Le communautarisme homophobe
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Le communautarisme homophobe
TRIBUNE Ce qui fédère les opposants au mariage pour tous est d’abord et principalement le sentiment anti-homosexuel.
Par DANIEL BORRILLO, juriste, Paris-Ouest-Nanterre.
Dans aucun pays au monde, une fois le mariage pour les couples de même sexe adopté, la mobilisation conservatrice n’aura déployé autant d’énergie pour dénoncer une loi démocratique comme la droite extrême française. Si le mouvement dépasse aujourd’hui la dénonciation de la loi Taubira, il ne faut pas oublier que ce qui fédère le Tea Party hexagonal est d’abord et principalement le sentiment anti-homosexuel. L’acte fondateur de « la génération manif pour tous », pour reprendre la une d’un grand journal conservateur, est la négation des familles homoparentales.
Pendant longtemps, à chaque avancée des droits, ces mêmes médias et ses idéologues n’hésitaient pas à brandir la menace du communautarisme gay, désintégrateur du tissu républicain. En revanche, face à l’organisation d’une minorité agissante basée sur le refus des droits pour une partie des citoyens, personne ne fait référence au communautarisme homophobe. D’abord, il s’agit d’une minorité. Contrairement à l’idée répandue par certains médias selon lesquels la loi Taubira diviserait les Français, les opposant à l’égalité des droits pour les LGBT constituent une minorité. Une large majorité est favorable au mariage (67%) et si l’opinion sur l’adoption recule de 53% à 49% cela s’explique par la confusion, entretenue de manière irresponsable par l’opposition, entre adoption, PMA et GPA. Et rappelons-nous que près de trois quarts des Français (72%) pensent que les manifestations contre la loi sur le mariage pour tous doivent s’arrêter.
Il s’agit bien d’une communauté, dans le sens donné par la sociologie, c’est-à-dire un groupe d’individus caractérisé par l’attachement spontané à certaines valeurs : la famille traditionnelle, la patrie, la religion… Valeurs considérées comme relevant du sens commun (« un père + une mère c’est élémentaire », « il n’y a pas d’ovules dans les testicules » pouvait on lire dans les pancartes de la manif pour tous). Le moteur de cette communauté n’est autre que l’antipathie envers l’homosexualité. En effet, d’autres lois sociétales « menaçant » les valeurs défendues par la communauté homophobe n’ont pas suscité autant d’acharnement que la loi sur le mariage pour tous. Ni la loi sur l’adoption plénière pour un individu en 1966, ni la loi Neuwirth légalisant la contraception en 1967, ni la reconnaissance des enfants nés hors mariage en 1972, ni la loi Veil sur l’IVG en 1975, ni encore l’abolition de la peine de mort en 1981 n’ont mobilisés autant les parlementaires conservateurs et les forces réactionnaires que le mariage pour tous. Mobilisation d’autant plus étonnante qu’elle reproduit une autre grande réaction contre le Pacs en 1999.
Le sentiment anti-homosexuel (plus ou moins déguisée en défense de l’intérêt de l’enfant) se déployant de surcroit sur les allures de la Gay Pride (Manif pour tous) ou aux accents de révolte à la Act-Up (le Printemps français), constitue le lien unissant des groupes aussi variés que le Renouveau français, les Jeunesses nationalistes, le GUD, les catholiques traditionnalistes, certains militants et représentants du Front National et de l’UMP. Toutefois, sans la complicité de milliers de personnes qui disent ne pas appartenir à ces formations mais qui n’hésitent pas à manifester à leurs côtés, ce type d’expression se réduirait à sa dimension purement folklorique. Aussi, les explications des politologues médiatiques qui non seulement se refusent à qualifier ces expressions d’homophobes mais de surcroit nous expliquent que cela va bien au-delà du mariage pour tous, devraient seulement un instant se mettre dans la peau des millions de gays et de lesbiennes qui assistent désolés à la violence d’une minorité, à l’indifférence d’une majorité et à la relativisation des experts, bref à tous les éléments permettant de faire de cette haine anti-homosexuelle une chose banale…
http://www.liberation.fr/societe/2013/05/27/le-communautarisme-homophobe_906023
Par DANIEL BORRILLO, juriste, Paris-Ouest-Nanterre.
Dans aucun pays au monde, une fois le mariage pour les couples de même sexe adopté, la mobilisation conservatrice n’aura déployé autant d’énergie pour dénoncer une loi démocratique comme la droite extrême française. Si le mouvement dépasse aujourd’hui la dénonciation de la loi Taubira, il ne faut pas oublier que ce qui fédère le Tea Party hexagonal est d’abord et principalement le sentiment anti-homosexuel. L’acte fondateur de « la génération manif pour tous », pour reprendre la une d’un grand journal conservateur, est la négation des familles homoparentales.
