipolaires. Cette conception dichotomique du trouble est rejointe par Perris [18], Angst et al . [2 et 3] et Winokur et al. [20]. Les classifications officielles les plus récentes (ICD 10 et DSM IV) maintiennent la distinction unipolaire/bipolaire. Plus récemment on assiste à l’élargissement de ce concept avec l’apparition de la notion de spectre bipolaire.
Classifications
La psychose maniaco-dépressive a longtemps été subdivisée en deux catégories de troubles : unipolaires et bipolaires. Aujourd’hui, cette subdivision reste d’actualité, même si les dénominations sont différentes et le terme de psychose abandonné. L’élargissement du concept de troubles bipolaires aboutit à l’intégration de formes atténues, tant dans leur intensité que leur durée, de tempéraments et troubles de la personnalité.
Selon le DSM IV, ce trouble se subdivise en trouble bipolaire de type I (BPI) de celui de type II (BPII). Le trouble BPI se caractérise par un ou plusieurs épisodes maniaques ou mixtes et des épisodes dépressifs d’intensité variable (le diagnostic peut être posé même en l’absence de trouble dépressif). Une cause organique, iatrogénique ou toxique ne permet pas de retenir ce diagnostic. Le trouble BPII se définit par l’existence d’un ou plusieurs épisodes hypomaniaques et un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs. (Tableau 1).
L’ICD 10 ne distingue qu’une catégorie de trouble bipolaire, avec néanmoins des sous-catégories en fonction de l’intensité des épisodes maniaques et dépressifs et l’existence ou non de troubles psychotiques (Tableau 2).
Tableau 1 - Les troubles de l’humeur de l’adulte (DSM IV)
•Troubles Bipolaires
- Troubles bipolaires de type I
- Troubles bipolaires de type II
- Troubles cyclothymiques
- Troubles bipolaires non spécifiés
•Cycle ultrarapide
•Épisodes hypomaniaques récurrents
•Un épisode surajouté à un trouble psychotique
•Trouble BP dont le caractère primaire n’a pu être établi
•Les autres troubles de l’humeur
- Troubles dûs à une affection médicale
- Troubles induits par une substance (stimulants, stéroïdes, L-Dopa, antidépresseurs, sismothérapie, photothérapie…)
Tableau 2 - Les troubles de l’humeur de l’adulte (ICD 10)
•Troubles Bipolaires
- Troubles bipolaires
- Autres troubles bipolaires (Épisodes maniaques récurrents, troubles bipolaires de type II)
- Troubles bipolaires sans précision
•Les autres troubles de l’humeur
- Troubles de l’humeur persistants (cyclothymie, dysthymie, autres troubles de l’humeur persistants)
- Les autres troubles de l’humeur (épisode mixte, trouble dépressif récurrent bref)
Autres classifications
Klerman [14] en 1981 distingue six catégories de troubles bipolaires : les bipolaires I et II, tels qu’ils sont définis classiquement, les bipolaires III chez lesquels les états maniaques ou hypomaniaques ont été induits par des traitements médicamenteux, les bipolaires IV qui correspondent au trouble cyclothymique, les bipolaires V qui présentent des antécédents familiaux de troubles bipolaires et les bipolaires VI qui se caractérisent par des récurrences maniaques.
20 ans après, Akiskal et Pinto [1] individualisent 8 formes différentes :
Trouble bipolaire 1/2 : trouble schizo-bipolaire
Trouble bipolaire I : maladie maniaco-dépressive
Trouble bipolaire I 1/2 : dépression avec hypomanie prolongée
Trouble bipolaire II : dépression associée à des phases hypomaniaques spontanées discrètes
Trouble bipolaire II 1/2 : dépression sur fond de tempérament cyclothymique
Trouble bipolaire III : dépression avec hypomanie induite par les antidépresseurs ou un autre traitement
Trouble bipolaire III 1/2 : oscillations marquées de l’humeur associées à un contexte addictif ou un abus d’alcool
Trouble bipolaire IV : dépression sur fond de tempérament hyperthymique
La version du DSM V devrait inclure les bipolaires I et II, tels qu’ils sont définis actuellement, les BP II 1/2 qui seraient représentés par les troubles cyclothymiques, les bipolaires III qui intégreraient les états maniaques ou hypomaniaques induits par des traitements et les bipolaires IV qui correspondraient aux hyperthymies.
