Le soin de l'âme
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Le soin de l'âme
J'ai acheté, au "filing"ou au pif, comme vous voulez, un livre qui m'a interpellé uniquement par son titre : " Le soin de l'âme. "
Je me suis rendu compte, en faisant des recherches sur google, qu'il était écrit par un auteur connu dans les domaines de la psychologie, comme psychothérapeute et conférencier et que son livre " Le soin de l'âme." Est un best-seller international.
Voici quelques commentaires faits par des personnes connues sur le livre de THOMAS MOORE : "Le soin de l'âme."
De manière très émouvante, Thomas Moore revendique l'âme pour le bénéfice de la psychothérapie. Nos blessures, fait-il remarquer, n'ouvrent pas seulement une fenêtre sur l'Âme, elle nous donnent aussi accès à son domaine.
L'ouvrage de Thomas Moore est une voix qui s'élève, brillante, stimulante et encourageante dans l'univers de la psychothérapie.
Henri NOUWEN, Making All Things New
Cet ouvrage extraordinaire a transformé mon univers. Il me force à voir la réalité autrement, plus globalement, plus significativement. Le soin de l'âme m'a fourni un élément qui me manquait. Je le recommande de tout cœur, sans la moindre réserve.
John BRADSHAW, Retrouver l'enfant en soi
Ce livre pourrait vous aider à renoncer à la futile quête de salut et à commencer à prendre soin de votre âme. Un ouvrage humble-et donc merveilleux-sur la vie de l'esprit.
Sam KEEN, À la recherche de l'homme perdu
Les années passent ; je lis toujours énormément d'ouvrages de psychologie. L'intelligence et le style-si extraordinairement nets-du soin de l'âme de Thomas MOORE m'ont vraiment touché. Le livre a de la force, de la classe, de l'âme. Je crois en outre qu'il peut vivre plus longtemps que la psychologie même.
James HILLMAN, Re-Visioning Psychology
Si ça vous intéresse de connaitre l'introduction, je me ferais un plaisir de vous la communiquer.
Bon dimanche à tou(te)s et bonne lecture !
(photo personnelle)
Je me suis rendu compte, en faisant des recherches sur google, qu'il était écrit par un auteur connu dans les domaines de la psychologie, comme psychothérapeute et conférencier et que son livre " Le soin de l'âme." Est un best-seller international.
Voici quelques commentaires faits par des personnes connues sur le livre de THOMAS MOORE : "Le soin de l'âme."
De manière très émouvante, Thomas Moore revendique l'âme pour le bénéfice de la psychothérapie. Nos blessures, fait-il remarquer, n'ouvrent pas seulement une fenêtre sur l'Âme, elle nous donnent aussi accès à son domaine.
L'ouvrage de Thomas Moore est une voix qui s'élève, brillante, stimulante et encourageante dans l'univers de la psychothérapie.
Henri NOUWEN, Making All Things New
Cet ouvrage extraordinaire a transformé mon univers. Il me force à voir la réalité autrement, plus globalement, plus significativement. Le soin de l'âme m'a fourni un élément qui me manquait. Je le recommande de tout cœur, sans la moindre réserve.
John BRADSHAW, Retrouver l'enfant en soi
Ce livre pourrait vous aider à renoncer à la futile quête de salut et à commencer à prendre soin de votre âme. Un ouvrage humble-et donc merveilleux-sur la vie de l'esprit.
Sam KEEN, À la recherche de l'homme perdu
Les années passent ; je lis toujours énormément d'ouvrages de psychologie. L'intelligence et le style-si extraordinairement nets-du soin de l'âme de Thomas MOORE m'ont vraiment touché. Le livre a de la force, de la classe, de l'âme. Je crois en outre qu'il peut vivre plus longtemps que la psychologie même.
James HILLMAN, Re-Visioning Psychology
Si ça vous intéresse de connaitre l'introduction, je me ferais un plaisir de vous la communiquer.
Bon dimanche à tou(te)s et bonne lecture !
(photo personnelle)
Re: Le soin de l'âme
bonjour fred&Ric,
merci beaucoup d'avoir partager la découverte de ce livre intéressant
bonne journée
merci beaucoup d'avoir partager la découverte de ce livre intéressant
bonne journée
Invité- Invité
Re: Le soin de l'âme
BONJOUR ,
peut t'on le trouver en livre de poche pour savoir le tout de ce livre?
Merci de nous faire part de ce livre.
peut t'il être vraiment bien sur toute la ligne l'âme vient du latin (népschés)
qui veut dire être ) âme humaine) ou grec spychée (être humain) ou âme humaine ) je transcris ne te fache pas j'aime le
les langues mortes!!!
peut t'on le trouver en livre de poche pour savoir le tout de ce livre?
Merci de nous faire part de ce livre.
peut t'il être vraiment bien sur toute la ligne l'âme vient du latin (népschés)
qui veut dire être ) âme humaine) ou grec spychée (être humain) ou âme humaine ) je transcris ne te fache pas j'aime le
les langues mortes!!!
Invité- Invité
Re: Le soin de l'âme
Bonjour à tous,
Et bien voilà, j'ai profité de m'être levé tôt pour me dégourdir les doigts.
En faisant 2 ou 3 petites pauses, je suis arriver au bout !
Oui, Mélody, il existe en format de poche dans la collection : Aventure Secrète, chez J'AI LU.
Bonne lecture à tous,
Et n'oublions pas :
"De mon puits sans passé,
Abreuver mon âme,
Et non là me lasser,
Au gré de larmes,
Par les vagues bercé,
Sur un fil de lame."
Frèdo (27-02-2010)
Introduction au livre « Le soin de l'âme. » de Thomas MOORE
INTRODUCTION
La terrible maladie du XXème siècle, celle qui participe à tous nos problèmes et nous affecte individuellement et socialement, c'est la « perte de l'âme ». Quand nous négligeons notre âme, elle ne disparaît pas pour autant : nous la retrouvons sous forme de symptômes dans les obsessions, les dépendances, la violence et la déchéance du sens. Nous sommes tentés d'isoler ces symptômes ou d'essayer de les supprimer les uns après les autres, mais le mal s'est enraciné : nous avons perdu la sagesse de l'âme, nous avons même perdu tout intérêt pour elle. De nos jours, il existe quelques spécialistes de l'âme qui viennent nous conseiller quand nous ployons sous le fardeau de nos humeurs et de notre souffrance émotive, ou quand nous faisons face, en tant que citoyens d'une nation, à une multitude de maux inquiétants. Notre histoire recèle pourtant de sources inestimables de perspicacité qui nous viennent de gens dont les écrits nous parlent clairement de la nature et des besoins de l'âme ; nous pouvons chercher dans le passé des guides pour restaurer cette sagesse. En tenant compte de notre façon de vivre, je ferai resurgir dans cet ouvrage la sagesse passée pour montrer qu'en prenant soin de notre âme, nous pouvons trouver le soulagement de notre détresse et appréhender une satisfaction et un plaisir intenses.
