Trouble bipolaire — Maniaco-dépression
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La créativité, un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental

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La créativité, un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental Empty La créativité, un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental

Message  Invité Dim 16 Aoû 2009 - 14:40

Pour introduire cet article trouvé sur le net, voici une citation du poète John DRYDEN : "Les grands esprits sont sûrement de proches alliés de la folie, et de minces cloisons les en séparent."


mardi 5 février 2008

La créativité au service de tous les cyclothymiques ?

(...) Pour le Pr. Kahn, épigone des grands spécialistes allemands de la cyclothymie, a écrit dans sa thèse de 1909 : "L'originalité et l'instabilité des écrivains et artistes seraient le reflet d'une cyclothymie constitutionnelle".

En évoquant Musset et Schuman, il parle de "génie cyclothymique". D'après lui, " Chez des natures douées, le déséquilibre de l'humeur moins de gêner l'inspiration semblerait presque en favoriser l'envolée".

Kay Redfield Jamison a raison d'estimer que l'apport positif de la maladie bipolaire réside dans le tempérament artistique, l'imagination et la créativité. Comment serait un monde uniforme? Ennuyeux.

Les Pr. David-Henry Feldman et le psychiatre et psychanalyste Anthony Storr, se sont réfèrés à l’idée que l’adaptation de l’homme au monde est le résultat paradoxal de ne pas être parfaitement ajusté à son environnement, de ne pas être dans un état d’équilibre psychologique. Le bonheur béotien, disent-ils, ne conduit pas à l’invention : la soif de l’imagination, le désir et la recherche du Tout ont pour origine le sentiment que quelque chose manque et de la conscience du caractère incomplet. Cela me semble assez évident pour la créativité artistique.

Csikszentmihalyi et Post rejoignent K.Simonton sur la question primordiale du « contrôle sur les symptômes ».. Au lieu d’être façonné par les événements, ils ont les moyens d’adapter les événements à leurs objectifs. les individus exceptionnellement créatifs allient une « considérable » psychopathologie (en général sans psychose ou trouble mental sévère) avec une force assez marquée de l’ego. Les individus créatifs ont tous en commun une exceptionnelle application, une persévérance et une méticulosité excessives. D’après le Scatter Diagram d’Eysenck, il existe une corrélation entre la haute créativité et un fort ego et un super ego-contrôle ; donc le paradoxe (qui n’est pas en fait un paradoxe) montre que les personnes créatives combinent de manière inusuelle et excessive deux traits normaux de personnalité.

Il faut donc accepter l’idée que la force de l’ego sert, chez le créatif, à contrebalancer la pathologie.

Dans leur livre sur les mécanismes de défense, Vaillant et Ionescu décrivent 29 types de coping (défenses ou de styles de faire face) : l’activisme, l’affiliation, l’affirmation de soi par l’expression des sentiments, l’altruisme, l’anticipation, l’humour, l’intellectualisation, la mise à l’écart, le refuge dans la rêverie, le retournement contre soi-même, le retrait apathique, la sublimation... Nous noterons l’aspect positif de ces stratégies et non négatif comme le pensait Freud.

Bien sûr nous évoquons des cas exceptionnels d’individus cyclothymiques ou avec des traits bipolaires qui ont pu crée malgré la souffrance et la pathologie. Le prix à payer est très souvent exhorbitant et ce don a été considéré avec raison par Anthony Storr comme un « doubtful blessing ».

Cependant il y a des pistes à exploiter comme je l’ai proposé en citant l’exemple d’Erik Eriksson notamment via la « force de l’ego » ou EGO STRENGTH.

Nous devons accepter ce que nous sommes, suivre notre chemin, assumer nos idées et valeurs et affronter les critiques. Vous savez l’importance du travail de Kay Jamison et de Patty Duke (CF mes posts antérieurs). Tout cela dans le respect des autres mais avec détermination. Les cyclothymiques qui commenceront à se comprendre, à s’accepter attireront plus l’attention des autres et surtout s’ils cultivent leur passion avec persévérance.

Certains traits comme la sensibilité, le rêve diurne et l’hyperréactivité pourraient être mieux exploités.

Un milieu adéquat qui respecte la nature complexe du cyclothymique permettrait un plus grand épanouissement de sa sensibilité. C’est ce que Stella Chess appelle le « goodness of fit », l’équilibre est trouvé lorsque « les propriétés de l’environnement et ses attentes sont en accord avec les capacités de l’organisme, ses caractéristiques et un style de comportement ».