Ces dernières classifications montrent bien la tendance à l’extension du concept de troubles bipolaires, qui regroupe sous le terme de spectre bipolaire différentes entités: troubles, personnalités et tempéraments.
Hétérogénéité des troubles bipolaires
Les expressions des troubles bipolaires sont multiples et ne figurent pas obligatoirement dans les classifications actuelles.
Variabilité de la symptomatologie
La symptomatologie maniaque est très polymorphe dans son expression et les symptômes les plus fréquents ne sont pas obligatoirement les plus caractéristiques d’un état maniaque. Il existe différentes expressions symptomatiques : aiguës (avec une agitation marquée, des comportements violents, des réactions clastiques), confuses (avec une activité oniriques, des troubles cognitifs marqués, une désorientation dans le temps), hallucinatoires (avec le plus souvent des hallucinations auditives et visuelles), délirantes (où l’on retrouve des thèmes de mégalomanie, persécution, mystiques, politiques, érotiques…). Le plus souvent le contenu du délire est congruent à l’humeur, c’est-à-dire que les thèmes sont en rapport avec les idées de grandeur et l’humeur expansive. Goodwin et Jamison [9] regroupent en quatre catégories les principaux symptômes cliniques en mentionnant leur fréquence:
Symptômes thymiques: Irritabilité 80 %, euphorie 71 %, dépression 72 %, labilité 69 %, expansivité 60 %
Symptômes cognitifs: idées mégalomaniaques 78 %, fuite des idées 71 %, distractibilité, troubles de la concentration 71 %, confusion 25 %
Symptômes psychotiques: idées délirantes 48 % ; idées délirantes de grandeur 47 %, idées de persécution 28 %, syndrome d’influence 15 %, hallucinations 15 %
Comportement et activités: hyperactivité 87 %, réduction du sommeil 81 %, violence-agression 49 %, logorrhée: 98 %, nudité, exhibitionnisme sexuel: 29 %, hypersexualité : 57 %, extravagance: 55 %, préoccupations religieuses : 39 %
L’état hypomaniaque présente les mêmes caractéristiques que l’état maniaque, mais les symptômes sont moins nombreux, moins intenses et moins invalidants. Le diagnostic d’un état hypomaniaque peut se poser lorsque les symptômes persistent au moins quatre jours.
L’état hypomaniaque passe très souvent inaperçu lors de l’interrogatoire du patient sur son histoire et ses antécédents. La réduction du temps de sommeil, la multiplication des projets, l’absence de fatigabilité, une sociabilité inhabituelle avec une plus grande facilité de contact, une augmentation de l’activité, une distractibilité, une surestimation de son image, une surconsommation d’alcool et de tabac constituent des éléments d’orientation diagnostique. L’interrogatoire de l’entourage prend toute son importance. Il permet de retrouver l’existence d’une cassure par rapport à l’état antérieur, de comportements et propos inhabituels, de changements de l’humeur.
L’état mixte se caractérise par l’intrication de symptômes maniaques et dépressifs. Il est difficile à distinguer de l’état maniaque où l’on retrouve une labilité de l’humeur [10 et 16]. La justification de son individualisation repose sur le risque suicidaire élevé et le recours à des mesures thérapeutiques spécifiques. Les états mixtes et états dysphoriques sont observés dans 20 % des troubles bipolaires de Type I. Plus récemment ce concept a été élargi en intégrant dans cette catégorie de troubles les dépressions mixtes, dont la frontière avec les dépressions agitées est loin d’être précise.
Selon l’ICD 10 (10e Classification internationale des maladies), l’état mixte se caractérise par la présence de symptômes hypomaniaques, maniaques ou dépressifs, intriqués ou alternant rapidement sur une durée de deux semaines. La définition donnée par le DSM IV diffère par la durée qui est limitée à une semaine au minimum et la présence simultanée de critères cliniques d’épisodes dépressif et maniaque. Cette hétérogénéité des définitions témoigne de la difficulté à caractériser ce trouble.
Ce trouble appelle certains commentaires.
Il existe une confusion fréquente entre manie mixte, dépression mixte [5], état mixte, manie dysphorique, dysphorie et cycles ultrarapides. Ces états restent encore mal délimités et peu connus. Le diagnostic est difficile car au cours d’un épisode maniaque les éléments dépressifs et l’irritabilité peuvent être plus fréquents que l’euphorie. Il existe un risque suicidaire majeur dans un état mixte et en fin de manie.