Il est impossible de définir l'âme avec précision. La définition est, de toute manière, une entreprise intellectuelle ; l'âme préfère imaginer. Intuitivement, nous savons qu'elle touche à l'authenticité et à la profondeur, comme lorsque nous disons d'une musique qu'elle a de l'âme, ou de telle personne qu'elle a l'âme généreuse. Quand on s'arrête pour réfléchir aux images de la spiritualité, l'on s'aperçoit qu'elle se rattache à tous les aspects de la vie : la bonne chère, les conversations satisfaisantes, les amis intimes, et les expériences qui se gravent dans la mémoire et touchent le cœur. L'âme se révèle autant dans l'attachement, l'amour et le partage que dans le recueillement et dans l'intimité.
Les approches psychologiques et les thérapies modernes adoptent souvent un ton salvateur implicite mais éloquent. Si on pouvait seulement apprendre l'affirmation de soi, l'amour, la colère, l'expressivité, le recueillement, la finesse, laissent-elles entendre, on n'aurait plus de problèmes. Le guide du Moyen Âge et de la Renaissance, que je prends d'une certaine manière pour modèle, était chéri et révéré, mais il ne s'agissait pas de grand art et il ne promettait pas le ciel. Il se contentait de dispenser des trucs pour bien vivre et de suggérer une philosophie de la vie pratique pleine de bon sens. Je m'intéresse à cette approche plus humble, qui admet mieux les faiblesses humaines, et trouve d'avantage dans cette acceptation la dignité et la paix que dans toute autre façon de transcender la condition humaine. Cet ouvrage – mon idéal de guide pratique – se veut donc un guide de la philosophie d'une vie spirituelle et des techniques pour faire face aux problèmes quotidiens sans lutter pour la perfection ou le salut.
Au cours de mes quinze années d'exercices de la psychothérapie, j'ai été surpris de constater à quel point mes études portant sur la psychologie de la Renaissance, la philosophie et la médecine contribuaient à mon travail. L'influence de la Renaissance sur moi transparaîtra dans mon ouvrage, puisque je fais souvent référence au regard qu'elle porte sur la mythologie pour trouver la sagesse et que je site souvent des auteurs de cette époque, comme Marsile Ficin et Paracelse. C'étaient des amants de la sagesse pratique, qui recevaient régulièrement des patients, appliquant leurs philosophies très imagées aux questions les plus ordinaires.
J'ai également utilisé l'approche de la Renaissance qui consiste à ne pas séparer la psychologie de la religion. Jung, l'un des médecins de l'âme les plus modernes, soutenait que tout problème psychologique est, en fin de compte, question de religion. Mon ouvrage contient donc des conseils psychologiques et des guides spirituels. La « santé » psychologique exige une certaine vie spirituelle, quoique la spiritualité poussée à l'excès ou sans fondement puisse devenir dangereuse et mener à toutes sortes de comportements compulsifs, voire violents. Pour cette raison, j'ai cru bon de traiter de l'interaction de la spiritualité et de l'âme.
Dans ses recherches sur l'alchimie, Jung déclare que le travail commence et finit avec Mercure. Je crois que ce postulat s'applique également à mon ouvrage. Mercure est le dieu du monde de la fiction et du mensonge, de la supercherie, du vol et des tours de passe-passe. La psychologie populaire porte d'ordinaire à une sincérité excessive. Je dis d'ailleurs souvent à mes patients de ne pas rechercher la vérité à tout prix : une dose de Mercure garantit l'honnêteté de notre travail. Jusqu'à un certain point, je considère aussi mon ouvrage comme une fiction de psychologie populaire. Personne ne peut nous dire comment vivre notre vie. Personne ne connaît suffisamment les secrets du cœur pour en parler aux autres avec autorité.
Cela m'amène au cœur du livre, au soin de l'âme. La tradition nous enseigne que l'âme se trouve à mi-chemin entre le conscient et l'inconscient, qu'elle n'utilise ni l'esprit ni le corps, qu'elle se sert plutôt de l'imaginaire. Pour moi, la thérapie se borne justement à faire surgir l'imaginaire dans les régions qui en sont dépourvues et qui doivent s'exprimer en devenant porteuses de symptômes.
Le travail satisfaisant, les relations valorisantes, le pouvoir personnel et le soulagement des symptômes sont autant de cadeaux de l'âme. Nous ne connaissons d'elle que ses doléances, quand, troublée par la négligence et l'abus, elle s'agite et nous fait sentir son malaise. Les auteurs font remarquer à l'envi que nous vivons une époque de grande division, qui sépare l'esprit du corps, et la spiritualité des contingences matérielles. Comment pouvons nous mettre fin au clivage ? Nous ne pouvons nous contenter d'y réfléchir, parce que la réflexion elle-même fait partie du problème. Nous devons donc trouver une manière de mettre fin aux attitudes duelles ; nous avons besoin que s'ouvre une troisième possibilité, celle de l'âme.
Au XVème siècle, Marsile Ficin a résumé la question ; l'esprit, disait-il, a tendance à suivre sa propre voie, sans rapport avec le monde physique. Par ailleurs, la vie matérielle nous absorbe tellement que nous nous y engouffrons et en oublions la spiritualité. Entre les deux, nous avons besoin de l'âme, ajoutait-il, pour unifier l'esprit et le corps, les idées et la vie, la spiritualité et le monde.
Je me propose dans ces pages de ramener l'âme à la vie. Ce n'est pas une nouvelle ; je me contente en fait de développer une idée très ancienne d'une manière que, je l'espère, nous saurons comprendre et mettre en pratique en cette période cruciale de l'histoire. L'idée d'un monde dont l'âme occuperait le centre remonte aux premiers jours de notre culture. On la retrouve esquissée à toutes époques de notre histoire, dans les écrits de Platon, dans les expériences des théologiens et mages de la Renaissance, dans la correspondance et la littérature des poètes romantiques, et finalement chez Freud, qui nous a laissés entrevoir un monde inconscient rempli de souvenirs, de fantasmes et d'émotions. Jung a rendu explicite ce qui était encore à l'état embryonnaire chez Freud, prenant sans détour le parti de l'âme, et rappelant que nos ancêtres peuvent nous en apprendre beaucoup à ce sujet. Plus récemment, James Hillman, mon mentor et mon collègue, et d'autres dans son entourage (Robert Sardello, Rafael Lopez-Radraza, Patricia Berry et Alfred Ziegler, par exemple) ont développé une approche de la psychologie soucieuse de ce passé, qui suit ouvertement l'avis de Ficin et place l'âme au cœur de notre existence.
