Les prises en charge en cas d'extrême urgence, l'horreur !

[motrouge]

Bonjour,

Je suis la conjointe d'un bipolaire et je tiens à témoigner sur l'extrême solitude face à une situation de crise. Pour résumer mon conjoint à fait une crise maniaque suivie d'une phase de tentatives de suicide et j'ai hallucinée :

Le jeudi : je rentre du travail je le trouve affalé sur le canapé, transpirant, je vais fouiller dans ses médicaments, il m'apprend qu'il a pris 10 dépamides et la moitié de ma bouteille de rivotril, j'appelle les pompiers, il l'emmène à l'hosto, un fois que les médicaments étaient un peu évaporés, il se sauve de l'hosto et revient à la maison frais comme un gardon

Le samedi : Il continue à s'intoxiquer aux médicaments + alcool (64 cannettes de bière en 2 jours), je le sens en danger physiquement, j'appelle son généraliste (qui est en province) qui me dit qu'il faut trouver un médecin pour signer une HDT, j'appelle SOS médecin ils n'ont personne à m'envoyer, j'appelle le Samu même réponse, j'hésite à appeler les pompiers car ils n'y connaissent rien à la maladie. J'appelle donc SOS Psy qui rapplique avec le Samu. Je tombe sur un psy totalement dingue, qui m'insulte, qui me dit texto "de fermer" ma gueule, après 2 heures de palabres il signe un papier pour une HDT et me tend la note 200 euros, je suis restée sur le cul.

Mon conjoint est emmené par le Samu, j'arrive à l'hôpital 1 heure après pour signer l'HDT et là je trouve mon conjoint habillé, on me met face à lui dans une petite salle pour que je le vois avec un psy de l'hosto. Il me supplie de ne pas signer cette HDT, me menace (j'aurais ta peau si tu le fais..). Je rentre dans le cabinet avec lui et la psy, elle me demande ce qu'il se passe, je lui explique, elle ne me croie pas, me regarde d'un oeil méprisant (du genre elle raconte que des conneries), bref il avait réussi à lui raconter sa sauce et à l'embobiner pour qu'elle le relâche.

Lundi : je dois aller travailler et je suis inquiète je demande discrètement aux enfants de le surveiller comme ils peuvent. Je l'appelle au tél 1 ou 2 fois je le sens pas bien. La mère de mon conjoint m'appelle en me disant qu'elle l'avait appelé et que subitement il n'y avait plus personne au bout du fil. Je rentre vite et je le trouve à moitié inconscient, je le met en position de sécurité, mon fils me montre la poubelle (3 boites de dépamide vides !). Il avait écrasé une de ses cigarettes sur l'ordinateur, n'avait même pas trouvé le cendrier qui était sous son nez.

J'appelle les pompiers qui appellent le Samu, il était au bord du coma. Je l'ai veillé toute la nuit à l'hôpital, il ne me reconnaissait même pas. Je vois un psy de nuit qui s'excuse platement des erreurs de sa précédente collègue, j'en vois une autre le lendemain matin, très bien, très gentille et qui connaissait a priori la maladie, on discute, je lui reparle de tout et du fonctionnement de mon conjoint. Elle signe la HDT et moi aussi, il l'on transféré dans un hôpital psy fermé.

Voilà juste ce témoignage pour dire quelle est la détresse et jusqu'où il faut en arriver pour qu'on nous prenne au sérieux, son médecin généraliste m'avait d'ailleurs fait la réflexion : puisque tout le monde se défile il faut le laisser aller jusqu'au clash.

En attendant, c'est du temps perdu, un traumatisme pour tout le monde et surtout une mise en danger pour la personne elle-même et son entourage.

Amicalement

[Invité]

Et ben dis donc , moi aussi je reste sur le cul en lisant ton témoignage .
En attendant bon courage et ....bienvenue sur ce forum Motrouge .
Prends soin de toi .
Cordialement .