Le diagnostic différentiel se discute en cas de trouble borderline dans lequel il existe fréquemment un état de dysphorie. Ce diagnostic est d’autant plus complexe que la comorbidité trouble bipolaire-trouble borderline est fréquente.
Face à un état dépressif, certains éléments peuvent orienter vers le diagnostic de trouble bipolaire. Les principaux indices d’un risque de virage de l’humeur sont les antécédents personnels et familiaux de troubles de l’humeur, la labilité thymique, l’inhibition psychomotrice très marquée, l’existence d’une hyperphagie et d’une hypersomnie, l’âge de début précoce, le début et la résolution aigus des épisodes, le tempérament sous-jacent et le niveau élevé d’énergie [17].
L’existence ou non d’un alcoolisme, de troubles du comportement, d’une originalité, de suicides ou de tentatives de suicides, de troubles anxieux, de troubles des conduites alimentaires, de troubles obsessionnels doivent être recherchées tant en ce qui concerne les antécédents familiaux que personnels.
États subsyndromiques
Les fréquents états subsyndromiques qui persistent entre les épisodes donnent au trouble bipolaire une dimension de chronicité. Angst et Presig [2] constatent que la totalité des épisodes représente 20 % de la vie des patients atteints. Golberg et al . [8] relèvent une évolution non favorable chez 41 % des patients. L’étude de suivi la plus récente apporte des chiffres encore plus impressionnants [12 et 13]. Sur une période de 13 ans de suivi en moyenne, les sujets bipolaires présentent un trouble significatif pendant la moitié du temps avec une prédominance de trouble dépressif.
Formes évolutives
Des critères évolutifs peuvent être utilisés pour caractériser le trouble bipolaire. Ils ont été étudiés principalement dans le cadre de la recherche d’indices prédictifs de réponse au traitement.
• La séquence évolutive Manie-Dépression-Intervalle libre (MDI) correspond à la forme la plus typique du trouble bipolaire et à celle qui répond le mieux aux sels de lithium. En revanche, la séquence Dépression-Manie-Intervalle libre (DMI) présente un taux de résistance plus élevée.
• Il existe des formes évolutives sans intervalle libre (formes circulaires ou rémittentes). Le passage de l’épisode maniaque à l’épisode dépressif, se fait plus ou moins brutalement, sans période inter-critique. Ces formes qui répondent moins bien aux traitements thymorégulateurs s’aggravent au cours du temps avec une accélération des cycles.
• Les cycles rapides se caractérisent par une fréquence d’au moins quatre épisodes par an et classiquement une moins bonne réponse à la lithiothérapie. Elles sont plus fréquentes chez la femme (surtout après la ménopause), en cas d’hypothyroïdie et d’alcoolisme.
• Les formes à évolution indéterminée ne correspondent à aucune périodicité établie. Un épisode d’excitation peut être suivi d’une période d’intervalle libre de plusieurs années et suivi d’un épisode du même type ou de polarité opposée;
• Des formes à évolution saisonnière sont décrites, sans qu’il ne soit possible d’établir une périodicité régulière, à la différence des troubles affectifs saisonniers (SAD) qui se caractérisent par l’apparition du trouble à la fin de l’automne et certaines caractéristiques cliniques telles l’hypersomnie, l’hyperphagie, une fatigabilité, une sensitivité… Il est possible qu’un trouble affectif saisonnier soit associé à un trouble bipolaire.
Multidéterminisme
L’hétérogénéité du trouble bipolaire tient aussi à son pluridéterminisme. Le modèle biopsychosocial s’applique à ce trouble, mettant en avant la notion de vulnérabilité qui s’exprime tant au plan de la génétique qu’à celui de la personnalité, l’environnement jouant le plus souvent un rôle de détonateur. La forme qui apparaît la plus homogène est probablement le type I, considérée par beaucoup de cliniciens comme la maladie maniaco-dépressive caractéristique, et qui fait l’objet de la plupart des recherches du fait de critères cliniques bien établis. Il a pu être individualisé plusieurs sous-groupes en fonction de l’âge de début [4]. L’existence d’une vulnérabilité génétique vis-à-vis du trouble bipolaire est établie depuis longtemps. Le risque de présenter un trouble bipolaire si un des parents de premier degré est atteint est de 10 % par rapport à la prévalence de 1 à 2 % dans la population générale. Le rôle des facteurs psychologiques et environnementaux dans le déclenchement de la maladie et des accès a longtemps été minimisé, cette pathologie étant considérée comme endogène. Les facteurs environnementaux fragilisants sont de mieux en mieux identifiés. Il peut s’agir d’événements précoces de vie, tel le deuil d’un parent, une carence affective ou des agressions sexuelles dans l’enfance.