Cet ouvrage ne se contentera pas de se centrer sur l'idée de l'âme, il cherchera des manières concrètes de favoriser la spiritualité dans notre existence quotidienne. Pour décrire ce procédé, j'ai emprunté une image chère à la chrétienté. Depuis des centaines d'années, auprès de ses ouailles, le curé a charge d'âmes. Cette responsabilité, tout comme la tâche de veiller aux besoins de ses paroissiens, prenait le nom de cura animarum, la cure des âmes. L'idée de « cure » recèle autant celle de « garde » que celle de « soin ». Si nous reprenons cette image pour l'appliquer à nous, il est facile d'imaginer notre responsabilité envers notre âme. Tout comme, dans les moments cruciaux de la vie, le curé - non pas à la manière d'un médecin ou d'un guérisseur, mais à la façon d'un compagnon – se tenait à la disposition des siens et veillait sur l'âme aux moments de la naissance, de la maladie, du mariage, des épreuves et de la mort, nous pouvons prendre soin de notre âme à mesure qu'elle cherche sa voie dans les dédales de notre existence. Le rôle du curateur était de donner un sens religieux aux étapes importantes de la vie et de veiller au maintien des liens d'affection au sein de la famille, dans le mariage et la communauté. Nous pouvons devenir les curateurs de nos âmes, nos propres pasteurs, garants de notre religion personnelle. Pour entreprendre la réfection de notre âme, nous devons faire à la spiritualité une place plus importante dans notre vie quotidienne.
Il est déjà possible de voir que la cure de l'âme diffère beaucoup des notions modernes charriées par la psychologie et par la psychothérapie. Elle ne cherche pas à guérir, à réparer, à ranger, à ajuster ou à rendre la santé ; et elle ne contient pas non plus l'idée de perfection ou même d'amélioration. Elle ne cherche pas à faire de l'existence un idéal libéré de tout problème. Elle s'attache plutôt patiemment au moment présent, à la fois proche de la vie comme elle se présente jour après jour et consciente de la religion et de la spiritualité.
Il est encore une distinction essentielle entre la cure de l'âme et la psychothérapie comme on la conçoit d'ordinaire : la psychologie est une science profane tandis que la cure de l'âme est un art sacré. Même si j'emprunte le vocabulaire de la chrétienté, ce que je vous propose n'est ni particulièrement chrétien ni spécifiquement lié à une quelconque tradition religieuse. La cure de l'âme exige cependant une sensibilité religieuse et la reconnaissance du besoin viscéral de spiritualité.
Notre monde moderne sépare la religion et la psychologie, la pratique spirituelle et la thérapie. Nous avons tout intérêt à mettre fin à ce clivage mais, si nous devons construire des ponts, nous devons aussi réinventer radicalement la pratique de la psychologie. Nous devons considérer la psychologie et la spiritualité comme une seule et même chose. À mon avis, ce nouveau modèle laisse aussi entrevoir la fin de la psychologie telle que nous la connaissons, parce qu'elle est essentiellement moderne, profane et égocentrique. Nous devons élaborer de nouvelles idées, un nouveau vocabulaire et de nouvelles traditions pour assoir notre théorie et notre pratique.
Nos aïeux de la Renaissance et de la période romantique, tout comme Freud, Jung, Hillman et leurs collègues, se sont infailliblement tournés vers le passé pour renouveler leur imagination. Nous avons nous-même grandement besoin d'une renaissance de ce genre, d'une re-naissance de la sagesse et de la pratique anciennes ajustées à notre situation actuelle. Les grands penseurs de la Renaissance se sont efforcés de concilier médecine et magie, religion et philosophie, quotidien et méditation, sagesse ancienne, découvertes récentes et inventions. Nous faisons face aux même difficultés, mais le temps nous éloigne beaucoup plus des jours de magie et de mythologie ; pour nous, la technologie est, en fait, autant fardeau que réussite colossale.
Les plaintes d'ordre émotionnel de notre temps, les plaintes que nous, thérapeutes, entendons chaque jour de pratique, parlent
de sentiment de vide ;
de manque de sens ;
de dépression vague ;
de désenchantement conjugal, familial et relationnel ;
de perte de valeur ;
de quête d'enrichissement personnel ;
de soif de spiritualité.
Tous ces symptômes reflètent la perte de l'âme et nous laissent connaître la faim que nous en avons. Nous cherchons à outrance l'amusement, le pouvoir, l'intimité, la satisfaction sexuelle, les biens matériels, et nous pensons les trouver dans la bonne relation, le bon travail, la bonne religion ou la bonne thérapie. Mais sans l'âme nous n'atteindrons jamais la satisfaction ; en fait, en chacune de ces quêtes, nous cherchons l'âme. Sans elle, nous tentons d'accumuler une abondance de satisfactions, apparemment persuadés que la quantité saura bien remplacer l'absence de qualité.
Le soin de l'âme nous parle de nos aspirations et des symptômes qui nous rendent fous, mais il ne nous éloigne ni de l'ombre ni de la mort. La personnalité animée – c'est à dire dotée d'une âme – est complexe, à multiples facettes, modelées par la douleur et le plaisir, le succès et l'échec. La vie de l'âme connaît ainsi ses moments d'obscurité et ses périodes de folie. En abandonnant les fantasmes de salut, nous nous ouvrons à la possibilité de la connaissance et de l'acceptation de soi, les fondements mêmes de l'âme.
Nombre d'expressions anciennes, réservées aux nécessaires égards pour l'âme, valent encore pour le monde moderne. Platon, par exemple, utilisait l'expression techne tou biou qui signifie « l'art de vivre ». Quand on pousse suffisamment loin la définition de « techne », on s'aperçoit que le terme ne fait pas uniquement référence aux habilités mécaniques et aux instruments, mais à la gestion adroite et à la mise en forme soignée. Pour l'instant, on peut dire que le soin de l'âme demande un travail spécifique de la vie elle-même et la sensibilité de l'artiste. L'âme ne prend pas automatiquement vie ; elle exige notre talent et notre attention.