Evidemment, une bonne orientation et de bonnes décisions prises dès l’enfance augmentent les chances du « goodness of fit » et la versatilité du cyclothymique représente un veritable obstacle. Mon père a excellé dans le cinéma car il a débuté à l’âge de 14 ans et il a terminé dans son domaine à l’âge de 70. Une perséverance et une concentration dans un milieu qui favorisait son tempérament aussi très fortement cyclothymique. Howard Gardner parle des 10 ans pour maîtriser un domaine et le réformer éventuellement ensuite grâce à la créativité…Et plus on acquiert de la notoriété dans un domaine plus nos « failles » s’estompent (sensibilité au rejet, souci de plaire, estime de soi, dépendance affective ou absence de projection dans le futur).
Ce domaine n’est pas uniquement la profession mais peut être l’amour, l’amitié, un lieu de sociabilité dans lequel on se sent épanoui, respecté, aimé et on l’on puisse communiquer .

Mais pour atteindre ce but, il faut d’abord se connaître, ne pas se mentir et ensuite se respecter.

Colin Martindale dans un article sur les fondements biologiques de la créativité exprime une idée originale sur les niveau d’éveil cortical des individus créatifs. Cet éveil est très variable (low and high arousal) mais il en ressort une idée que je trouve très intéressante à savoir que les créatifs (et cyclothymiques par la même occasion) alternent les périodes de besoin de stimulation (high arousal) où leur corps et cerveau sont sensibles à tous les stimuli et en raison de cette intensité, harassante sur le long terme, ils se replient pour se calmer, rêver, imaginer, créer en utilisant le rêve diurne (withdrawal et low arousal). Après un moment, le besoin de nouveauté revient (novelty craving) et ils se replongent dans le monde… Et ainsi de suite.

Ce sont nos cycles tels que je les percois : Novelty seeking (recherche de la nouveauté) ou hyperthymie et Harm avoidance (evitement du danger) qui serait dans ce cas précis un état mixte fécond qui s’appelle rêve diurne (Daydreaming), fondement neurologique de la créativité grâce à ses associations nouvelles de concepts, idées, mots…

Ces stades ne sont pas aussi tranchés car le cerveau cyclothymique est en perpétuelle pensée divergente comme le soulignait William James.

Beaucoup de ruptures, de démissions, de conflits se produisent car une situation « unipolaire » détruit la richesse « multipolaire » de la constitution cyclothymique.

Il faudrait trouver un emploi stable (évitement du danger) mais également stimulant (recherche de la nouveauté). La même chose pour un partenaire de longue durée : une personne fiable, forte mais aussi intense, non-conformiste.

Tout cela semble théorique mais il n’est pas si difficile de créer une confiance et de susciter en même temps l’attente, le désir pour maintenir une constante stimulation. On ne peut aimer la liberté que lorsque l’on a connu la prison. La santé se savoure quand on a connu la maladie et ainsi de suite…

Colin Martindale et Eysenck ont estimé que la créativité est un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental. En effet, mais ne pas oublier qu’ il y a aussi un contrôle et une canalisation des symptomes (voir supra). Je considère que cette désinhibition contrôlée l’extraversion et la force de l’ego permettent une meilleure acceptation de soi et permet ainsi une utilisation du potentiel créatif de chacun car TOUS les cyclothymiques ont un potentiel qu’ils pourront un jour exploiter en découvrant leur type d’intelligence et le domaine approprié. Tout cela dépasse les notions dépassés et réductrices du QI de Wechsler que H. Garner a raillé avec finesse dans son livre sur les intelligences multiples (traduit en français).


Un ou une cyclothymique quel que soit son degré de pathologie devrait s’inspirer de nos génies cyclothymiques comme Proust qui passait des conversations mondaines à son bureau bien isolé, couvert de liège ! Les deux espaces étaient complémentaires et nécessaires.

Parions qu’il sera possible pour les tempéraments cyclothymique de comprendre leurs cycles, leurs évolutions de l’éveil cortical, leurs humeurs et trouver la parfaite homéostasie ou « goodness of fit » qui leur permettra peut être de se sentir en harmonie avec leur environnement.