Au cours de la vie il existe d’autres facteurs précipitants tels que: les événements pénibles de vie (difficultés conjugales, problème professionnel ou financier…) et les stress répétés (surmenage professionnel, manque de sommeil, non-respect des rythmes biologiques propres). Il a également été démontré qu’un niveau d’expression émotionnelle élevé dans les familles (emportements ou cris pour des événements mineurs) était un facteur précipitant de la maladie. L’élément qui paraît le plus déterminant dans le déclenchement du trouble, indépendamment de la réaction émotionnelle, est son impact sur les rythmes sociaux.
Cette influence des événements de vie tendrait à décroître en fonction du nombre de récidives. Les épisodes provoqueraient une sensibilisation (ou kindling), c’est-à-dire une vulnérabilité biologique croissante vis-à-vis des événements déclenchants ou précipitants.
Des causes organiques peuvent être retrouvées. Elles concernent le plus souvent les formes à début tardif, après l’âge de 50 ans.
Fréquence des comorbidités
La fréquence des comorbidités renforce encore plus la dimension d’hétérogénéité. Dans 20 % des cas, le trouble bipolaire peut être associé à un trouble anxieux. Il en est de même avec les conduites addictives, pour lesquels les chiffres sont beaucoup plus élevés (60 %) et les troubles des conduites alimentaires.
En outre les comorbidités pourront aggraver le pronostic en influant directement sur le cours évolutif de la maladie. L’abus d’alcool et de drogues favorise un âge de début plus précoce, une fréquence plus élevée et une durée plus prolongée des épisodes, une majoration des symptômes dépressifs, la persistance de symptômes résiduels entre les épisodes, un retard de la guérison (ou rémission), une évolution chronique plus marquée avec des taux d’handicap et de mortalité plus élevés, une augmentation de la fréquence des cycles rapides, états mixtes et états dysphoriques. En outre, l’abus de substance peut masquer le trouble bipolaire et différer son diagnostic et sa prise en charge.
Une autre comorbidité fréquente est le trouble de la personnalité. Ce trouble existe lorsque les traits de caractère et les attitudes du sujet sont rigides, inadaptés et qu’ils sont responsables d’une altération significative du fonctionnent social et professionnel et d’une souffrance subjective. Il est classique de souligner la fréquence de la comorbidité trouble bipolaire-trouble borderline. Néanmoins le diagnostic du trouble borderline n’est pas simple dans ce contexte car il existe plusieurs caractéristiques cliniques communes aux deux troubles. Il est recommandé de ne poser ce diagnostic qu’après stabilisation de l’état thymique. Le trouble borderline se caractérise par une angoisse constante et diffuse, des symptômes d’allure névrotique multiples et changeants, un état dysphorique (humeur labile avec prédominance d’éléments dépressifs), une impulsivité, une instabilité, des troubles des conduites alimentaires. D’autres éléments cliniques sont relevés: fréquence élevée d’antécédents familiaux de troubles de l’humeur, troubles thymiques pouvant avoir différentes expressions: dysthymie, cyclothymie, troubles bipolaires de type II, états mixtes. L’évolution favorable sous anticonvulsivant et l’aggravation par les antidépresseurs rendent encore plus difficile la distinction de ce trouble d’une bipolarité.
Critériologie
Indépendamment des manifestations propres à la maladie et à la personnalité, les critères cliniques permettant d’établir le diagnostic de trouble bipolaire sont loin d’être homogènes, ce qui permet d’expliquer certains chiffres très élevés de prévalence.
Figure 1 : Spectre des troubles bipolaires.
Le spectre des troubles bipolaires s’est récemment élargi en intégrant les tempéraments cyclothymiques et hyperthymiques, les troubles saisonniers et les formes évolutives brèves. Les différentes catégories de troubles qui appartiennent au spectre bipolaire ne justifient pas les mêmes mesures thérapeutiques et ne présentent pas les mêmes critères de gravité.