En psychologie, nombre d'expressions se teintent de religiosité. Chez Socrate, rapporte Platon, la « thérapie » procède du service aux dieux. Le thérapeute, déclare-t-il encore, est un sacristain, une personne qui s'occupe des éléments pratiques du culte religieux. Il est encore une expression que Platon utilisait : heautou epimeleisthai, le « soin de soi-même », cette expression relevant aussi du service aux dieux et aux morts. Il nous est impossible de résoudre nos problèmes « émotionnels » sans comprendre que le mystère du culte au divin et aux disparus fait partie de toute vie humaine.
« Chacun devrait savoir qu'on ne peut vivre sans cultiver son âme », disait plus tard l'écrivain romain Apulée. Le soin, c'est aussi la culture, l'attention et la participation tandis que s'ouvre la semence de l'âme à une gigantesque création, appelé « caractère » ou « personnalité » et dotée d'une histoire, d'une communauté, d'un langage et d'une mythologie uniques. La culture de l'âme exige le mariage de matériaux bruts. Les fermiers cultivent leurs champs comme nous cultivons notre âme. Le travail de l'âme ne se limite donc pas à l'ajustement aux normes convenues ou à la représentation de la santé moyenne chez l'individu ; il cherche plutôt à connaître une vie richement élaborée, branchée sur la société et sur la nature, tissée à même la culture familiale, nationale et universelle.
Il ne recherche pas l'ajustement superficiel, mais la relation profonde à nos ancêtres, à nos frères et à nos sœurs qui vivent dans toutes les communautés dont se réclament nos cœurs.
« Il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour veiller au bien-être de l'âme », écrivait Épicure, un philosophe très mal interprété, qui voulait faire du plaisir simple l'un des buts de l'existence. C'était un végétarien qui poussait ses disciples à cultiver l'intimité par le biais de la correspondance. Il tenait se classes dans un jardin pour entourer son enseignement de la nourriture simple qu'il absorbait. (Paradoxalement, son nom est depuis devenu synonyme de gastronomie et de sensualité.) L'idée de la valeur des plaisirs simples et l'évocation de l'âme vont de pair, traditionnellement. Tout en cherchant à comprendre ce que l'âme peut signifier pour nous, nous pourrions garder à l'esprit le principe épicurien : les gratifications cherchées peuvent être d'une grande simplicité et se trouver juste sous notre nez, même quand nous levons les yeux vers les étoiles pour y trouver une révélation ou une perfection extraordinaire.
Ces citations de nos ancêtres enseignants sont tirées du livre de Michel Foucault, le Souci de soi (tome III de L'Histoire de la sexualité). Or, le vocable « soi » contient un projet de l'ego et l'âme n'a rien à voir avec l'ego. L'âme se rattache étroitement au destin, dont les détours contrarient presque toujours les attentes et les désirs de l'ego. Même la notion jungienne de soi, minutieusement définie comme un mélange de compréhension consciente et d'influences inconscientes, reste très personnelle et trop humaine comparativement à l'idée d'âme. En fait, l'âme est le réservoir de l'être, et elle surpasse encore notre capacité d'imaginer et de contrôler. Nous pouvons cultiver les choses de l'âme, les servir, jouir d'elles, participer à leur existence, mais nous n'avons pas la capacité de la déjouer, de la régir ou de la modeler en vertu des desseins d'un ego volontaire.
Le soin de l'âme est source d'inspiration. J'aime à penser que l'on doit au travail assidu et concret des théologiens de l'âme durant la Renaissance italienne l'art extraordinaire de cette période. En pénétrant les mystères de l'âme sans pessimisme ni sentimentalité, nous favorisons l'éclosion de la vie selon ses propres desseins et sa propre beauté imprévisible. Le soin de l'âme ne résout pas le casse-tête de la vie ; à l'opposé, il nous fait apprécier les mystères paradoxaux qui fondent la lumière et l'obscurité pour en faire surgir la grandeur de la vie humaine et de la culture.
Dans les pages qui viennent, nous examinerons les différences essentielles entre le soin et la cure. Nous étudierons plusieurs des problèmes de la vie quotidienne qui nous permettent de ramener l'âme une fois que nous avons cessé de les considérer comme des soucis qui demandent des solutions. Et puis, nous tenterons d'imaginer la vie spirituelle depuis le point de vue de l'âme – une perspective différente qui offre une alternative à l'idéal transcendant habituel de la religion et de la théologie. Finalement, nous verrons comment nous pouvons servir l'âme en cherchant l'art de la vie. La psychologie serait incomplète si elle ne réussissait pas à intégrer la spiritualité et l'art.
En lisant, vous devriez abandonner toute idée de la vie réussie et convenable et de perception de soi ; l'âme humaine n'est pas faite pour être comprise. Vous devriez plutôt adopter une attitude plus détendue et songer à la forme qu'a prise votre vie. Certains des points de vue exprimés vous surprendront peut-être, mais la surprise est un autre cadeau de Mercure. La mutation d'un élément familier est parfois plus révélatrice et plus significative que l'acquisition de nouvelles connaissances ou d'un nouvel ensemble de principes. Souvent, quand l'imagination donne une tournure légèrement différente à un lieu commun, l'âme nous apparaît là où elle était jusqu'alors cachée.
Imaginons dorénavant le soin de l'âme comme une application de la poétique de la vie quotidienne. Nous voulons imaginer de nouveau les choses que nous croyons déjà comprendre. Si Mercure est là, avec son esprit et son humour, il y a de fortes chances que l'âme – aussi insaisissable qu'un papillon, disaient les poètes anciens – fasse son apparition et que mon écriture et votre lecture s'en inspirent.
Et bien voilà, j'ai profité de m'être levé tôt pour me dégourdir les doigts.
En faisant 2 ou 3 petites pauses, je suis arriver au bout !
Oui, Mélody, il existe en format de poche dans la collection : Aventure Secrète, chez J'AI LU.
Bonne lecture à tous,
Et n'oublions pas :
"De mon puits sans passé,
Abreuver mon âme,
Et non là me lasser,
Au gré de larmes,
Par les vagues bercé,
Sur un fil de lame."