Pendant longtemps, à chaque avancée des droits, ces mêmes médias et ses idéologues n’hésitaient pas à brandir la menace du communautarisme gay, désintégrateur du tissu républicain. En revanche, face à l’organisation d’une minorité agissante basée sur le refus des droits pour une partie des citoyens, personne ne fait référence au communautarisme homophobe. D’abord, il s’agit d’une minorité. Contrairement à l’idée répandue par certains médias selon lesquels la loi Taubira diviserait les Français, les opposant à l’égalité des droits pour les LGBT constituent une minorité. Une large majorité est favorable au mariage (67%) et si l’opinion sur l’adoption recule de 53% à 49% cela s’explique par la confusion, entretenue de manière irresponsable par l’opposition, entre adoption, PMA et GPA. Et rappelons-nous que près de trois quarts des Français (72%) pensent que les manifestations contre la loi sur le mariage pour tous doivent s’arrêter.
Il s’agit bien d’une communauté, dans le sens donné par la sociologie, c’est-à-dire un groupe d’individus caractérisé par l’attachement spontané à certaines valeurs : la famille traditionnelle, la patrie, la religion… Valeurs considérées comme relevant du sens commun (« un père + une mère c’est élémentaire », « il n’y a pas d’ovules dans les testicules » pouvait on lire dans les pancartes de la manif pour tous). Le moteur de cette communauté n’est autre que l’antipathie envers l’homosexualité. En effet, d’autres lois sociétales « menaçant » les valeurs défendues par la communauté homophobe n’ont pas suscité autant d’acharnement que la loi sur le mariage pour tous. Ni la loi sur l’adoption plénière pour un individu en 1966, ni la loi Neuwirth légalisant la contraception en 1967, ni la reconnaissance des enfants nés hors mariage en 1972, ni la loi Veil sur l’IVG en 1975, ni encore l’abolition de la peine de mort en 1981 n’ont mobilisés autant les parlementaires conservateurs et les forces réactionnaires que le mariage pour tous. Mobilisation d’autant plus étonnante qu’elle reproduit une autre grande réaction contre le Pacs en 1999.
Le sentiment anti-homosexuel (plus ou moins déguisée en défense de l’intérêt de l’enfant) se déployant de surcroit sur les allures de la Gay Pride (Manif pour tous) ou aux accents de révolte à la Act-Up (le Printemps français), constitue le lien unissant des groupes aussi variés que le Renouveau français, les Jeunesses nationalistes, le GUD, les catholiques traditionnalistes, certains militants et représentants du Front National et de l’UMP. Toutefois, sans la complicité de milliers de personnes qui disent ne pas appartenir à ces formations mais qui n’hésitent pas à manifester à leurs côtés, ce type d’expression se réduirait à sa dimension purement folklorique. Aussi, les explications des politologues médiatiques qui non seulement se refusent à qualifier ces expressions d’homophobes mais de surcroit nous expliquent que cela va bien au-delà du mariage pour tous, devraient seulement un instant se mettre dans la peau des millions de gays et de lesbiennes qui assistent désolés à la violence d’une minorité, à l’indifférence d’une majorité et à la relativisation des experts, bref à tous les éléments permettant de faire de cette haine anti-homosexuelle une chose banale…
http://www.liberation.fr/societe/2013/05/27/le-communautarisme-homophobe_906023
Invité- Invité
Re: Le communautarisme homophobe
Bonjour Marc,Il s’agit bien d’une communauté, dans le sens donné par la sociologie, c’est-à-dire un groupe d’individus caractérisé par l’attachement spontané à certaines valeurs : la famille traditionnelle, la patrie, la religion… Valeurs considérées comme relevant du sens commun (« un père + une mère c’est élémentaire », « il n’y a pas d’ovules dans les testicules » pouvait on lire dans les pancartes de la manif pour tous). Le moteur de cette communauté n’est autre que l’antipathie envers l’homosexualité. En effet, d’autres lois sociétales « menaçant » les valeurs défendues par la communauté homophobe n’ont pas suscité autant d’acharnement que la loi sur le mariage pour tous. Ni la loi sur l’adoption plénière pour un individu en 1966, ni la loi Neuwirth légalisant la contraception en 1967, ni la reconnaissance des enfants nés hors mariage en 1972, ni la loi Veil sur l’IVG en 1975, ni encore l’abolition de la peine de mort en 1981 n’ont mobilisés autant les parlementaires conservateurs et les forces réactionnaires que le mariage pour tous.
l'ignorance et l'intolérance existent hélas , merci d'avoir partager ce lien avec nous
Bonne journée
Invité- Invité
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