La créativité est multiple avec un c minuscule ou majuscule mais elle doit avant tout convenir à l'individu qui la ressent et l'exprime. Elle a une utilité, quelque soit le niveau et quelque soit le domaine (j'ai lu récemment un blog très originale d'une caissière d'un supermarché qui observait tout!).Il s'agit en fait d'une flexibilité, d'une adapation et d'un style de pensée plus qu'une intelligence. Elle libère et parfois peut guérir la personne qui sait la faire fructifier (...)

Bon dimanche,

Clémentine sunny

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Message  chispa Dim 16 Aoû 2009 - 16:16

Merci Clémentine sunny

Mon père a excellé dans le cinéma car il a débuté à l’âge de 14 ans et il a terminé dans son domaine à l’âge de 70. Une perséverance et une concentration dans un milieu qui favorisait son tempérament aussi très fortement cyclothymique.
Cela ressemble à un extrait du livre d'Hantouche et Blain, "La cyclotymie pour le pire et pour le meilleur". G Blain parle dans le livre de son père un cinéaste connu. Ou bien est ce un post sur le net de G Blain lui même qui reprend les arguments qu'il a dévellopé dans le livre?

Le fil conducteur du livre est la créativité chez les cyclothymiques et dans le spectre bipolaire. G Blain est cyclothymique et patient du Dr Hantouche.

En tout cas sur mon CV le fait que je sois créative est mentionné rendeer En espèrant que cette caractéristique intéresse certains employeurs.
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Message  Invité Dim 16 Aoû 2009 - 20:06

L'auteur est Régis BLAIN, qui a également écrit ceci :

23.06.2009
Cyclothymie et psychodiversité. Les traitements en question
Par Régis Blain

La réintroduction du concept de cyclothymie permet un débat sur la définition de la bipolarité, du choix des traitements pharmacologiques ou non et surtout sur la notion de psychodiversité dans une société néo-libérale "productiviste" déshumanisée.

La cyclothymie ?

La cyclothymie (voir définition Wikipédia) a toujours existé, mais elle a été officiellement reconnue par le psychiatre allemand Karl Ludwig Kahlbaum en 1877. Cette "constitution spéciale" – selon les mots de Pierre Kahn dans sa thèse sur la cyclothymie en 1909 - sera reconnue beaucoup plus tard par l'OMS et le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), mais rarement diagnostiquée car confondue avec les troubles de la personnalité (Axe II), avec des dépressions ou simplement de la névrose. Le concept de cyclothymie a été réintroduit par le Pr. Hagop Akiskal aux Etats-Unis en 1977 et en France par le Dr. Elie Hantouche quelques années après.

Etrangement, le terme de cyclothymie en France et en Europe est l’équivalent de "cyclothymia" aux Etats-Unis mais aussi de "Bipolar Spectrum Disorder", terme fourre-tout qui ne simplifie pas la définition, certes subtile et complexe, de la cyclothymie. Cette dernière se manifeste lorsqu'une personne connait un "clash" entre son tempérament et son environnement (Dr. Elie Hantouche). Du fait de son hypersensibilité et de son hyperréactivité, la personne cyclothymique oscille entre déprime ou dépression et exaltation (hyperthymie ou hypomanie), en passant aussi par des moments ou des phases d'irritabilité, de colère (états mixtes). Ces mini-épisodes peuvent être plus moins durables et plus ou moins graves. La cyclothymie peut être potentiellement dangereuse si elle n'est pas bien diagnostiquée et contrôlée.

Du fait de sa complexité, il est extrêmement difficile de savoir où se termine le trouble de la personnalité ou de tempérament et où commence la bipolarité, comme le note justement le Pr. Jules Angst (voir son texte dans le British Journal of Psychiatry (2007), avec toutes les conséquences en matière de diagnostics et de traitements que cela implique.

Que soigne-t-on et comment ?

La question fondamentale qui se pose est la suivante : à partir de quand devient-on malade ?

En 2007, Allan Horwitz et Jerome Wakefield ont écrit un livre très intéressant intitulé "The Loss of Sadness: How Psychiatry Transformed Normal Sorrow into Depressive Disorder", dans lequel ils expliquent que la psychiatrie a médicalisé la tristesse "normale", due à un contexte social ou émotionnel de souffrance (deuil, perte d’emploi…). Pour eux comme pour les épigones d’Hippocrate, il y a toujours une mélancolie "avec cause" et une "sans cause".