Frèdo (27-02-2010)
Introduction au livre « Le soin de l'âme. » de Thomas MOORE
INTRODUCTION
La terrible maladie du XXème siècle, celle qui participe à tous nos problèmes et nous affecte individuellement et socialement, c'est la « perte de l'âme ». Quand nous négligeons notre âme, elle ne disparaît pas pour autant : nous la retrouvons sous forme de symptômes dans les obsessions, les dépendances, la violence et la déchéance du sens. Nous sommes tentés d'isoler ces symptômes ou d'essayer de les supprimer les uns après les autres, mais le mal s'est enraciné : nous avons perdu la sagesse de l'âme, nous avons même perdu tout intérêt pour elle. De nos jours, il existe quelques spécialistes de l'âme qui viennent nous conseiller quand nous ployons sous le fardeau de nos humeurs et de notre souffrance émotive, ou quand nous faisons face, en tant que citoyens d'une nation, à une multitude de maux inquiétants. Notre histoire recèle pourtant de sources inestimables de perspicacité qui nous viennent de gens dont les écrits nous parlent clairement de la nature et des besoins de l'âme ; nous pouvons chercher dans le passé des guides pour restaurer cette sagesse. En tenant compte de notre façon de vivre, je ferai resurgir dans cet ouvrage la sagesse passée pour montrer qu'en prenant soin de notre âme, nous pouvons trouver le soulagement de notre détresse et appréhender une satisfaction et un plaisir intenses.
Il est impossible de définir l'âme avec précision. La définition est, de toute manière, une entreprise intellectuelle ; l'âme préfère imaginer. Intuitivement, nous savons qu'elle touche à l'authenticité et à la profondeur, comme lorsque nous disons d'une musique qu'elle a de l'âme, ou de telle personne qu'elle a l'âme généreuse. Quand on s'arrête pour réfléchir aux images de la spiritualité, l'on s'aperçoit qu'elle se rattache à tous les aspects de la vie : la bonne chère, les conversations satisfaisantes, les amis intimes, et les expériences qui se gravent dans la mémoire et touchent le cœur. L'âme se révèle autant dans l'attachement, l'amour et le partage que dans le recueillement et dans l'intimité.
Les approches psychologiques et les thérapies modernes adoptent souvent un ton salvateur implicite mais éloquent. Si on pouvait seulement apprendre l'affirmation de soi, l'amour, la colère, l'expressivité, le recueillement, la finesse, laissent-elles entendre, on n'aurait plus de problèmes. Le guide du Moyen Âge et de la Renaissance, que je prends d'une certaine manière pour modèle, était chéri et révéré, mais il ne s'agissait pas de grand art et il ne promettait pas le ciel. Il se contentait de dispenser des trucs pour bien vivre et de suggérer une philosophie de la vie pratique pleine de bon sens. Je m'intéresse à cette approche plus humble, qui admet mieux les faiblesses humaines, et trouve d'avantage dans cette acceptation la dignité et la paix que dans toute autre façon de transcender la condition humaine. Cet ouvrage – mon idéal de guide pratique – se veut donc un guide de la philosophie d'une vie spirituelle et des techniques pour faire face aux problèmes quotidiens sans lutter pour la perfection ou le salut.
Au cours de mes quinze années d'exercices de la psychothérapie, j'ai été surpris de constater à quel point mes études portant sur la psychologie de la Renaissance, la philosophie et la médecine contribuaient à mon travail. L'influence de la Renaissance sur moi transparaîtra dans mon ouvrage, puisque je fais souvent référence au regard qu'elle porte sur la mythologie pour trouver la sagesse et que je site souvent des auteurs de cette époque, comme Marsile Ficin et Paracelse. C'étaient des amants de la sagesse pratique, qui recevaient régulièrement des patients, appliquant leurs philosophies très imagées aux questions les plus ordinaires.
J'ai également utilisé l'approche de la Renaissance qui consiste à ne pas séparer la psychologie de la religion. Jung, l'un des médecins de l'âme les plus modernes, soutenait que tout problème psychologique est, en fin de compte, question de religion. Mon ouvrage contient donc des conseils psychologiques et des guides spirituels. La « santé » psychologique exige une certaine vie spirituelle, quoique la spiritualité poussée à l'excès ou sans fondement puisse devenir dangereuse et mener à toutes sortes de comportements compulsifs, voire violents. Pour cette raison, j'ai cru bon de traiter de l'interaction de la spiritualité et de l'âme.
Dans ses recherches sur l'alchimie, Jung déclare que le travail commence et finit avec Mercure. Je crois que ce postulat s'applique également à mon ouvrage. Mercure est le dieu du monde de la fiction et du mensonge, de la supercherie, du vol et des tours de passe-passe. La psychologie populaire porte d'ordinaire à une sincérité excessive. Je dis d'ailleurs souvent à mes patients de ne pas rechercher la vérité à tout prix : une dose de Mercure garantit l'honnêteté de notre travail. Jusqu'à un certain point, je considère aussi mon ouvrage comme une fiction de psychologie populaire. Personne ne peut nous dire comment vivre notre vie. Personne ne connaît suffisamment les secrets du cœur pour en parler aux autres avec autorité.
Cela m'amène au cœur du livre, au soin de l'âme. La tradition nous enseigne que l'âme se trouve à mi-chemin entre le conscient et l'inconscient, qu'elle n'utilise ni l'esprit ni le corps, qu'elle se sert plutôt de l'imaginaire. Pour moi, la thérapie se borne justement à faire surgir l'imaginaire dans les régions qui en sont dépourvues et qui doivent s'exprimer en devenant porteuses de symptômes.
Le travail satisfaisant, les relations valorisantes, le pouvoir personnel et le soulagement des symptômes sont autant de cadeaux de l'âme. Nous ne connaissons d'elle que ses doléances, quand, troublée par la négligence et l'abus, elle s'agite et nous fait sentir son malaise. Les auteurs font remarquer à l'envi que nous vivons une époque de grande division, qui sépare l'esprit du corps, et la spiritualité des contingences matérielles. Comment pouvons nous mettre fin au clivage ? Nous ne pouvons nous contenter d'y réfléchir, parce que la réflexion elle-même fait partie du problème. Nous devons donc trouver une manière de mettre fin aux attitudes duelles ; nous avons besoin que s'ouvre une troisième possibilité, celle de l'âme.
Au XVème siècle, Marsile Ficin a résumé la question ; l'esprit, disait-il, a tendance à suivre sa propre voie, sans rapport avec le monde physique. Par ailleurs, la vie matérielle nous absorbe tellement que nous nous y engouffrons et en oublions la spiritualité. Entre les deux, nous avons besoin de l'âme, ajoutait-il, pour unifier l'esprit et le corps, les idées et la vie, la spiritualité et le monde.