Les troubles cyclothymiques (md)
Aux confins des troubles bipolaires se situent les troubles cyclothymiques qui se définissent par une succession sur une durée minimale de 2 ans, de périodes d’hypomanie (m) et de dépressions légères (d). Isolé par Kahlbaum en 1882, le trouble cyclothymique constitue une forme atténuée de trouble bipolaire. Sa prévalence serait de 1 % dans la population générale avec une prédominance féminine. Le début des troubles se manifesterait entre 15 et 25 ans. Il s’agit d’états sub-syndromiques qui ne présentent ni les critères d’un épisode dépressif majeur ni ceux d’un épisode maniaque. Ces états sont le plus souvent subis par le patient qui n’en reconnaît pas le caractère pathologique et qui n’a pas accès aux soins. Le caractère invalidant de ce trouble est néanmoins reconnu en raison de sa chronicité en particulier sur les plans socio-professionnel et familial. Les cyclothymiques, du fait des variations fréquentes et rapides de l’humeur, sont plus sensibles aux situations de stress et présentent des difficultés d’adaptation. L’évolution se fait dans un 1/3 des cas vers un trouble bipolaire de type II.
Tempérament cyclothymique
Le tempérament cyclothymique se distingue théoriquement du trouble cyclothymique par son aspect prémorbide. Il peut être interprété comme un état de vulnérabilité qui précéderait la pathologie de l’humeur. Il pourrait être déterminé génétiquement. Les caractéristiques comportementales décrites par Akiskal: hypersomnie alternant avec un besoin réduit de sommeil, le repli introversif alternant avec une recherche sociale désinhibée, la restriction de la production verbale alternant avec la logorrhée, les pleurs inexpliqués alternant avec des plaisanteries et facéties excessives, l’irrégularité qualitative et quantitative marquée dans la productivité associée à des horaires inhabituellement élevés de travail.
Trois autres tempéraments ont été décrits: hyperthymique, dysthymique sub-affectif et irritable.
Tempérament hyperthymique
Plus fréquemment retrouvé chez les leaders, les chefs d’entreprises, ce tempérament se caractérise par une facilité de contact, des projets multiples, une combativité, une hyperactivité, un sommeil réduit… Il est connu aussi sous la dénomination d’hypomanie constitutionnelle. Les principaux traits de personnalité hypomaniaque décrits par Akiskal sont la gaîté, l’optimisme, l’exubérance, l’impulsivité, la prodigalité, la naïveté, l’excès de confiance, l’avidité de contact, la chaleur, l’extraversion, l’intrusion, la désinhibition, la recherche de sensations…
Le tempérament dysthymique ne devrait figurer dans le spectre des troubles bipolaires du fait de la permanence des éléments dépressifs.
Le tempérament irritable se caractérise par une tendance à ruminer, broyer du noir, une critique excessive et permanente, des plaisanteries négatives, un obstructionnisme, une agitation dysphorique, une impulsivité et surtout une humeur changeante, irritable et colérique.
Les constats
Les premières manifestations cliniques du trouble bipolaire peuvent passer inaperçues. Lorsque la symptomatologie thymique est typique et évocatrice d’une bipolarité, l’accès aux soins, le diagnostic et la prise en charge ne seront pas problématiques. En revanche, le trouble bipolaire peut s’exprimer différemment et ne pas être reconnu d’emblée. Cette situation est malheureusement la plus fréquente. Certaines données épidémiologiques illustrent cette réalité : 9 ans d’évolution avant que le diagnostic n’ait été posé correctement et qu’un traitement spécifique n’ait été mis en place, intervention de 4 à 5 médecins différents [11 et 15]. Il peut s’agir de symptomatologies tronquées, de conduites impulsives, d’alcoolisations périodiques, d’achats compulsifs, d’épisode délirant aigu, d’actes médico-légaux, de comorbidités qui masquent ou modifient la symptomatologie bipolaire. Une bipolarité devrait systématiquement être recherchée en cas d’abus de substances (40 à 60 % des troubles bipolaires), de troubles anxieux (trouble panique, anxiété généralisée, troubles obsessionnels compulsifs…), de troubles des conduites alimentaires, Dans ces différentes situations, l’enquête anamnéstique et l’évaluation clinique permettront de retrouver des indices en faveur d’une bipolarité: réactivité aux antidépresseurs: inefficacité, aggravation paradoxale, apparition de troubles du caractère et du comportement, virage de l’humeur. Outre la recherche de troubles thymiques, l’examen sera complété par la recherche d’antécédents familiaux de troubles thymiques, de suicide, de dépendance à des toxiques, de troubles anxieux, d’antécédents personnels d’hyperactivité avec déficit de l’attention durant l’enfance, de dépression ou psychose du post-partum chez la femme, ainsi que des manifestations dépressives pré-menstruelles.
