Relation psychiatre/patient
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Relation psychiatre/patient
Bonjour à tous,
C’est en voyant différents psychiatres à la conférence de jeudi soir que j’ai réfléchi à la relation parfois difficile que l’on peut avoir avec nos soignants.
Souvent lorsqu’on est amené à être pour la première fois confronté à la profession, le choc est rude. En phase maniaque, par exemple, ce sont les psychiatres qui se chargent de nous faire redescendre de nos nuages et c’est également par eux que le diagnostic tombe. Bref, difficile à accepter.
Puis, avec un peu de chance, une alliance patient/soignant peut se mettre en place. Et pour cela, une confiance réciproque. A quoi j’ajouterais, une once d’estime.
Après plus de 10 ans de parcours de bipolaire, je regarde toujours ces professionnels avec une certaine défiance. Plus on avance de la connaissance de la maladie, plus on se rend compte des lacunes de bon nombre de psys, seuls les experts nous paraissent dignes d’intérêt.
Ce que j’ai le plus de mal à tolérer, ce sont les psys qui se pavanent aux conférences avec des airs suffisants, alors que leurs patients sont à quelques mètres dans des états pas franchement glorieux.
Je comprends que l’on puisse nourrir de l’enthousiasme dans l’aventure de nouveaux projets thérapeutiques, mais il faut aussi reconnaître la souffrance de ceux qui restent sur le quai, lorsque le train démarre.
Ainsi, la conférence de jeudi m’a également permis de revoir des membres de l’association que je n’avais pas vu depuis longtemps et il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir, lorsqu’on constate qu’il n’y a pas d’amélioration.
Une personne d’une trentaine d’année qui est complètement zombifiée par son traitement, cela ne devrait pas arriver. Une femme qui ne ressent plus rien et qui se demande si c’est ça la vie, c’est inadmissible…
Ce soir-là, on nous a parlé de la «mad pride». Il y a certainement un sacré chemin à parcourir pour que nos propres soignants changent le regard qu’ils portent sur nous.
Clémentine
C’est en voyant différents psychiatres à la conférence de jeudi soir que j’ai réfléchi à la relation parfois difficile que l’on peut avoir avec nos soignants.
Souvent lorsqu’on est amené à être pour la première fois confronté à la profession, le choc est rude. En phase maniaque, par exemple, ce sont les psychiatres qui se chargent de nous faire redescendre de nos nuages et c’est également par eux que le diagnostic tombe. Bref, difficile à accepter.
Puis, avec un peu de chance, une alliance patient/soignant peut se mettre en place. Et pour cela, une confiance réciproque. A quoi j’ajouterais, une once d’estime.
Après plus de 10 ans de parcours de bipolaire, je regarde toujours ces professionnels avec une certaine défiance. Plus on avance de la connaissance de la maladie, plus on se rend compte des lacunes de bon nombre de psys, seuls les experts nous paraissent dignes d’intérêt.
Ce que j’ai le plus de mal à tolérer, ce sont les psys qui se pavanent aux conférences avec des airs suffisants, alors que leurs patients sont à quelques mètres dans des états pas franchement glorieux.
Je comprends que l’on puisse nourrir de l’enthousiasme dans l’aventure de nouveaux projets thérapeutiques, mais il faut aussi reconnaître la souffrance de ceux qui restent sur le quai, lorsque le train démarre.
Ainsi, la conférence de jeudi m’a également permis de revoir des membres de l’association que je n’avais pas vu depuis longtemps et il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir, lorsqu’on constate qu’il n’y a pas d’amélioration.
Une personne d’une trentaine d’année qui est complètement zombifiée par son traitement, cela ne devrait pas arriver. Une femme qui ne ressent plus rien et qui se demande si c’est ça la vie, c’est inadmissible…
Ce soir-là, on nous a parlé de la «mad pride». Il y a certainement un sacré chemin à parcourir pour que nos propres soignants changent le regard qu’ils portent sur nous.
Clémentine
Invité- Invité
Re: Relation psychiatre/patient
C'est vrai que j'ai peu de considération pour la plupart des psys.
Parmi les exceptions :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kay_Redfield_Jamison
Kay REDFIELD JAMISON a l'énorme avantage de savoir de l'intérieur ce qu'est un trouble bipolaire.
L'approche personnelle de la maladie est cruciale.
Pourquoi devient-on psychiatre ? Quel est le moteur d'une carrière de spécialiste ?