La cyclothymie ne m'apparaît pas comme une "fatigue d'être soi" (Ehrenberg) mais comme une difficulté à être soi, à se réaliser. Force est de constater aussi que l'hypersensibilité, l'inconstance, l'impulsivité, la mélancolie deviennent, dans un contexte de valorisation de la performance, des obstacles plus que des atouts. Comme l'avait justement souligné Peter Kramer dans "Listening to Prozac: A Psychiatrist Explores Antidepressant Drugs and the Remaking of the Self", le type romantique "cyclothymique" du René ou du Werther apparaît bien "immature".

L'analyse freudienne, pourtant de moins en moins crédible, permet une réflexion et donne des clefs sur la compréhension de soi et de ses "névroses" sur du long terme, tandis que les TCC et les médicaments permettent une mise en action, une performance nécessaire à l'estime de soi dans l’instant ou dans des délais très brefs.

Ayant eu l’occasion de m’entretenir avec beaucoup de patients et "ex" patients, il me semble qu’en fonction de l’intensité et de la comorbidité du trouble, les thérapies cognitives et comportementales (TCC) donnent de bons résultats, mais ces thérapies sont la plupart du temps accompagnées de médication. Dans de nombreux cas, les TCC sans l’apport de médicaments font tout à fait l’affaire. C’est la thèse défendue par Charles Barber dans son livre incontournable "Confortably Numb: How Psychiatry is Medicating a Nation" (2008). Il cite nos voisins britanniques du National Health Service et leur guide de bonnes pratiques du NICE [National Institute of Clinical Excellence], qui, dans sa grande sagesse, recommande "les antidépresseurs seulement après avoir tenté de modifier le style de vie et essayé une thérapie cognitive" (p. 189).

On peut se demander pendant combien de temps doit-on continuer le traitement, après un épisode dépressif majeur ou un épisode maniaque? Un an? Et après? Peut-on facilement retrouver son autonomie après des mois, voire des années de traitement pharmacologique ? Est-ce que ces médicaments diminuent la capacité de résilience et l’estime de soi du patient ?

Il faut noter avec intérêt que nombreux patients cyclothymiques ou bipolaires sous traitement bien dosé reconnaissent un effet positif des médicaments ("experience based"). Cependant, d’autres patients qui consultent achètent leurs médicaments et refusent de les prendre lorsqu’ils lisent la liste des éventuels effets secondaires.

Malheureusement, beaucoup de médecins généralistes et de psychiatres ont tendance à prescrire des médicaments lors de la première consultation, sans écouter attentivement le patient et sans évaluer sa résilience et sa volonté de surmonter lui-même ces épreuves. La revue Psychologies de septembre 2008 avait publié une enquête fort intéressante mettant en scène une journaliste "malade" qui faisait la tournée d’un certain nombre de généralistes et se faisait prescrire assez facilement des anxiolytiques et antidépresseurs. Peut-être qu’il s’agit tout simplement d’un rejet en bloc de l’idée de souffrance psychique quelle qu’elle soit, qu’elle ait un sens ou pas ?

Lorsque je lis certains manuels ou articles d'experts qui recommandent un traitement prophylactique sur le long cours, je reste dubitatif. D'abord, il n'y a que peu d'études scientifiques ("evidence based") qui prouvent l'efficacité des anti-convulsivants ou du lithium pour les cyclothymiques (Bipolaires II, 5) ainsi que pour les Bipolaires II. Il s’agit de : "Pharmacotherapy of bipolar II disorder: a critical review of current evidence." (Pharmacothérapie du trouble bipolaire II : une revue critique des preuves actuelles), et surtout de cette étude de 2007 de la Case Western University à Cleveland : "Double-blind, placebo-controlled trial of divalproex monotherapy in the treatment of symptomatic youth at high risk for developing bipolar disorder" (Essais contrôlés en double aveugle contre placebo avec le divalproex pour le traitement des jeunes à haut risque de développer le trouble bipolaire).

A ce jour, il n'existe pas de "guideline" (recommandations) précis concernant les troubles bipolaires atténués ou la cyclothymie. Bien sûr, pour certains médecins comme pour de nombreux laboratoires, mieux vaut diffuser largement l'idée que le traitement au long cours "stabilise l'humeur". Ce terme de "stabilisateur de l'humeur" a été critiqué par David Healy : il y consacre d'ailleurs un chapitre très instructif dans son livre "Mania: A Short Story of Bipolar Disorder" (2008, p.161).

