Revue : Sexe à Rome, au-delà des préjugés
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Revue : Sexe à Rome, au-delà des préjugés
Revue : Sexe à Rome, au-delà des préjugés
La revue Archéologie a consacré un numéro spécial à un sujet inattendu : le sexe à Rome.
Cyril Dumas, qui a supervisé le numéro, nous met en garde sur les clichés qui entourent cet aspect de la civilisation romaine.
La sexualité romaine était beaucoup moins souriante que peuvent le laisser penser les peintures de Pompéi...
Sexe à Rome - Au-delà des idées reçues
(Dossiers d'Archéologie (Hors série, avril-mai 2012), 76 pages, 9 euros, 2012)
Longtemps ignorée des analyses scientifiques, la sexualité à Rome est un sujet méconnu et entravée par de lourds clichés.
La faute résulte d’une importante iconographie illustrant le sexe masculin impudique et la sexualité débordante des Romains. Ces images révèlent la présence de corps enchevêtrés dans des positions que la morale moderne couvre du sceau du secret.
Les rares auteurs qui ont osé aborder le sujet ont souvent été victimes de leur ignorance ou de leur expérience vécue. Ainsi, ils n’hésitèrent pas à entretenir le mythe d’une sexualité sans tabou, emprunt de prostitution, de zoophilie, de scoptophilie, de pédophilie, d’homosexualité et de bestialité de groupe. Il est opportun de noter que votre auteur ne s’est pas intéressé à ce sujet par vice (!) mais en se penchant sur l’organisation d’une exposition consacrée à ces décors dits érotiques. Ces objets sont conservés à l’abri du regard des visiteurs dans une réserve fermée appelée les enfers des musées.
Or, cette iconographie singulière illustre Priape qui est le dieu le plus représenté du monde romain. Ce dieu de la fertilité de la nature et des hommes n’a aucun lien avec la prostitution.
Corrélativement, de nombreux décors de céramiques et de fresques révèlent l’intimité du couple.
L’ensemble de ces images semble exhorter à la luxure et au goût pour la licence.
Pourtant aujourd’hui, à l’obsession du «réalisme» succède une étape nouvelle avec la priorité donnée au «symbolique». Après avoir mené une étude scientifique sur l’ensemble des collections des musées européens l’auteur révèle de nouvelles positions jusqu’à présent inconnues.
L’interprétation de ces images nécessite de dresser le portrait d’une société en oubliant ses propres préjugés. Il faut aussi percevoir les nuances et les subtilités d’un sujet immatériel telle que la psychologie et la morale antique.
Si la libido ne laisse aucune trace archéologique, le droit et l’histoire révèlent les règles de la perversion.
Ainsi, la morale romaine s’est progressivement opposée à celle des Grecs afin de créer un modèle imposant un couple marital, hétérosexuel, à rapport procréatif.
Contrairement aux idées reçues, la sexualité demeure une affaire privée. Lorsque celle-ci devient publique, les contrevenants sont jetés à l’opprobre. L’amour n’est pas une affaire de goût, car il doit garantir le statut social. Ainsi, la loi, les règles, et les coutumes imposent à l’homme de rester le dominant. Son plaisir est chaste s’il l’impose par la volonté. Toutes soumissions de corps victime de plaisirs ou de cœur victime de sentiments condamnent le romain à perdre ses droits.
Les décors «érotiques» n’ont pas cette dimension à l’époque romaine. Ils revêtent une autre fonction, car ils exhortent par le biais de la caricature ou de la dénonciation à respecter la bonne moralité. C’est la raison pour laquelle, ces décors sont exposés sans vergogne aux yeux de tous et dans les meilleures maisons.
Cyril Dumas, directeur du musée Yves Brayer (Les Baux de Provence)
Pour aller plus loin : Pour poursuivre cette initiation, je vous invite à découvrir le numéro Dossiers d'Archéologie Hors Série avril-mai N°22 qui rassemble la première analyse pluridisciplinaire menée par les éminents spécialistes sur la question de la sexualité à Rome.
Voir aussi : Le mariage dans tous ses états
(deS lienS sont actifs sur la page source ) http://www.herodote.net/Sexe_a_Rome-bibliographie-366.php
La revue Archéologie a consacré un numéro spécial à un sujet inattendu : le sexe à Rome.
Cyril Dumas, qui a supervisé le numéro, nous met en garde sur les clichés qui entourent cet aspect de la civilisation romaine.
La sexualité romaine était beaucoup moins souriante que peuvent le laisser penser les peintures de Pompéi...
Sexe à Rome - Au-delà des idées reçues
(Dossiers d'Archéologie (Hors série, avril-mai 2012), 76 pages, 9 euros, 2012)
Longtemps ignorée des analyses scientifiques, la sexualité à Rome est un sujet méconnu et entravée par de lourds clichés.
La faute résulte d’une importante iconographie illustrant le sexe masculin impudique et la sexualité débordante des Romains. Ces images révèlent la présence de corps enchevêtrés dans des positions que la morale moderne couvre du sceau du secret.
Les rares auteurs qui ont osé aborder le sujet ont souvent été victimes de leur ignorance ou de leur expérience vécue. Ainsi, ils n’hésitèrent pas à entretenir le mythe d’une sexualité sans tabou, emprunt de prostitution, de zoophilie, de scoptophilie, de pédophilie, d’homosexualité et de bestialité de groupe. Il est opportun de noter que votre auteur ne s’est pas intéressé à ce sujet par vice (!) mais en se penchant sur l’organisation d’une exposition consacrée à ces décors dits érotiques. Ces objets sont conservés à l’abri du regard des visiteurs dans une réserve fermée appelée les enfers des musées.
Or, cette iconographie singulière illustre Priape qui est le dieu le plus représenté du monde romain. Ce dieu de la fertilité de la nature et des hommes n’a aucun lien avec la prostitution.
Corrélativement, de nombreux décors de céramiques et de fresques révèlent l’intimité du couple.
L’ensemble de ces images semble exhorter à la luxure et au goût pour la licence.
Pourtant aujourd’hui, à l’obsession du «réalisme» succède une étape nouvelle avec la priorité donnée au «symbolique». Après avoir mené une étude scientifique sur l’ensemble des collections des musées européens l’auteur révèle de nouvelles positions jusqu’à présent inconnues.
L’interprétation de ces images nécessite de dresser le portrait d’une société en oubliant ses propres préjugés. Il faut aussi percevoir les nuances et les subtilités d’un sujet immatériel telle que la psychologie et la morale antique.
Si la libido ne laisse aucune trace archéologique, le droit et l’histoire révèlent les règles de la perversion.
Ainsi, la morale romaine s’est progressivement opposée à celle des Grecs afin de créer un modèle imposant un couple marital, hétérosexuel, à rapport procréatif.
Contrairement aux idées reçues, la sexualité demeure une affaire privée. Lorsque celle-ci devient publique, les contrevenants sont jetés à l’opprobre. L’amour n’est pas une affaire de goût, car il doit garantir le statut social. Ainsi, la loi, les règles, et les coutumes imposent à l’homme de rester le dominant. Son plaisir est chaste s’il l’impose par la volonté. Toutes soumissions de corps victime de plaisirs ou de cœur victime de sentiments condamnent le romain à perdre ses droits.
Les décors «érotiques» n’ont pas cette dimension à l’époque romaine. Ils revêtent une autre fonction, car ils exhortent par le biais de la caricature ou de la dénonciation à respecter la bonne moralité. C’est la raison pour laquelle, ces décors sont exposés sans vergogne aux yeux de tous et dans les meilleures maisons.
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