Je me propose dans ces pages de ramener l'âme à la vie. Ce n'est pas une nouvelle ; je me contente en fait de développer une idée très ancienne d'une manière que, je l'espère, nous saurons comprendre et mettre en pratique en cette période cruciale de l'histoire. L'idée d'un monde dont l'âme occuperait le centre remonte aux premiers jours de notre culture. On la retrouve esquissée à toutes époques de notre histoire, dans les écrits de Platon, dans les expériences des théologiens et mages de la Renaissance, dans la correspondance et la littérature des poètes romantiques, et finalement chez Freud, qui nous a laissés entrevoir un monde inconscient rempli de souvenirs, de fantasmes et d'émotions. Jung a rendu explicite ce qui était encore à l'état embryonnaire chez Freud, prenant sans détour le parti de l'âme, et rappelant que nos ancêtres peuvent nous en apprendre beaucoup à ce sujet. Plus récemment, James Hillman, mon mentor et mon collègue, et d'autres dans son entourage (Robert Sardello, Rafael Lopez-Radraza, Patricia Berry et Alfred Ziegler, par exemple) ont développé une approche de la psychologie soucieuse de ce passé, qui suit ouvertement l'avis de Ficin et place l'âme au cœur de notre existence.
Cet ouvrage ne se contentera pas de se centrer sur l'idée de l'âme, il cherchera des manières concrètes de favoriser la spiritualité dans notre existence quotidienne. Pour décrire ce procédé, j'ai emprunté une image chère à la chrétienté. Depuis des centaines d'années, auprès de ses ouailles, le curé a charge d'âmes. Cette responsabilité, tout comme la tâche de veiller aux besoins de ses paroissiens, prenait le nom de cura animarum, la cure des âmes. L'idée de « cure » recèle autant celle de « garde » que celle de « soin ». Si nous reprenons cette image pour l'appliquer à nous, il est facile d'imaginer notre responsabilité envers notre âme. Tout comme, dans les moments cruciaux de la vie, le curé - non pas à la manière d'un médecin ou d'un guérisseur, mais à la façon d'un compagnon – se tenait à la disposition des siens et veillait sur l'âme aux moments de la naissance, de la maladie, du mariage, des épreuves et de la mort, nous pouvons prendre soin de notre âme à mesure qu'elle cherche sa voie dans les dédales de notre existence. Le rôle du curateur était de donner un sens religieux aux étapes importantes de la vie et de veiller au maintien des liens d'affection au sein de la famille, dans le mariage et la communauté. Nous pouvons devenir les curateurs de nos âmes, nos propres pasteurs, garants de notre religion personnelle. Pour entreprendre la réfection de notre âme, nous devons faire à la spiritualité une place plus importante dans notre vie quotidienne.
Il est déjà possible de voir que la cure de l'âme diffère beaucoup des notions modernes charriées par la psychologie et par la psychothérapie. Elle ne cherche pas à guérir, à réparer, à ranger, à ajuster ou à rendre la santé ; et elle ne contient pas non plus l'idée de perfection ou même d'amélioration. Elle ne cherche pas à faire de l'existence un idéal libéré de tout problème. Elle s'attache plutôt patiemment au moment présent, à la fois proche de la vie comme elle se présente jour après jour et consciente de la religion et de la spiritualité.
Il est encore une distinction essentielle entre la cure de l'âme et la psychothérapie comme on la conçoit d'ordinaire : la psychologie est une science profane tandis que la cure de l'âme est un art sacré. Même si j'emprunte le vocabulaire de la chrétienté, ce que je vous propose n'est ni particulièrement chrétien ni spécifiquement lié à une quelconque tradition religieuse. La cure de l'âme exige cependant une sensibilité religieuse et la reconnaissance du besoin viscéral de spiritualité.
Notre monde moderne sépare la religion et la psychologie, la pratique spirituelle et la thérapie. Nous avons tout intérêt à mettre fin à ce clivage mais, si nous devons construire des ponts, nous devons aussi réinventer radicalement la pratique de la psychologie. Nous devons considérer la psychologie et la spiritualité comme une seule et même chose. À mon avis, ce nouveau modèle laisse aussi entrevoir la fin de la psychologie telle que nous la connaissons, parce qu'elle est essentiellement moderne, profane et égocentrique. Nous devons élaborer de nouvelles idées, un nouveau vocabulaire et de nouvelles traditions pour assoir notre théorie et notre pratique.
Nos aïeux de la Renaissance et de la période romantique, tout comme Freud, Jung, Hillman et leurs collègues, se sont infailliblement tournés vers le passé pour renouveler leur imagination. Nous avons nous-même grandement besoin d'une renaissance de ce genre, d'une re-naissance de la sagesse et de la pratique anciennes ajustées à notre situation actuelle. Les grands penseurs de la Renaissance se sont efforcés de concilier médecine et magie, religion et philosophie, quotidien et méditation, sagesse ancienne, découvertes récentes et inventions. Nous faisons face aux même difficultés, mais le temps nous éloigne beaucoup plus des jours de magie et de mythologie ; pour nous, la technologie est, en fait, autant fardeau que réussite colossale.
Les plaintes d'ordre émotionnel de notre temps, les plaintes que nous, thérapeutes, entendons chaque jour de pratique, parlent
de sentiment de vide ;
de manque de sens ;
de dépression vague ;
de désenchantement conjugal, familial et relationnel ;
de perte de valeur ;
de quête d'enrichissement personnel ;
de soif de spiritualité.
Tous ces symptômes reflètent la perte de l'âme et nous laissent connaître la faim que nous en avons. Nous cherchons à outrance l'amusement, le pouvoir, l'intimité, la satisfaction sexuelle, les biens matériels, et nous pensons les trouver dans la bonne relation, le bon travail, la bonne religion ou la bonne thérapie. Mais sans l'âme nous n'atteindrons jamais la satisfaction ; en fait, en chacune de ces quêtes, nous cherchons l'âme. Sans elle, nous tentons d'accumuler une abondance de satisfactions, apparemment persuadés que la quantité saura bien remplacer l'absence de qualité.
Le soin de l'âme nous parle de nos aspirations et des symptômes qui nous rendent fous, mais il ne nous éloigne ni de l'ombre ni de la mort. La personnalité animée – c'est à dire dotée d'une âme – est complexe, à multiples facettes, modelées par la douleur et le plaisir, le succès et l'échec. La vie de l'âme connaît ainsi ses moments d'obscurité et ses périodes de folie. En abandonnant les fantasmes de salut, nous nous ouvrons à la possibilité de la connaissance et de l'acceptation de soi, les fondements mêmes de l'âme.