Cependant, je ne suis pas toujours d'accord avec lui sur la tendance à sur-diagnostiquer la bipolarité, car je pense qu'une personne qui consulte souffre. Sinon pourquoi le ferait-elle? La question éthique et médicale que nous devons nous poser est plutôt : Que soignons-nous? Pourquoi? Comment? Et surtout pour combien de temps?

Alors que des milliers de lits sont nécessaires dans les hôpitaux psychiatriques français, de trop nombreux laboratoires et médecins concentrent leurs recherches et stratégies de marketing pour "soulager" des patients certes en souffrance (déprime, "névrose", cyclothymie) mais dont la gravité de la maladie n’a pas de commune mesure avec les patients maniaco-dépressifs et schizophrènes. Il est bien sûr plus rentable de proposer des molécules de la dernière génération, des thérapies coûteuses à des patients prêts à croire et à payer le prix fort au lieu de financer des établissements de santé publics fréquentés par des patients avec peu ou sans ressources financières (notamment beaucoup de SDF souffrant de troubles psychiques).

Alors que la classe politique, les entreprises et tout le monde évoquent le développement durable ("green washing" ou pas), il serait temps que la médecine, et la psychiatrie en particulier, deviennent plus "durables" en soignant quand il le faut, ni plus, ni moins.

Rendre son humanité au patient

Ce concept de la "bonne humeur" ou de l’"humeur stable" renvoie au "Meilleur des Mondes" et peut sembler très dangereux car, comme l'ont mis en exergue l'anthropologue Emiliy Martin dans "Bipolar Expeditions: Mania and Depression in American Culture" (2009) ou la militante féministe Kate Millet dans "The Loony-Bin Trip" (1990), les émotions, voire les humeurs d’un individu ne se réduisent pas aux descriptions froides et médicales des symptômes telles qu’on les retrouve dans le DSM IV. Il y a des expériences, des mots, une richesse des émotions dont certaines sont certes imprévisibles, mais que l'on doit garder malgré les risques de dérapages, si ces derniers ne portent pas trop préjudice à la santé de la personne ou à celle de son entourage.

Le rôle du médecin reste central ; il prête le serment d’Hippocrate contrairement au responsable marketing du laboratoire X ou Y. Mais les pressions exercées par l’opinion et par les patients eux-mêmes - qui souhaitent un "quick fix", une solution rapide, précise et sans trop d’effort à accomplir - sont à elles aussi prendre en compte, puisque in fine le patient s’apparente de plus en plus un client. Un patient-client pourra toujours demander la molécule voulue à un autre médecin, si on la lui refuse.

Le livre "La cyclothymie, pour le pire et pour le meilleur" (Robert Laffont, 2008), co-écrit avec Elie Hantouche et portant sur le lien entre bipolarité et créativité, symbolisait à mes yeux une recherche personnelle sur ma famille, mon tempérament et la créativité artistique de mon père, le cinéaste Gérard Blain. Mon objectif était aussi, comme Kay Jamison, de déstigmatiser la bipolarité en démontrant qu’elle ne se limitait pas à un trouble. En novembre 2007, j’ai créé mon blog "Cyclothymie et vérité". Et l’année d’après, estimant que les patients ne communiquaient que par emails ou en discussions sur les forums, j’ai lancé le projet du groupe de réflexion sur la cyclothymie avec une quinzaine de personnes : le Philadelphia Project. Nous avons surtout créé un espace de liberté dans lequel chacun pouvait exprimer toutes ses émotions, poser des questions sur la cyclothymie, les traitements, les expériences vécues. L’aspect solidaire et d’entraide a été plutôt un échec, car certaines personnes ne venaient plus aux réunions quand elles allaient mieux ou quand au contraire elles souffraient trop.

Ayant retravaillé bénévolement comme "ex-patient devenu expert" avec le Docteur Elie Hantouche et les psychologues de son centre, le CTAH, je me suis rendu compte que le self-management, les TCC offraient de beaux outils, mais qu’il fallait encore aller plus loin vers l’acceptation de soi à travers la "bonne" cyclothymie, celle qui s’efforce d’être plus morale, empathique et créative pour le bien de l’individu, mais aussi de la communauté.