Au terme de cette évaluation, l’index de bipolarité pourra être calculé (Sachs). Il prend en compte les caractéristiques de l’épisode, l’âge de début, la réponse au traitement, la qualité des intervalles libres et l’évolution ainsi que l’existence ou non de troubles associés et les antécédents familiaux. Le calcul de cet index trouve sa justification à la fois dans la démarche diagnostique et le choix du ou des traitements. Il permet d’évaluer en quelque sorte « la pureté » ou « le poids » de la maladie bipolaire. Un index supérieur à 60 constitue un indice en faveur d’un trouble caractérisé qui justifie un traitement thymorégulateur. Néanmoins un faible index ne peut en aucun cas faire renoncer à cette classe de médicaments qui pourra être prescrite aussi pour ses propriétés symptomatiques anti-agressive et anti-impulsive.
Au terme de cette description soulignant l’importante hétérogénéité du trouble bipolaire, il est possible d’envisager le trouble sous deux angles opposés, le syndrome nucléaire ou le spectre bipolaire élargi [6 et 7].
La conception restrictive du trouble, correspond partiellement à la maladie maniaco-dépressive de Kraepelin. Elle regroupe les troubles bipolaires de type I et II et concerne 1 à 2 % de la population générale. L’index de bipolarité (Sachs) est élevé et l’approche est celle d’une maladie homogène, bien délimitée, accessible à « la recherche ». M-L Bourgeois [6] reprend les propos de Baldessarini « le trouble bipolaire apporte l’espoir de représenter une cible phénotypique cohérente et traitable pour des études génétiques, biologiques et de thérapeutiques expérimentales ».
La conception élargie du trouble est principalement défendue par Klerman 1981, Potter 1998, Akiskal, Hirschfeld. Elle permet d’avoir un autre regard sur les épisodes dépressifs, soulignant le risque de bipolarisation ou de méconnaissance du trouble bipolaire et élargit l’indication des thymorégulateurs aux formes marginales. Elle intègre les différents types de troubles thymiques, les tempéraments, les personnalités… Selon cette conception, 1/3 à 1/2 des dépressions seraient à intégrer dans le cadre évolutif d’un trouble bipolaire et la fréquence se situerait dans une fourchette comprise entre 3 à 6 %, voire beaucoup plus.
L’index de bipolarité dans ce cadre est très variable.
Le trouble bipolaire tel qu’il est défini aujourd’hui n’est pas toujours facile à diagnostiquer du fait de son hétérogénéité clinique et de la fréquence des comorbidités. Face à un trouble aux expressions multiples et à l’élargissement du spectre de la bipolarité, on est en droit de s’interroger sur la validité des guidelines. La majorité sont proposés pour des troubles bipolaires de type I et II qui représentent les formes les plus caractérisées dans une vision restrictive. Ils ne peuvent être appliqués à l’ensemble du spectre des troubles bipolaires. Poser le diagnostic de troubles bipolaires constitue une première étape qui implique ensuite d’identifier le type de trouble, la personnalité sous-jacente, l’existence ou non de comorbidité, les modalités évolutives.
Références
[1]Akiskal H.S., Pinto O. The evolving bipolar spectrum Psychiatric Clinics North America 1999 ; 22 : 517-534
[2]Angst J., Presig M. Course of a clinical cohort of unipolar, bipolar and schizoaffective patients. Results of a prospective study from 1959 to 1985 Scheweiz Arch Neurol Psychiatry 1995 ; 146 : 5-16
[3]Angst J., Sellaro R. Historical perspectives and natural history of bipolar disorder Biol Psychiatry 2000 ; 48 : 445-457
[4]Bellivier F., Golmard J.L., Rietschel M., et al. Age at onset in bipolar I affective disorder : further evidence for three subgroups Am J Psychiatry 2003 May ; 160 (5) : 999-1001
[5]Benazzi F. Depressive mixed state: testing different definitions Psychiatry Clin Neurosci 2001 ; 55 : 647-652
[6]Bourgeois M.-L. Manie et Dépression Paris: Odile Jacob; 2007.