Nombre d'expressions anciennes, réservées aux nécessaires égards pour l'âme, valent encore pour le monde moderne. Platon, par exemple, utilisait l'expression techne tou biou qui signifie « l'art de vivre ». Quand on pousse suffisamment loin la définition de « techne », on s'aperçoit que le terme ne fait pas uniquement référence aux habilités mécaniques et aux instruments, mais à la gestion adroite et à la mise en forme soignée. Pour l'instant, on peut dire que le soin de l'âme demande un travail spécifique de la vie elle-même et la sensibilité de l'artiste. L'âme ne prend pas automatiquement vie ; elle exige notre talent et notre attention.
En psychologie, nombre d'expressions se teintent de religiosité. Chez Socrate, rapporte Platon, la « thérapie » procède du service aux dieux. Le thérapeute, déclare-t-il encore, est un sacristain, une personne qui s'occupe des éléments pratiques du culte religieux. Il est encore une expression que Platon utilisait : heautou epimeleisthai, le « soin de soi-même », cette expression relevant aussi du service aux dieux et aux morts. Il nous est impossible de résoudre nos problèmes « émotionnels » sans comprendre que le mystère du culte au divin et aux disparus fait partie de toute vie humaine.
« Chacun devrait savoir qu'on ne peut vivre sans cultiver son âme », disait plus tard l'écrivain romain Apulée. Le soin, c'est aussi la culture, l'attention et la participation tandis que s'ouvre la semence de l'âme à une gigantesque création, appelé « caractère » ou « personnalité » et dotée d'une histoire, d'une communauté, d'un langage et d'une mythologie uniques. La culture de l'âme exige le mariage de matériaux bruts. Les fermiers cultivent leurs champs comme nous cultivons notre âme. Le travail de l'âme ne se limite donc pas à l'ajustement aux normes convenues ou à la représentation de la santé moyenne chez l'individu ; il cherche plutôt à connaître une vie richement élaborée, branchée sur la société et sur la nature, tissée à même la culture familiale, nationale et universelle.
Il ne recherche pas l'ajustement superficiel, mais la relation profonde à nos ancêtres, à nos frères et à nos sœurs qui vivent dans toutes les communautés dont se réclament nos cœurs.
« Il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour veiller au bien-être de l'âme », écrivait Épicure, un philosophe très mal interprété, qui voulait faire du plaisir simple l'un des buts de l'existence. C'était un végétarien qui poussait ses disciples à cultiver l'intimité par le biais de la correspondance. Il tenait se classes dans un jardin pour entourer son enseignement de la nourriture simple qu'il absorbait. (Paradoxalement, son nom est depuis devenu synonyme de gastronomie et de sensualité.) L'idée de la valeur des plaisirs simples et l'évocation de l'âme vont de pair, traditionnellement. Tout en cherchant à comprendre ce que l'âme peut signifier pour nous, nous pourrions garder à l'esprit le principe épicurien : les gratifications cherchées peuvent être d'une grande simplicité et se trouver juste sous notre nez, même quand nous levons les yeux vers les étoiles pour y trouver une révélation ou une perfection extraordinaire.
Ces citations de nos ancêtres enseignants sont tirées du livre de Michel Foucault, le Souci de soi (tome III de L'Histoire de la sexualité). Or, le vocable « soi » contient un projet de l'ego et l'âme n'a rien à voir avec l'ego. L'âme se rattache étroitement au destin, dont les détours contrarient presque toujours les attentes et les désirs de l'ego. Même la notion jungienne de soi, minutieusement définie comme un mélange de compréhension consciente et d'influences inconscientes, reste très personnelle et trop humaine comparativement à l'idée d'âme. En fait, l'âme est le réservoir de l'être, et elle surpasse encore notre capacité d'imaginer et de contrôler. Nous pouvons cultiver les choses de l'âme, les servir, jouir d'elles, participer à leur existence, mais nous n'avons pas la capacité de la déjouer, de la régir ou de la modeler en vertu des desseins d'un ego volontaire.
Le soin de l'âme est source d'inspiration. J'aime à penser que l'on doit au travail assidu et concret des théologiens de l'âme durant la Renaissance italienne l'art extraordinaire de cette période. En pénétrant les mystères de l'âme sans pessimisme ni sentimentalité, nous favorisons l'éclosion de la vie selon ses propres desseins et sa propre beauté imprévisible. Le soin de l'âme ne résout pas le casse-tête de la vie ; à l'opposé, il nous fait apprécier les mystères paradoxaux qui fondent la lumière et l'obscurité pour en faire surgir la grandeur de la vie humaine et de la culture.
Dans les pages qui viennent, nous examinerons les différences essentielles entre le soin et la cure. Nous étudierons plusieurs des problèmes de la vie quotidienne qui nous permettent de ramener l'âme une fois que nous avons cessé de les considérer comme des soucis qui demandent des solutions. Et puis, nous tenterons d'imaginer la vie spirituelle depuis le point de vue de l'âme – une perspective différente qui offre une alternative à l'idéal transcendant habituel de la religion et de la théologie. Finalement, nous verrons comment nous pouvons servir l'âme en cherchant l'art de la vie. La psychologie serait incomplète si elle ne réussissait pas à intégrer la spiritualité et l'art.
En lisant, vous devriez abandonner toute idée de la vie réussie et convenable et de perception de soi ; l'âme humaine n'est pas faite pour être comprise. Vous devriez plutôt adopter une attitude plus détendue et songer à la forme qu'a prise votre vie. Certains des points de vue exprimés vous surprendront peut-être, mais la surprise est un autre cadeau de Mercure. La mutation d'un élément familier est parfois plus révélatrice et plus significative que l'acquisition de nouvelles connaissances ou d'un nouvel ensemble de principes. Souvent, quand l'imagination donne une tournure légèrement différente à un lieu commun, l'âme nous apparaît là où elle était jusqu'alors cachée.
Imaginons dorénavant le soin de l'âme comme une application de la poétique de la vie quotidienne. Nous voulons imaginer de nouveau les choses que nous croyons déjà comprendre. Si Mercure est là, avec son esprit et son humour, il y a de fortes chances que l'âme – aussi insaisissable qu'un papillon, disaient les poètes anciens – fasse son apparition et que mon écriture et votre lecture s'en inspirent.
Dernière édition par Fred&Ric le Jeu 22 Avr 2010 - 6:42, édité 1 fois
Re: Le soin de l'âme
Pardon fred
mais ça me gonfle un peu un si long passage.
ah oui l'âme pushkée en grec qui veut dire Etre humain c'est ce que je lis.......mais poste moins long a t'on idée d'envoyer a des personnes fatigués moralement et physiquement de si longs post
mais ça me gonfle un peu un si long passage.
ah oui l'âme pushkée en grec qui veut dire Etre humain c'est ce que je lis.......mais poste moins long a t'on idée d'envoyer a des personnes fatigués moralement et physiquement de si longs post
Invité- Invité
Re: Le soin de l'âme
Là t'as fait fort Fred&Ric .... !