J'ai voulu incarner cette "confiance humaniste" dans mon blog "Cyclothymie et vérité" et surtout dans le nouveau blog des cyclothymiques que j'ai nommé : "J'aime ma cyclothymie parce que…" Les internautes sont invités à la décrire sur le mur de la cyclothymie qui n’est pas - ou plus - celui des lamentations. C'est un mantra, une obsession : tout n'est pas négatif dans la cyclothymie, car elle est sensible, imparfaite, intense et mélancolique, bref, humaine dans sa belle imperfection et son expression parfois excessive et intense. Le mot clé, la pierre angulaire de notre démarche est celle de psycho-diversité. Voulons-nous d’une société uniforme, lisse [et] sans aspérités dans laquelle tout est au service de la "bienpensance", de la productivité et de la "norme" ?

Roberto Benigni a trouvé le titre de son film "La vie est belle" en pensant à Trotsky et ce qu’il avait enduré. Ce dernier avait écrit en regardant sa femme dans le jardin alors qu’il attendait les tueurs à gages de Staline : malgré tout, la vie est belle et digne d’être vécue (entretien avec Roberto Benigni dans Télérama du 10/1998). Il n'y pas que les grands artistes ou génies créatifs qui peuvent jouir de leur cerveau bipolaire ou cyclothymique, les personnes cataloguées comme "patients" et même malades le peuvent également. Franck Wheeler s’écrie dans le roman "Revolutionary Road" : "Mon Dieu, est-ce que les artistes et les écrivains sont les seules personnes ayant le droit de vivre comme ils le veulent ?"

La réponse viendra des patients eux-mêmes qui devront à un moment ou un autre quitter le champ sémantique de la pathologie, du médical et du psychologique pour réfléchir peut-être en termes de philosophie, de littérature ou d’environnement social. Et peut-être que les Werther, René et Hamlet ne sont pas des personnages si immatures et si dépassés que cela ?

Bonne soirée,

Clémentine sunny

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Message  chispa Lun 7 Déc 2009 - 23:04

Comme j'ai un copain historien de l'art, je cherchais le nom de peintres bipolaires et je suis tombée sur ce site.. qui semble super intéressant

En voici un extrait, au sujet du trouble bipolaire

les « décideurs » et « créatifs » sont 10 à 20 fois plus touchés que la population moyenne

Arrow bipolentreprises

Bien sûr il y a de l'Hantouche la dedans, mais je trouve la démarche positive. Témoignages de réussites professionelles malgré et grâce au côté créatif du trouble bipolaire.. sunny
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Message  Invité Mar 8 Déc 2009 - 8:36

Malheureusement, beaucoup de médecins généralistes et de psychiatres ont tendance à prescrire des médicaments lors de la première consultation, sans écouter attentivement le patient et sans évaluer sa résilience et sa volonté de surmonter lui-même ces épreuves. La revue Psychologies de septembre 2008

je ne suis plus créative alors qu'avant la séparation je faisais du piano j'étais trés douée
puis la gym douce j'aillais en faire tout le temps sans être fatigué je broder de si jolies choses et la natation

mon rêve et brisée je ne suis plus créative maintenant je ne lis plus
faut dire que j'en aie dévorer des livre mais là je ne peux plus.

je suis inerte, sans but, si soigner mes animaux prendre soi de moi!! la télé et ma créativité mes ongles bien fait créativité mais non je ne me voile plus la face tant que cet ex sera en vit
je ne souhaite pas sa mort ah non.
mais je dis qu'il met un frein maintenant séparation OBLIGE

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La créativité, un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental Empty la puissance du cerveau humain

Message  Invité Mar 8 Déc 2009 - 12:28

merci clémentine c`est vrai que beaucoup de bipolaire ont une créativité pousser durant leur phase up mais des qu`ils sont sous médication comme par hasard cette créativité disparaît je me suis toujours pose cette question pourquoi je pense que le cerveau est détournée de son objective premier comme les bébés le fonts et qu`il deviens plus restreint

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La créativité, un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental Empty Re: La créativité, un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental

Message  chispa Mar 8 Déc 2009 - 12:34

Il y a des médecins qui essayent de préserver la créativité...
J'ai lu dans l'une des études citées par Régis Blain, que certains artistes bipolaires, trouvaient que le traitement les aidaient dans leur créativité, d'autres non, pensaient qu'il l'enrayait.
En tout cas ,dans mon cas.. Seroquel, égal diminution notoire de mes capacités intellectuelles pour mes cours à l'unif.
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Message  klod Mer 9 Déc 2009 - 19:03

Trouver le sens de son désir , profond et authentique, s"accepter comme unique et donc , quelque part seul au monde, orphelin comme l'est une maladie orpheline , sans parent c'est je crois; ce sur quoi Nietsche a écrit toute sa vie ; l'objectif de toute cure psychanalytique (cf Gilles Deleuze à ce propos)
danse danse danse
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Message  chispa Mer 9 Déc 2009 - 21:19

Le seul problème de la thérapie psychanalitique, c'est que elle a été testée avec groupe test (personnes allant mal sans thérapie, versus personnes allant mal avec thérapie) et il n'y a pas plus d'amélioration avec psychanalyse que sans psychanalyse..
Et paraît que c'est pas vraiment utile pour les bipos non plus.. maintenant si toi ça t'aide..