[7]Cassano G.B., Rucci P., Frank H., et al. The mood spectrum in unipolar abs bipolar disorder: argument for a unitary approach Am J Psychiatry 2004 ; 164 : 1264-1269
[8]Golberg J., Harrow M., Grossman L. Course and outcome in bipolar affective disorder: a longitudinal follow-up study Am J Psychiatry 1995 ; 152 : 379-384
[9]Goodwin F.K., Jamison K.R. Manic-depressive illness New York Oxford: Oxford University Press ed.; 1990.
[10]Henry C. Du concept d’état mixte à la dimension dysphorique des manies Paris: Doin; 1999.
[11]Hirshfeld R.M.A., Calabrese J.R., Weissman M.M., et al. Screening for bipolar disorder in the community J Clin Psychiatry 2003 ; 64 : 53-59
[12]Judd L.L., Akiskal H.S., Schettler P.J., et al. A prospective investigation of the natural history of the long-term weekly symptomatic status of bipolar II disorder Arch Gen Psychiatry 2003 ; 60 : 261-269
[13]Judd L.L., Akiskal H.S., Schettler P.J., et al. The long-term natural history of the weekly symptomatic status of bipolar I disorder Arch Gen Psychiatry 2002 ; 59 : 530-537
[14]Klerman G.L. The spectrum of mania Compr Psychiatry 1981 ; 22 : 11-20
[15]Lish J.D., Dime-Meenan S., Whybrow P.C., et al. The national depressive and manic-depressive association (DMDA) survey of bipolar members J Affect Disord 1994 ; 31 : 281-294
[16]Mac Elroy S.L., Keck P.E., Pope H.G., et al. Clinical abs research implications of the diagnostic of dysphoric or mixed mania and hypomania Am J Pychiatry 1992 ; 149 : 1633-1644
[17]Mitchel P.B., Wilhelm K., Parker G., et al. The clinical features of bipolar depression: a comparison with matched major depressive disorders patients J Clin Psychiatry 2001 ; 62 : 212-216
[18]Perris C. A study of bipolar and unipolar recurrent depressive psychoses Acta Psychiat Scand 1966 ; 42 : 194
[19]Sachs G.S. Strategies for improving treatment of bipolar disorder : integration of measurement and management Acta Psychiatr Scand 2004 ; 110 : 7-17
[20]Winokur G., Coryelle W., Endicott J., et al. Further distinctions between manic-depressive illness (bipolar disorder) and primary depressive disorder (unipolar depression) Am J Psychiatry 1993 ; 150 : 1176-1181
L'Encéphale Volume 34, numéro S4 pages 130-137 (juin 2008)
Re: Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
Un détail...
je n'ai pas bien saisi, dans les cycles :
manie-dépression-intervalle libre
dépression-manie-intervalle libre
faut-il comprendre que la manie déclenche la dépression
et que la dépression amène à la manie (sans la déclencher) ?
de manière systématique ?
Intéressant an tous cas ces recherches !
bonne soirée !
je n'ai pas bien saisi, dans les cycles :
manie-dépression-intervalle libre
dépression-manie-intervalle libre
faut-il comprendre que la manie déclenche la dépression
et que la dépression amène à la manie (sans la déclencher) ?
de manière systématique ?
Intéressant an tous cas ces recherches !
bonne soirée !
Polly- Nombre de messages : 39
Age : 50
Type troubles : cyclo ?
Date d'inscription : 19/02/2010
Re: Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
ça dépend les cas, l'un succède à l'autre, sans nécessairment le déclencher.. certain auront une manie d'abord puis une dépression, puis un intervalle libre (pas d'intervalle libre chez les cyclothymiques, en tout cas moi je connais pas ça, un intervalle libre) d'autre une dépression suivie d'une manie ou hypomanie, puis intervalle libre.. en fait, si j'ai compris, tous les cas de figures sont possible
Re: Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
Un Grand Merci Jacques !