Clémentine
Parmi les exceptions :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kay_Redfield_Jamison
Kay REDFIELD JAMISON a l'énorme avantage de savoir de l'intérieur ce qu'est un trouble bipolaire.
L'approche personnelle de la maladie est cruciale.
Pourquoi devient-on psychiatre ? Quel est le moteur d'une carrière de spécialiste ?
Clémentine
Invité- Invité
Re: Relation psychiatre/patient
J'ai vu deux vidéos de ses interventions en colloque (c'est en anglais bien sûr) où elle raconte son témoignage et je me tâte pour commander son livre.
Pourquoi devenir psychiatre
Pour ta question sur ce qui mène à se spécialiser vers la psychiatrie.. ça serait bien que ce soit des psychiatres qui répondent.. Le mien il m'a déjà raconté (je crois qu'il raconte autant sa vie, que moi la mienne, comme ça on est à égalité!). C'est suite à un stage en tant que jeune médecin. Au Pérou.. Il y a aussi sa grand mère qui était bipolaire.. il savait ce que c'était une bouffée délirante car ça faisait partie de l'histoire familiale (elle n'en a eu qu'une dans sa vie). Hantouche dans le programme que j'ai mis sur le site, (doit être quelque part), il raconte comment il a pu observer sa maman et ses changement d'humeur, car enfant il était plâtré pendant des mois, immobilisé, il avait rien d'autre à faire...
Dans le livre "guérir de son enfance" Jacques Lecomte explique comment dans les milieux thérapeutiques il y a une plus grande prévalence de personnes avec des histoires difficiles (psy, AS, éduc, psychiatres ect).
A mon avis, plus ils pavanent, plus je soupçonnerai qu'ils ont besoin de se distancier de la réalité de la douleur et la déchéance qui les talonne.
Relation soignant soigné
Mais c'est sûr que je n'étais pas prète pour aller à cette conférence.. J'aurais eu difficile en voyant ce que tu décris de ne pas être tentée d'en regarder un droit dans les yeux et de le ramener à sa réalité d'être humain normal (J'ai vraiment un problème avec l'autorité ) Evidemment ça aurait servi à rien du tout, il aurait juste été très fier de sa patience et compréhension envers la pauvre malade que je suis
En plus le problème d'être en même temps soignant et d'amener la mauvaise nouvelle du diagnostic, là c'est sûr que c'est pas simple . Y a dix jours avec mon psychiatre on a réussi tous les deux à mettre des mots dessus.. J'ai su exprimer mes sentiments ambivalents quand j'allais le voir, il a compris "Vous avez envie de voir la personne avec qui vous pouvez dialoguer, mais pas envie de voir le docteur ch..... qui dit que vous avez un trouble bipolaire".
Changement dans le regard des soignants
Un autre problème qui m'a l'air bien clair, c'est que les psychiatres ce sont des docteurs. Ils sont encore sous l'habitude médicale de traiter une maladie et un symptôme, pas une personne.. C'est assez connu, les médecins entre eux on tendance à se dire "alors, ton appendicite, elle évolue bien".. ou "je passe en coup de vent, j'ai une péritonite à opérer".. donc évidemment.. "la manie de l'autre jour, t'a réussi à la contrôler?" et la personne, là, elle disparaît du paysage. Une fois la "manie" sous contrôle.. tout va bien, enfin, pour eux.
Je pense cependant qu'en médecine se dévellope un courant qui favorise l'approche holistique (dans sa totalité) du patient . C'est je crois ce que Jacques appelle le modèle biopsychosocial, j'aime mieux holistique, parce que bio psycho social, ça nous coupe encore en trois morceaux
Pourquoi devenir psychiatre
Pour ta question sur ce qui mène à se spécialiser vers la psychiatrie.. ça serait bien que ce soit des psychiatres qui répondent.. Le mien il m'a déjà raconté (je crois qu'il raconte autant sa vie, que moi la mienne, comme ça on est à égalité!). C'est suite à un stage en tant que jeune médecin. Au Pérou.. Il y a aussi sa grand mère qui était bipolaire.. il savait ce que c'était une bouffée délirante car ça faisait partie de l'histoire familiale (elle n'en a eu qu'une dans sa vie). Hantouche dans le programme que j'ai mis sur le site, (doit être quelque part), il raconte comment il a pu observer sa maman et ses changement d'humeur, car enfant il était plâtré pendant des mois, immobilisé, il avait rien d'autre à faire...