Nietze ça l'a pas empêché de se suicider.. drunken

(c'est rien Klod, je râle sur mon psy, qui est probablement fort influencé psychanalyse, et qui m'a sorti qu'il ne lisait pas toutes les lettres que j'ai envoyé.. je suis supposée écrire pour moi même Rolling Eyes )
Parlant de créativité, il a dit que je pouvais les publier sous le titre "lettres à mon psychiatre", entre temps j'y ai réfléchi.. beaucoup plus parlant:
"Lettres à mon psychiatre qui les lisait pas"
Ou l'infrachissable abîme entre Rogers et Freud...
albino
A part ça, je suis vraiment contente que tu as décidé de rester parmi nous, malgré toutes tes bonnes raisons de nous quitter sunny
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Message  sweetdy Lun 21 Déc 2009 - 20:28

chispa a écrit:Il y a des médecins qui essayent de préserver la créativité...
J'ai lu dans l'une des études citées par Régis Blain, que certains artistes bipolaires, trouvaient que le traitement les aidaient dans leur créativité, d'autres non, pensaient qu'il l'enrayait.
En tout cas ,dans mon cas.. Seroquel, égal diminution notoire de mes capacités intellectuelles pour mes cours à l'unif.

Hello

Lorsque j'ai été diagnostiquée, d'abord bipolaire 2, on m'a donné un traitement de bipolaires 2. Donc, comme je suis cyclothymique, il ne m'allait pas. Je me suis donc enfoncée pendant 2 ans dans des dépressions successives. J'ai crée en tout et pour tout 8 illustrations en 2 ans.
Après un nouveau diagnostique, cyclothymie, mon traitement a changé. Aujourd'hui, je produis plutôt 8 illustrations par trimestre et j'écris à côté et je bricole et je compose de la musique.

Alors, personnellement, je reste assez froide devant des études comme celles citées par Régis Blain : les patients avaient-ils un traitement bien adapté à leur type de bipolarité, à la force de leur bipolarité et tutti quanti ? Bien sûr, cette information n'apparait jamais nulle part. On dit "patient stabilisé" mais mon premier psy me trouvait bien stabilisée...
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La créativité, un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental Empty Re: La créativité, un syndrome de désinhibition cognitif et comportemental

Message  sweetdy Lun 21 Déc 2009 - 20:37

hello

Soigner la cyclothymie sans médicament ? Oui, c'est tout à fait possible. Mais tous les cyclothymiques ne sont pas égaux face à cette politique.
Certes, des TCC peuvent aider à concevoir le monde autrement, la philosophie, que Régis Blain semble beaucoup pratiquer à bon essiens, sont des outils majeurs mais pas accessibles à tout le monde. Ne serait-ce qu'à cause de problèmes géographiques, financiers aussi.
Et le courage.
J'ai fait une TCC sur les TOCS, cela m'a profondément changée. En bien, c'est certain. Mais ai-je envie de changer plus ? De perdre ce qui a fait ma personnalité jusqu'à présent ? Cette question reste majeure.
Oui, j'adorerais pouvoir dire à quelqu'un qu'il m'énerve de manière acceptable, comme tout le monde sait le faire. Mais sans cette absence de contrôle, que va devenir ma créativité ?

C'est là qu'est la question. A quel point soigner sa cyclothymie sans médicament, et donc au-delà d'une simple hygiène de vie, affecte la créativité ?

Ma créativité est ma vie. Mes deux années de dépression sans jamais rien créer de bon furent deux années de grande frustration et donc de désespoir. Aujourd'hui encore, lorsque mes downs durent (je ne crée pas en down, enfin que des choses très particulières et peu nombreuses), donc lorsqu'ils durent, je fulmine, j'enrage et .... je m'ENNUIE !
Perdre ne serait-ce qu'une partie de cela, cela me terrifie.
sweetdy
sweetdy

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