Joha- Nombre de messages : 4786
Type troubles : Etoilés & Mutants : depuis toujours. .................................................................................... Trouble de l'humeur réactionnel (en comorbidité), hyperesthésie et sensitivité majeure. .................................................................................. Déficit Attentionnel. ................................................................................... Syndrome d'Asperger (faisant partie des Troubles du Spectre de l'Autisme). ................................................................................... Antécédents de Dépersonnalisation lors de l'enfance et adolescence. ...................................................................................
Date d'inscription : 25/07/2009
Re: Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
Moi qui suis étiquetée bipolaire de type II, la notion d'intervalle libre m'est assez étrangère (hélas).
Je crois que tous les cas médicalement recensés, les catégories, et autres sous-catégories peuvent se combiner à l'infini.
Je crois que tous les cas médicalement recensés, les catégories, et autres sous-catégories peuvent se combiner à l'infini.
muriel- Nombre de messages : 75
Type troubles : TB II - états mixtes
Emploi / Statut : Emploi stable
Date d'inscription : 31/10/2008
Re: Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
bonsoir muriel, tu vas comprendre, l'interval libre c'est la mitant mdrmuriel a écrit:Moi qui suis étiquetée bipolaire de type II, la notion d'intervalle libre m'est assez étrangère (hélas).
Je crois que tous les cas médicalement recensés, les catégories, et autres sous-catégories peuvent se combiner à l'infini.
bisous
pipo- Nombre de messages : 236
Age : 77
Type troubles : bipolaire
Emploi / Statut : retraiter
Date d'inscription : 07/06/2008
Re: Les troubles bipolaires et autres troubles de l’humeur
bonjour jacques ,
Je ne suis pas arrivée a tout lire et j'ai mal aux yeux et a la tete de tant d'informations .Je ne me suis jamais écoutée assez au point de savoir exactement , mais me reviennent a l'esprit vers la trentaine des moments d'exaltation ou j'aurais "bouffé" le monde , suivi de moments d'extreme mélancolie, qui pouvaient durer plusieurs mois , je couchais tres facilement aussi , mais je ne voulais pas etre malade , me plaindre , prendre des médicaments . C'est a cette époque que j'ai fait beaucoup de thérapies qui m'ont beaucoup aidé , je croyais m'en sortir comme ça!!Depuis quelques années , j'ai tendance a me lancer des défis , a prendre des risques financiers , a avoir des "dadas" surtout ces derniers mois , mais grace a toi , a vous je commence a y voir plus clair .Et comprendre me permet de m'accepter d'avantage ,jusque là , je ne comprenais que mes moments dépressifs et encore ...surtout apres ma ts de 93 . Je n'arrives plus a etre continue dans mon travail , il faut pourtant que je continu et que je trouve un a peu pres bon rytme pour que mon commerce tienne la route pendant encore 5 ans .Je suis hyper vigilante pour ne pas risquer gros financierement parceque là c'est dépression assurée ! Merci pour toutes ces infos . A+
Je ne suis pas arrivée a tout lire et j'ai mal aux yeux et a la tete de tant d'informations .Je ne me suis jamais écoutée assez au point de savoir exactement , mais me reviennent a l'esprit vers la trentaine des moments d'exaltation ou j'aurais "bouffé" le monde , suivi de moments d'extreme mélancolie, qui pouvaient durer plusieurs mois , je couchais tres facilement aussi , mais je ne voulais pas etre malade , me plaindre , prendre des médicaments . C'est a cette époque que j'ai fait beaucoup de thérapies qui m'ont beaucoup aidé , je croyais m'en sortir comme ça!!Depuis quelques années , j'ai tendance a me lancer des défis , a prendre des risques financiers , a avoir des "dadas" surtout ces derniers mois , mais grace a toi , a vous je commence a y voir plus clair .Et comprendre me permet de m'accepter d'avantage ,jusque là , je ne comprenais que mes moments dépressifs et encore ...surtout apres ma ts de 93 . Je n'arrives plus a etre continue dans mon travail , il faut pourtant que je continu et que je trouve un a peu pres bon rytme pour que mon commerce tienne la route pendant encore 5 ans .Je suis hyper vigilante pour ne pas risquer gros financierement parceque là c'est dépression assurée ! Merci pour toutes ces infos . A+
bulle- Nombre de messages : 383
Age : 74
Type troubles : troubles de l'humeur????
Emploi / Statut : a mon compte
Date d'inscription : 05/12/2009
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