Dans le livre "guérir de son enfance" Jacques Lecomte explique comment dans les milieux thérapeutiques il y a une plus grande prévalence de personnes avec des histoires difficiles (psy, AS, éduc, psychiatres ect).
A mon avis, plus ils pavanent, plus je soupçonnerai qu'ils ont besoin de se distancier de la réalité de la douleur et la déchéance qui les talonne.
Relation soignant soigné
Mais c'est sûr que je n'étais pas prète pour aller à cette conférence.. J'aurais eu difficile en voyant ce que tu décris de ne pas être tentée d'en regarder un droit dans les yeux et de le ramener à sa réalité d'être humain normal (J'ai vraiment un problème avec l'autorité ) Evidemment ça aurait servi à rien du tout, il aurait juste été très fier de sa patience et compréhension envers la pauvre malade que je suis
En plus le problème d'être en même temps soignant et d'amener la mauvaise nouvelle du diagnostic, là c'est sûr que c'est pas simple . Y a dix jours avec mon psychiatre on a réussi tous les deux à mettre des mots dessus.. J'ai su exprimer mes sentiments ambivalents quand j'allais le voir, il a compris "Vous avez envie de voir la personne avec qui vous pouvez dialoguer, mais pas envie de voir le docteur ch..... qui dit que vous avez un trouble bipolaire".
Changement dans le regard des soignants
Un autre problème qui m'a l'air bien clair, c'est que les psychiatres ce sont des docteurs. Ils sont encore sous l'habitude médicale de traiter une maladie et un symptôme, pas une personne.. C'est assez connu, les médecins entre eux on tendance à se dire "alors, ton appendicite, elle évolue bien".. ou "je passe en coup de vent, j'ai une péritonite à opérer".. donc évidemment.. "la manie de l'autre jour, t'a réussi à la contrôler?" et la personne, là, elle disparaît du paysage. Une fois la "manie" sous contrôle.. tout va bien, enfin, pour eux.
Je pense cependant qu'en médecine se dévellope un courant qui favorise l'approche holistique (dans sa totalité) du patient . C'est je crois ce que Jacques appelle le modèle biopsychosocial, j'aime mieux holistique, parce que bio psycho social, ça nous coupe encore en trois morceaux
Allo docteur ici la noiraude!
La relation patient-médecin est fort complexe. Pour ce qui me concerne, je considère mon psychiatre comme une personne intelligente, ayant du métier (c'est pas rien!), des compétences que je n'ai pas (connaissance des molécules et de leurs effets supposés en autres...) mais je sais aussi qu'il se trompe souvent (autant que moi je veux dire) dans l'analyse qu'il fait de la situation (mon état!). Je lui dis toujours que je pense qu'il se trompe quand c'est le cas et il fait de même avec moi, la relation dominant (soignant)-dominé (patient) avec sa hiérarchie implicite ("je suis médecin, je possède le savoir, je sais ce qui est bon pour vous...") étant d'un autre âge à mes yeux.
Mon psy m'a ouvert les yeux sur plusieurs choses fondamentales ("Vous êtes bipolaire et vous souffrez d'un trouble anxieux aigu." - "Vous confondez plaisir et soulagement.") alors que je perdais mon temps et mon argent en psychanalyse.
Il valide quasi systématiquement les changements de traitements (changement de dosage essentiellement) que je propose: je dois être suffisamment convaincante, raisonnable et fournir des arguments qui ont leur effet. De fait, j'ai l'impression de "décider" souvent. C'est bien mais c'est parfois peu sécurisant.
Muriel
Mon psy m'a ouvert les yeux sur plusieurs choses fondamentales ("Vous êtes bipolaire et vous souffrez d'un trouble anxieux aigu." - "Vous confondez plaisir et soulagement.") alors que je perdais mon temps et mon argent en psychanalyse.
Il valide quasi systématiquement les changements de traitements (changement de dosage essentiellement) que je propose: je dois être suffisamment convaincante, raisonnable et fournir des arguments qui ont leur effet. De fait, j'ai l'impression de "décider" souvent. C'est bien mais c'est parfois peu sécurisant.
Muriel
muriel- Nombre de messages : 75
Type troubles : TB II - états mixtes
Emploi / Statut : Emploi stable
Date d'inscription : 31/10/2008
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