En toute amitié.
Ce serait pas le format de poche que tu viens de nous mettre .... ?! (Hé ! j'ai pas lu hein, je te le dis .... !).
En toute amitié.
Ce serait pas le format de poche que tu viens de nous mettre .... ?! (Hé ! j'ai pas lu hein, je te le dis .... !).
Joha- Nombre de messages : 4786
Type troubles : Etoilés & Mutants : depuis toujours. .................................................................................... Trouble de l'humeur réactionnel (en comorbidité), hyperesthésie et sensitivité majeure. .................................................................................. Déficit Attentionnel. ................................................................................... Syndrome d'Asperger (faisant partie des Troubles du Spectre de l'Autisme). ................................................................................... Antécédents de Dépersonnalisation lors de l'enfance et adolescence. ...................................................................................
Date d'inscription : 25/07/2009
Re: Le soin de l'âme
Je suis désolé, Mélody et Joha,
Mais c'est à la demande de Chispa et Ginho que j'ai publié l'introduction du livre.
Je suis d'accord pour dire qu'elle est longue, mais l'auteur a besoin d'un minimum de texte pour pouvoir expliquer sa démarche.
Bonne journée à tou(te)s,
(photo personnelle)
Mais c'est à la demande de Chispa et Ginho que j'ai publié l'introduction du livre.
Je suis d'accord pour dire qu'elle est longue, mais l'auteur a besoin d'un minimum de texte pour pouvoir expliquer sa démarche.
Bonne journée à tou(te)s,
(photo personnelle)
Re: Le soin de l'âme
Oui Oui Fred&Ric , on est d'accord !
Mais on peut rire .... !
Mais on peut rire .... !
Joha- Nombre de messages : 4786
Type troubles : Etoilés & Mutants : depuis toujours. .................................................................................... Trouble de l'humeur réactionnel (en comorbidité), hyperesthésie et sensitivité majeure. .................................................................................. Déficit Attentionnel. ................................................................................... Syndrome d'Asperger (faisant partie des Troubles du Spectre de l'Autisme). ................................................................................... Antécédents de Dépersonnalisation lors de l'enfance et adolescence. ...................................................................................
Date d'inscription : 25/07/2009
Re: Le soin de l'âme
Bien sûr, pas de problème, Joha,
S'était juste ma façon de vous annoncer que ce que j'ai écrit n'était que le 1er des 12 paragraphes que contient l'introduction du livre....!
C'est pour rire....bien sûr....!
Bonne journée,
S'était juste ma façon de vous annoncer que ce que j'ai écrit n'était que le 1er des 12 paragraphes que contient l'introduction du livre....!
C'est pour rire....bien sûr....!
Bonne journée,
Re: Le soin de l'âme
Non Sérieux .... ?!
Joha- Nombre de messages : 4786
Type troubles : Etoilés & Mutants : depuis toujours. .................................................................................... Trouble de l'humeur réactionnel (en comorbidité), hyperesthésie et sensitivité majeure. .................................................................................. Déficit Attentionnel. ................................................................................... Syndrome d'Asperger (faisant partie des Troubles du Spectre de l'Autisme). ................................................................................... Antécédents de Dépersonnalisation lors de l'enfance et adolescence. ...................................................................................
Date d'inscription : 25/07/2009
Re: Le soin de l'âme
Pour de posts plus courts.. pas compliqué tu copie une trentaine de lignes et tu envoies.. puis, tu inventes un autre titre, et tu envoies la suite.. et ainsi de suite.. c'est tout, un exercice de réécriture division pas sujet et invention de titres..
Litérature à la sauce forum..
Et surtout un grand merci, c'est un sacré travail de dactylographie
Litérature à la sauce forum..
Et surtout un grand merci, c'est un sacré travail de dactylographie
Re: Le soin de l'âme
Merci beaucoup Fred&Ric super interessant je vais commander ce livre l'introduction donne bien envie d'en savoir plus il est bourré d'excellentes illustrations ( Marcel ficin , Jung ) et j'aime beaucoup le symbolisme du Mercure en Alchimie par exemple qui "réconcilie le souffre et le sel " comme en kabbale Hébraïque Alef ( Air) réconcilie la lettre de Feu Shin (Feu) et la lettre Mem ( Eau) et quand Jung dit que le voyage commence et finit en Mercure, il faut aussi savoir que Mercure est le Messager des dieux , et que dans l'arbre kabalistique il est le sentier entre le Royaume ( Malkhut) et la Splendeur ( Tipheret - le christ pour la kabbale chrétienne ) donc de l'homme né avec des déséquilibres sur terre à l'homme pleinement réalisé il prends le sentier de Mercure , car c'est le messager des dieux , et que Dieu ( ou les dieux) ne s'adressent à l'homme que par messager ( Ange vient du grec et voulait dire messager) du moins tant que l'homme et la femme ne se sont pas pleinement réalisés .
Mais jung c'est pas la première fois que je constate que c'était vraiment un très grand Homme dans son livre la découverte de l'âme il énonce le principe suivant :
" Lorsque l'un des principes atteint la culmination, le principe contradictoire germe et jaillit de son sein "
Et les taoistes disent la même chose :
Quand l'un arrive à son maximum il commence à décroître tandis que l'autre commence à croître jusqu'à ce qu'il ait atteint son maximum à son tour et que le premier commence à croître
Mais jung c'est pas la première fois que je constate que c'était vraiment un très grand Homme dans son livre la découverte de l'âme il énonce le principe suivant :
" Lorsque l'un des principes atteint la culmination, le principe contradictoire germe et jaillit de son sein "
Et les taoistes disent la même chose :
Quand l'un arrive à son maximum il commence à décroître tandis que l'autre commence à croître jusqu'à ce qu'il ait atteint son maximum à son tour et que le premier commence à croître
Invité- Invité
Re: Le soin de l'âme
c'est de la philosophie.... vraiment je n'y comprend rien trop terre a terre.
il en sort quoi pour nous hein!
les bienfaits a voir et a dire
sinon on ne comprend pas, parler pour ne rien dire mon point de vue sur la philosophie
cela n'engage que moi et sans méchanceté aucune
il en sort quoi pour nous hein!
les bienfaits a voir et a dire
sinon on ne comprend pas, parler pour ne rien dire mon point de vue sur la philosophie
cela n'engage que moi et sans méchanceté aucune
Invité- Invité
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