[Alesha]

Et bien, finalement je pourrais écrire un témoignage quasi similaire, sauf que je me place du côté des patients.

C'est effectivement très facile de tromper les pompiers, les infirmièr(e)s et le ou la psychologue de l'hôpital. Comme je refusait systématiquement d'être hospitalisée, j'arrivais à leur faire croire que c'était beaucoup de bruit pour rien. Je sortais le lendemain matin. Je me suis sauvé une fois aussi, j'ai traversé la ville nue pied au milieu de la nuit, jusqu'à chez moi. Mon copain était sur le cul que je sois sortie aussi facilement.

Merci pour ton témoignage. J'ai longtemps été très égoïste et je ne pensais même pas que mes actes pouvaient faire souffrir quelqu'un d'autre que moi. Jusqu'à ce que je réalise à quel point mon compagnon souffrait lui aussi. Du coup maintenant je pense fort à lui et nos projets lorsqu'il me prend une subite envie de me détruire (par ex), et ça marche.

Je te souhaite sincèrement bon courage et que les choses s'améliorent, bises.

[motrouge]

Bonjour,

Il me semble normal que le patient veuille fuir l'hospitalisation à tout pris, soit il est conscient des choses et comme vous le dites malheureusement il est très facile de tromper tout le monde d'autant plus, je ne sais pas si c'est comme çà pour beaucoup de malades, ils connaissent parfaitement leurs limites physiques et psychologiques, c'est le cas de mon conjoint qui croit dans un 1er temps maîtriser la prise d'alcool et de médicaments et qui a toujours ce sursaut de dernier moment.

Ce que je reproche c'est vraiment quand la personne n'est plus du tout lucide, en une semaine de temps je suis passée par toutes les phases et le plus surprenant pour moi c'est qu'il est passé, comment le dire par la phase "gériatrie", il ne savait plus manger, en foutait partout, j'étais obligée de le laver et de le changer, et dans la dernière journée, enfin les derniers moments ou je l'ai vu, il était tomber dans la phase "pédiatrie", il essayait de me toucher le visage maladroitement, me serrait tellement fort la main que je n'arrivais pas à la détacher, et n'arrêtait pas de dire comme un enfant, je veux rentrer à la maison, je veux rentrer à la maison.

Je ne comprends pas comment ils n'ont pas pu s'apercevoir de tout çà, il faut dire à leurs décharges que je n'ai jamais vu autant de monde aux urgences, tellement débordés que j'ai été obligée de lui faire faire pipi comme je le pouvais. Je ne comprends pas comment ils ne font pas la différence entre un bipolaire en crise mais à peu près contrôlée et quelqu'un qui fait une tentative de suicide. Sans parler de l'accueil de cette psy que j'ai vu, méprisante à mon égard.

Quelque soit la situation, la fuite n'est pas une bonne chose, bipolaire ou pas, nous le faisons tous d'une manière ou d'une autre sans penser aux conséquences pour nous-mêmes et pour les autres, mais nous ne sommes qu'humains.

En tout cas je vous souhaite tout le bonheur possible avec votre conjoint, prenez soin de vous et de lui

Amicalement

[Alesha]

C'est impressionnant en effet, surtout les phases de "gériatrie" et de "pédiatrie" que tu décris. Apparemment j'ai été proche de ces états là mais moins gravement.
Mon copain avec qui je discute en ce moment ne comprends pas du tout ce manque de prise en charge et de surveillance, le personnel des urgences non spécialisé pour les maladies psychologiques est vite dépassé par les évènements. Quant au conjoint, il est à peine écouter et parfois limite pris au sérieux alors que c'est pourtant lui le plus à même de témoigner de la souffrance et des fluctuations de moral de son conjoint.

Vous avez raison Motrouge, la fuite n'est pas une solution, il n'y a qu'en regardant ces problèmes en face, et cette maladie, que l'on peut commencer à se préparer à l'affronter.

Je vous souhaite énormement de courage.

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